« Lauriane, que feriez-vous si, chaque jour, des dizaines de colis Amazon s’empilaient devant votre porte… sans que vous n’en ayez jamais commandé un seul ? Vous penseriez d’abord à une erreur, n’est-ce pas ? Mais si cela durait des mois, jusqu’à envahir votre vie ? »
Il y a des cauchemars que l’on n’ose même pas imaginer. Des tracas si absurdes qu’ils paraîtraient presque comiques… s’ils ne ruinaient pas la tranquillité de ceux qui les vivent. C’est pourtant bien ce qui est arrivé à une femme de Californie, dont la paisible routine a été bouleversée par un phénomène étrange et répétitif : La réception quotidienne de colis Amazon qu’elle n’avait jamais commandés.
Cette histoire, bien réelle, a commencé discrètement, presque innocemment. Un petit colis un jour, puis deux le lendemain. Le genre de détails qu’on oublie ou qu’on met sur le compte d’une erreur de livraison. Sauf que les jours passent… et les boîtes s’accumulent.
Quand une simple boîte devient une avalanche
Elle s’appelle Maribel Estremera et vit à Cerritos, une banlieue tranquille située dans le comté de Los Angeles. Âgée de 51 ans, cette Américaine mène une vie simple. Mais depuis avril 2024, sa maison est devenue le théâtre d’un déferlement de colis Amazon non sollicités, livrés en son nom, sans qu’elle n’en ait demandé un seul. « Au début, je croyais à une erreur. Puis j’ai pensé que quelqu’un utilisait mon compte. Mais non, rien ne correspondait… et ça ne s’arrêtait pas », a-t-elle confié, désemparée.
Jour après jour, les camions Amazon déversaient devant chez elle leur cargaison de gadgets électroniques — chargeurs, coques de téléphones, lampes LED, accessoires inutiles — parfois livrés par dizaines. À l’intérieur, des noms parfois faux, parfois similaires au sien. Mais toujours son adresse.
Une machination complexe venue de Chine
Les autorités américaines, intriguées, ont fini par remonter la piste. Et ce qu’elles ont découvert donne froid dans le dos : Une entreprise chinoise, spécialisée dans la vente en ligne via Amazon, utilisait une technique bien connue des spécialistes du e-commerce frauduleux : Le “brushing”.
Le principe est simple, mais redoutable : Pour améliorer la visibilité de leurs produits sur Amazon, certains vendeurs créent de faux comptes clients, expédient de vrais produits à des adresses réelles (comme celle de Maribel), puis laissent de fausses évaluations positives sur leurs propres articles. Amazon, croyant à une vente réussie et à un client satisfait, améliore le référencement du vendeur.
Mais à force d’utiliser la même adresse comme point de chute… la supercherie finit par se voir.
Une avalanche quotidienne devenue harcèlement
« Je ne peux même plus ouvrir ma boîte aux lettres, elle déborde. Et mon porche est devenu une sorte de dépôt Amazon. C’est étouffant. »
Les voisins s’en étonnent. Le facteur s’inquiète. Les services d’Amazon sont prévenus. Mais la situation continue, jour après jour, inexorablement. Une livraison. Deux. Huit. Quinze.
En juillet 2025, Maribel a déjà reçu plus de 80 colis non commandés.
« C’est du harcèlement. Je ne dors plus la nuit. J’ai peur de ce qu’il y aura devant chez moi au réveil. »
Une enquête ouverte, Amazon sous pression
Alerté, Amazon tente de désamorcer le scandale. Le géant du e-commerce déclare avoir ouvert une enquête interne pour déterminer l’origine exacte des paquets et les vendeurs impliqués. Mais ce type d’escroquerie, bien que connu depuis plusieurs années, semble difficile à enrayer. Les vendeurs indélicats utilisent des intermédiaires logistiques, des adresses temporaires et des faux profils pour masquer leur traçabilité.
Le plus choquant dans cette affaire : Maribel ne peut pas refuser ces colis. Aux États-Unis, comme en France, il n’existe pas de procédure claire pour refuser une avalanche de paquets non sollicités. Et l’absurdité juridique est telle qu’elle ne peut même pas poursuivre l’entreprise chinoise, dont l’adresse est introuvable.
Ce que cette affaire révèle du commerce mondial
Ce que vit Maribel n’est pas un cas isolé. D’autres signalements ont été faits en Europe, au Canada, et dans certaines grandes villes américaines. Mais le cas de Cerritos est sans doute le plus emblématique de ces derniers mois. Il soulève des questions profondes :
- Pourquoi Amazon ne filtre-t-il pas mieux ses vendeurs ?
- Comment une entreprise peut-elle impunément utiliser l’adresse d’un particulier sans son autorisation ?
- Et surtout, combien de victimes ignorent encore qu’elles sont prises dans cette même spirale ?
Vers une future législation anti-colis fantômes ?
Le Congrès américain s’est saisi de l’affaire. Des élus réclament un renforcement des contrôles sur les vendeurs étrangers, notamment chinois, actifs sur Amazon. D’autres demandent à ce que toute personne puisse refuser — sans procédure compliquée — tout colis qu’elle n’a pas expressément commandé.
Mais en attendant, Maribel continue de recevoir ses paquets. Et dans cette Amérique ultra-connectée, cette mère de famille devient malgré elle le symbole d’un système malade, où l’on peut être transformé en outil de marketing sans son accord.
Une femme face à l’empire Amazon
Derrière les sourires des livreurs et les emballages bien scotchés, une réalité invisible se cache : Celle de milliers de petites escroqueries orchestrées dans l’ombre, au service de la visibilité numérique. Maribel n’a rien demandé. Elle ne voulait ni gadgets, ni fausses étoiles, ni notoriété virale. Elle voulait juste la paix.
Mais son porche est devenu l’autel d’un capitalisme algorithmique débridé, où les colis tombent du ciel comme des rappels quotidiens d’un monde où le client ne contrôle plus rien… pas même ce qu’il reçoit.