« Comment pourrais-je encore défendre la République si je ferme les yeux devant un parti qui, selon moi, laisse la religion s’infiltrer dans ses rangs ? »
Un silence rompu par un éclat
Le 3 octobre 2025, Le Point publie un article qui fait l’effet d’un coup de tonnerre : Cédric Brun, conseiller régional des Hauts-de-France élu sous l’étiquette La France Insoumise, annonce son départ du mouvement. La raison invoquée est claire, nette, tranchante comme une lame : « La religion doit rester dans la sphère privée. »
Pour cet ancien représentant syndical de PSA, issu du Parti communiste français avant de rejoindre Jean-Luc Mélenchon en 2017, il n’était plus possible de continuer l’aventure politique au sein d’un mouvement qui, selon lui, avait franchi une ligne rouge.
L’élu qui ne transige pas avec la laïcité
Cédric Brun se décrit lui-même comme profondément attaché à la laïcité. Dans son esprit, la République repose sur un principe intangible : La religion n’a pas à interférer avec la vie politique. Or, depuis plusieurs mois, il observait, inquiet, ce qu’il considère comme une stratégie d’infiltration religieuse au sein de LFI.
Il cite des noms. Parmi eux, Soufiane Iquioussen, fils du prédicateur Hassan Iquioussen expulsé vers le Maroc en 2023. Pour Brun, la montée en influence de ce jeune militant dans le Denaisis illustre un problème profond. Il évoque également Youssouf Feddal, présenté comme proche de la mouvance islamiste, et la présence de ces profils lors de réunions publiques de LFI.
À ses yeux, c’est la preuve qu’une partie du mouvement ferme volontairement les yeux, au risque de trahir ses propres idéaux républicains.
Le poids des mots et des silences
L’élu n’a pas pris sa décision sur un coup de tête. Pendant des semaines, il dit avoir tenté d’alerter en interne. Il écrit à Manuel Bompard et à Paul Vannier, deux figures du mouvement, espérant être entendu. Mais selon lui, ses alertes sont restées lettre morte.
Alors, il choisit le silence. Puis, un jour, il choisit l’éclat. Il claque la porte de LFI en public, sans retour possible.
Une fracture ancienne, un malaise profond
Le départ de Cédric Brun n’est pas un cas isolé. Déjà en 2023, Julien Poix, figure de LFI dans la Somme, avait pris la même décision. Il dénonçait alors une absence de démocratie interne et un parti devenu “complètement fou”.
Mais la rupture de Cédric Brun va plus loin. Elle ne met pas seulement en cause la gouvernance ou les querelles de pouvoir. Elle touche au cœur idéologique du mouvement : La conception de la laïcité et la place de la religion dans l’espace public.
Les mots qui font trembler LFI
Dans son communiqué, Brun est catégorique :
- « Je ne veux pas faire de politique avec des profils non-républicains. »
- « La religion doit rester dans la sphère privée. »
Ces phrases résonnent comme un avertissement. Elles soulignent une fracture grandissante entre ceux qui considèrent LFI comme un rempart progressiste ouvert à toutes les sensibilités, et ceux qui y voient une dérive inquiétante vers un compromis idéologique avec des mouvances religieuses.
Après LFI, quelle route pour Cédric Brun ?
Malgré sa démission, Cédric Brun ne quitte pas la vie publique. Il continuera à siéger au conseil régional au sein du groupe Pour le climat, Pour l’emploi, aux côtés des écologistes. Une manière pour lui de rester fidèle à son engagement militant tout en tirant un trait sur un parti qu’il juge désormais incompatible avec ses valeurs laïques.
Une affaire qui dépasse un seul homme
Le cas de Cédric Brun soulève une question plus vaste : La laïcité est-elle encore un socle partagé par tous les partis de gauche ? La fracture entre militants, cadres et élus semble s’élargir. Pour certains, l’inclusion de toutes les sensibilités est une force. Pour d’autres, c’est une faiblesse qui risque d’ouvrir la porte à des influences contraires à l’esprit républicain.
La démission de Brun met en lumière ces contradictions. Elle révèle aussi l’incapacité du mouvement à apaiser ses propres tensions internes.
Une alerte pour toute la gauche
L’affaire relatée par Le Point dépasse le cadre régional. Elle rappelle que la gauche française est traversée de débats brûlants sur la laïcité, l’universalisme et la place des religions dans la société.
En claquant la porte de LFI, Cédric Brun envoie un message fort : La laïcité ne se négocie pas. Son départ est plus qu’un geste individuel : Il est le symptôme d’un malaise profond qui pourrait bien marquer l’avenir du mouvement Insoumis.