France : Le marché de la cocaïne dépasse désormais celui du cannabis
Nouveau renversement historique en France : Pour la première fois, la consommation de cocaïne génère plus de chiffre d’affaires que le cannabis, selon un rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
Le paysage des drogues illicites en France connaît un bouleversement majeur : Pour la première fois, la cocaïne génère plus de chiffre d’affaires que le cannabis. Cette bascule historique est issue d’un rapport couvrant la période 2010–2023 et révèle une transformation profonde du trafic, de la consommation et des habitudes des usagers.
Pendant des années, le cannabis occupait la première place dans l’économie de la drogue en France. Mais désormais, la cocaïne s’impose comme la substance la plus lucrative, atteignant un marché estimé à 3,1 milliards d’euros en 2023, contre 2,7 milliards pour le cannabis. Si ce dernier domine toujours en quantité physique écoulée chaque année, l’écart se creuse sur la valeur et la rentabilité.
Malgré près de 400 tonnes de cannabis vendues en 2023, la cocaïne — avec environ 47 tonnes — génère davantage de profits. Plusieurs facteurs expliquent ce basculement : Une forte augmentation de la pureté, une baisse relative des prix, une disponibilité accrue sur tout le territoire, mais aussi une diversification des circuits de distribution, entre rue, applications chiffrées et livraison à domicile.
Le marché de la cocaïne a littéralement explosé en treize ans : +244 % de croissance. Il a tout simplement triplé. Cette progression spectaculaire traduit un changement d’image, de consommation et d’accès, mais aussi l’efficacité croissante des routes d’importation, notamment via les ports européens et les grands axes logistiques.

Aujourd’hui, la cocaïne et le cannabis représentent plus de 90 % de l’ensemble du marché français des drogues illicites. Parallèlement, les psychostimulants — comme l’ecstasy ou les amphétamines — progressent aussi fortement, entraînant un élargissement et une structuration inédite du marché clandestin. Les autorités observent une multiplication des acteurs, une segmentation plus fine de l’offre et une adaptation rapide aux contrôles.
Ce renversement interroge autant qu’il inquiète. La cocaïne, longtemps perçue comme une drogue de niche, s’est banalisée. Sa disponibilité, sa qualité et sa rentabilité renforcent le pouvoir économique des réseaux criminels. Ce dynamisme alimente des risques accrus : Violences liées au trafic, corruption, blanchiment massif de capitaux et emprise territoriale des organisations.
Pour les autorités sanitaires, cette mutation pose aussi un défi. La hausse de la consommation entraîne une augmentation des risques addictifs, des complications cardiovasculaires et des épisodes de dépendance sévère. L’évolution rapide du marché impose d’adapter en urgence les stratégies de prévention et de réduction des risques.
Le dépassement du cannabis par la cocaïne n’est pas qu’un fait statistique. C’est le signe d’une transformation profonde du rapport des Français aux drogues, d’une évolution du crime organisé et d’une mutation du marché clandestin. Une révolution silencieuse, mais lourde de conséquences pour l’avenir.
