Yasmina : “Comment le froid a-t-il pu garder en vie, dans un sommeil de glace, le visage d’un homme disparu depuis 1997, pour ne le rendre au monde qu’aujourd’hui ?”
Dans les hauteurs vertigineuses du Kohistan, au nord du Pakistan, là où la neige éternelle se mêle au ciel, un secret sommeillait depuis presque trois décennies.
Ce secret portait un nom : Naseeruddin. Un homme simple, marié, père de deux enfants, disparu en 1997, englouti par la montagne et le silence.
Un drame figé dans le temps
Nous sommes en juin 1997. Les montagnes sont encore blanches, le vent mordant. Naseeruddin voyage à cheval avec son frère Kathiruddin. Une dispute familiale les a poussés à s’éloigner, à chercher un moment de répit dans la vallée. Mais le ciel se couvre brusquement, la lumière se fait laiteuse, et bientôt une tempête de neige les enveloppe.
Au milieu de ce chaos glacé, Naseeruddin glisse dans une crevasse. Son frère hurle son nom, mais seul l’écho des parois répond. Les secours, alertés, cherchent des jours entiers. Rien. Le glacier garde son prisonnier, refermant sur lui un couvercle de glace.
Une découverte bouleversante
Le 31 juillet 2025, le soleil tape plus fort qu’à l’accoutumée. Les glaciers reculent, les crevasses s’élargissent. C’est un berger local, Omar Khan, qui tombe le premier sur cette vision irréelle : Un corps allongé, vêtu comme s’il venait de s’endormir.
Les vêtements sont intacts, les traits du visage reconnaissables. Même la pièce d’identité, soigneusement rangée dans une poche, est préservée. Aucun doute : c’est bien Naseeruddin, resté figé dans la glace pendant 28 longues années.
Une momification naturelle
Les experts expliquent que les conditions extrêmes du glacier ont agi comme une chambre froide naturelle. Le froid intense, l’absence d’oxygène, et le faible taux d’humidité ont empêché la décomposition, transformant cette dépouille en une sorte de momie moderne.
Ce phénomène rare donne l’impression que le temps s’est arrêté pour l’homme disparu, le maintenant dans une éternité glaciale.
Le poids du réchauffement climatique
Si le corps est apparu aujourd’hui, c’est à cause – ou grâce – à un phénomène bien plus vaste : La fonte accélérée des glaciers. Les températures en hausse dans la région du Kohistan ont réduit la masse glaciaire, libérant peu à peu ce que la montagne avait emprisonné.
Pour la famille, cette découverte est un mélange de choc et de soulagement. Après presque trois décennies de questions sans réponse, ils peuvent enfin accomplir les rites funéraires et dire adieu.
L’émotion de la famille
Selon ses proches, Naseeruddin était un homme de caractère, aimant profondément ses enfants. Sa disparition soudaine avait laissé un vide béant, une plaie ouverte que le temps n’avait jamais refermée. Le retour de son corps, aussi glaçant soit-il, apporte une forme de paix.
Son neveu, présent lors de la récupération de la dépouille, raconte : « C’est comme si l’on ouvrait un livre qu’on avait laissé inachevé il y a 28 ans. »
Un message gravé dans la glace
Cette histoire est plus qu’un fait divers. Elle rappelle que les glaciers, au-delà de leur majesté, sont aussi des coffres-forts de mémoire. Ils conservent les traces d’histoires humaines, parfois tragiques, que le monde croit perdues.
Mais elle met aussi en lumière la réalité inquiétante du réchauffement climatique. Car si ce glacier a rendu le corps de Naseeruddin, il continue de reculer, signe que d’autres secrets, et peut-être d’autres drames, referont surface dans les années à venir.