Nathalie : Est-ce que la suppression de l’ASS, annoncée par Gabriel Attal, est finalement confirmée ou abandonnée ? Que va-t-il advenir des droits des chômeurs en fin de droit ?
La suppression de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), annoncée par Gabriel Attal lorsqu’il était Premier Ministre, a été récemment abandonnée. La Ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a confirmé le maintien de cette aide cruciale pour de nombreux chômeurs en fin de droit, offrant ainsi un soulagement aux allocataires concernés. Cette mesure était au cœur d’une réforme de l’assurance chômage qui, elle aussi, ne verra pas le jour.
Une décision très attendue pour les chômeurs en fin de droit
Depuis l’annonce initiale de Gabriel Attal visant à supprimer l’ASS et à basculer ses bénéficiaires vers le Revenu de Solidarité Active (RSA), une grande incertitude planait sur le sort des chômeurs en fin de droit. Cette allocation, d’un montant de 19,01€ par jour, est destinée aux personnes ayant épuisé leurs droits à l’aide au retour à l’emploi (ARE) et répond donc à une situation d’urgence pour les chômeurs en difficulté.
En juin dernier, l’ancienne Ministre du Travail Catherine Vautrin avait annoncé que la suppression de l’ASS n’était plus à l’ordre du jour, sans préciser si cela impliquait un abandon définitif. Les allocataires concernés et les associations de lutte contre la pauvreté restaient ainsi dans l’attente d’une décision ferme.
C’est finalement Astrid Panosyan-Bouvet, actuelle Ministre du Travail, qui a enterré cette mesure en confirmant que l’ASS ne serait pas supprimée. Une nouvelle confirmée dans une interview accordée à Ouest France le 4 octobre dernier.
Pourquoi l’ASS est une aide essentielle ?
L’Allocation de solidarité spécifique est un soutien financier destiné aux demandeurs d’emploi qui se retrouvent sans ressource après avoir épuisé leurs droits au chômage classique. Ce dispositif vise spécifiquement les chômeurs dits « en fin de droit », et l’importance de cette aide est indéniable. En effet, la moitié des allocataires de l’ASS vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté, ce qui souligne le rôle de cet appui financier pour les personnes les plus précaires du marché du travail.
Outre le soutien financier, l’ASS offre également une certaine stabilité pour les bénéficiaires âgés de plus de 50 ans, une catégorie souvent confrontée à des difficultés d’insertion professionnelle. Sans cette aide, ils auraient été contraints de basculer vers le RSA, ce qui aurait eu des conséquences importantes pour leurs droits à la retraite et leur pouvoir d’achat.
Un choix politique qui reflète les priorités du gouvernement pour l’emploi des seniors
Dans son interview, Astrid Panosyan-Bouvet a expliqué pourquoi cette allocation devait être maintenue. Selon elle, il était prioritaire de prendre en compte la situation des allocataires de l’ASS, dont une grande partie est âgée de plus de 50 ans. Leur inclusion dans les politiques d’emploi est d’ailleurs l’un des axes principaux de l’action du Ministère du Travail. Elle a souligné que l’ASS ne ferait plus partie des discussions budgétaires, ce qui garantit sa pérennité pour les années à venir.
Le maintien de l’ASS s’inscrit dans une volonté d’assurer une certaine continuité dans le soutien des publics les plus vulnérables, notamment les seniors. La Ministre a fait de l’emploi des seniors une priorité, et cette décision de conserver l’ASS témoigne de cette orientation. En optant pour un maintien de cette allocation, le gouvernement affirme donc son engagement en faveur de la protection des droits sociaux des demandeurs d’emploi âgés, une partie de la population souvent fragilisée.
Les impacts budgétaires de la décision
Pour 2024, le gouvernement a prévu un budget de 1,65 milliard d’euros pour l’allocation de solidarité spécifique, qui devrait toucher environ 245 985 allocataires en moyenne annuelle. Ce chiffre représente une baisse d’environ 12% par rapport à 2023, une tendance attribuable en partie à une amélioration des conditions d’emploi dans certaines régions et secteurs d’activité.
Cependant, il est important de noter que le montant de cette aide, bien qu’indispensable, reste relativement modeste comparé à d’autres dispositifs sociaux. Avec une allocation quotidienne de 19,01€ (9,51€ pour les résidents de Mayotte), l’ASS offre un soutien minimum, mais vital, pour les personnes concernées. Ce budget alloué permettra donc de maintenir une protection sociale tout en limitant les dépenses publiques, conformément aux priorités budgétaires du gouvernement actuel.
Les réactions des associations et des allocataires
Le maintien de l’ASS a été accueilli favorablement par les associations de lutte contre la pauvreté, pour qui cette aide représente une avancée sociale importante. Les associations avaient d’ailleurs fait pression pour que l’ASS soit préservée, arguant que la suppression de cette allocation aurait accentué la précarité des demandeurs d’emploi, en particulier des seniors.
Pour les bénéficiaires, la nouvelle a été synonyme de soulagement. En effet, basculer vers le RSA aurait eu des répercussions sur leur situation financière, mais également sur leurs droits à la retraite, car le RSA ne permet pas de cumuler des trimestres de cotisation pour la retraite comme l’ASS.
En quoi le maintien de l’ASS représente-t-il une victoire sociale ?
La décision de maintenir l’ASS symbolise une volonté du gouvernement de préserver un filet de sécurité pour les demandeurs d’emploi en fin de droit, et en particulier les plus de 50 ans, souvent confrontés à des discriminations à l’embauche ou à des reconversions difficiles. Le maintien de cette allocation traduit aussi un soutien aux travailleurs âgés dans un contexte de marché de l’emploi complexe, où la compétition est forte et les opportunités, parfois limitées pour cette catégorie d’âge.
Ce choix s’aligne également avec une politique sociale plus large, axée sur la protection des plus vulnérables et sur la lutte contre la précarité. En gardant l’ASS, le gouvernement montre son attachement à une forme de justice sociale et à un accompagnement ciblé de ceux qui se retrouvent en difficulté à un âge où les opportunités de reconversion sont plus limitées.
Un avenir plus rassurant pour les allocataires de l’ASS
Le maintien de l’Allocation de solidarité spécifique est une véritable bouffée d’air frais pour les demandeurs d’emploi en fin de droit. Cette aide, qui sera désormais exclue des discussions budgétaires, représente une sécurité essentielle pour les allocataires, en particulier les plus de 50 ans, qui font face à des défis spécifiques sur le marché du travail. Le gouvernement, en prenant cette décision, réaffirme son engagement en faveur des plus fragiles et se montre sensible aux problématiques des chômeurs en situation de précarité.
L’ASS continuera donc de jouer son rôle de soutien pour les demandeurs d’emploi en fin de droit, assurant ainsi une certaine stabilité à une partie de la population souvent laissée en marge des priorités économiques. Pour ces allocataires, la décision d’Astrid Panosyan-Bouvet est une victoire, et pour le gouvernement, elle est l’occasion de démontrer une approche plus humaine et inclusive des politiques de l’emploi et de la solidarité.