Rouvrir les maisons closes ? Le projet polémique du RN relance le débat
Le Rassemblement National (RN) prépare une proposition de loi pour autoriser des « maisons closes nouvelle génération », sous forme de structures coopératives gérées par les personnes prostituées — une initiative qui ravive un débat vieux de près de 80 ans en France.
Le débat sur la prostitution en France vient de connaître un tournant inattendu. Alors que le pays vit depuis des décennies sous un modèle abolitionniste strict, une nouvelle proposition de loi remet tout en question : La réouverture de maisons closes, mais sous une forme totalement repensée, plus discrète, plus encadrée et présentée comme une évolution “sociale et sécuritaire”. Cette initiative, portée au sein de la mouvance qui souhaite réhabiliter ce dispositif, a immédiatement suscité un flot de réactions contrastées, entre inquiétude, curiosité et colère.
L’idée avancée repose sur un principe simple : Créer des lieux officiellement déclarés, gérés en structure coopérative, où les personnes prostituées travailleraient dans un environnement présenté comme sécurisé, encadré et supervisé. Un modèle inspiré de systèmes existants dans certains pays européens, mais adapté à la réalité française, encore fortement marquée par la loi historique qui avait mis fin aux maisons closes près de huit décennies plus tôt.
Ses défenseurs estiment qu’un tel dispositif permettrait de sortir la prostitution de l’ombre et de limiter les violences, les trafics, les réseaux clandestins et les risques sanitaires. Ils affirment que ce cadre légal mettrait fin à la précarité extrême dans laquelle vivent encore trop de personnes prostituées, souvent livrées à des milieux dangereux depuis la pénalisation des clients. Ils parlent d’un retour au réalisme, d’un ajustement nécessaire, d’une manière de protéger plutôt que de punir.

Mais l’argumentaire ne convainc pas tout le monde. De nombreuses voix dénoncent un recul historique, une normalisation d’un système qui repose sur une logique de domination. Elles craignent que cette légalisation maquillée ne profite qu’à une minorité et qu’elle ouvre la voie à une banalisation de l’achat de rapports sexuels, au détriment des femmes les plus vulnérables. D’autres se demandent qui garantirait réellement l’absence de pressions, d’exploitation déguisée ou de dérives, même dans un modèle coopératif. La crainte d’un vernis légal posé sur des réalités autrement plus sombres revient dans de nombreux témoignages.
Cette proposition intervient dans un contexte politique tendu, où les sujets liés à la sécurité, à la morale publique et aux droits individuels sont redevenus centraux. L’idée de recréer des lieux clos, encadrés et accessibles uniquement sous certaines conditions, ouvre une discussion qui dépasse largement la prostitution. Elle interroge le rôle de l’État, la liberté des individus, la manière dont la société perçoit et traite les personnes prostituées, et la frontière mouvante entre protection et contrôle.
Alors que le débat s’enflamme, une certitude s’impose : Cette proposition de loi ne passera pas inaperçue. Elle oblige le pays à revisiter des dossiers que l’on croyait classés depuis longtemps et à reconsidérer ce qui pourrait devenir, dans un futur proche, l’un des plus grands bouleversements sociaux de ces dernières années. Le sujet divise, intrigue, dérange parfois, mais il remet sur la table une question essentielle : Comment protéger, accompagner et entendre celles et ceux qui vivent aujourd’hui dans un système pensé pour les invisibiliser ?
Dans les prochains mois, cette initiative pourrait redéfinir la manière dont la société française aborde la prostitution, entre engagement sécuritaire, ambition sociale et profond désaccord moral. Une page pourrait se tourner, qu’elle plaise ou non, et chacun attend désormais de voir jusqu’où ce débat ira.
Source : BFM.

Le RN au pouvoir, il le faut pour sauver la France.