POLITIQUE

Dépassée par Jordan Bardella, Marine Le Pen revendique toujours la première place

Surclassée dans les sondages par celui qui apparaît désormais comme son dauphin, elle a ressenti le besoin de réaffirmer sa place, son rôle, sa présence. Elle prévient qu’elle se présentera en 2027 « si elle peut être candidate », tout en mettant en avant la solidité du duo qu’elle forme avec celui qu’elle appelle à la remplacer en cas d’empêchement judiciaire. Dans son esprit, les rôles sont réglés comme une mécanique bien huilée : elle est la titulaire, il est le suppléant. « Nous en avons décidé ainsi », dit-elle calmement, déterminée à clarifier une ligne stratégique qui ne souffre aucune ambiguïté.

Un « choix commun », martèle-t-elle, rappelant que dans son mouvement il n’existe pas de primaire, pas de compétition interne, pas de guerre de succession. Si elle peut se présenter, elle ira. Si elle en est empêchée, il prendra le relais. Une affirmation simple, mais essentielle, tant les derniers jours ont fait vaciller certaines certitudes. Un sondage, brutal, fulgurant, a projeté son cadet au sommet des intentions de vote, gagnant contre tous ses adversaires potentiels au second tour.

Elle avait pourtant anticipé ce moment. À plusieurs reprises, elle avait laissé entendre qu’une condamnation en appel début 2026, dans l’affaire des assistants parlementaires, pourrait compromettre sa possibilité de se représenter en 2027. Cette hypothèse, qu’elle jugeait « évidente », planait comme une ombre sur sa trajectoire. Puis est venue une enquête d’opinion dans laquelle son nom n’apparaissait même plus. Elle a d’abord joué la carte de l’ironie, s’amusant du fait qu’un institut n’ait pas voulu la tester.

Dépassée par Jordan Bardella, Marine Le Pen réaffirme sa position

Mais la plaisanterie a vite cédé la place à une dénonciation plus grave : « des élites, une partie de la magistrature, des médias, et maintenant les instituts de sondage » qui chercheraient, selon elle, à contourner la volonté populaire. Pourtant, son mouvement n’a pas hésité une seconde à s’emparer des résultats pour célébrer « l’alternance plébiscitée » par une majorité de Français, photos du duo à l’appui.

Les experts de l’opinion, eux, sont unanimes. Son dauphin a pris l’avantage. Six mois plus tôt, ils étaient à égalité. Aujourd’hui, il la dépasse nettement. Sa cote d’adhésion grimpe à 39 %, quand elle plafonne à 35 %. Chez les retraités, il gagne cinq points d’avance. Chez les jeunes, six. Chez les sympathisants de droite classique, treize points séparent désormais leurs deux images.

D’après les études qualitatives, même dans l’électorat le plus radical, il prend l’ascendant sur presque tous les traits d’image. Ce décalage massif ne l’inquiète pourtant pas. Elle dit s’en réjouir, valorisant « la force du duo », assurant qu’ils mèneront leurs combats ensemble. Si elle se présente, il sera son Premier ministre. Si elle renonce, elle sera son soutien le plus fidèle. Elle n’a aucun intérêt pour Matignon, son rôle est ailleurs.

Dépassée par Jordan Bardella, Marine Le Pen réaffirme sa place

Lui avance prudemment, comme pour ne pas brusquer l’équilibre interne. Il prépare le mouvement « à l’exercice des responsabilités » et travaille à bâtir « le rassemblement le plus large possible ». Il insiste sur leur collaboration « main dans la main », comme une réponse aux craintes de division. Les cadres entendent le message : il y a un ticket, il fonctionne, il plaît, et tant que la campagne ne commence pas, la hiérarchie reste inchangée.

Et si, finalement, elle devait renoncer ? Certains au sein du mouvement assurent déjà qu’ils « respecteront son choix ». D’autres affirment qu’elle accompagnerait son dauphin sans hésiter, « et qu’on le lui demandera ».

Dans ce duo façonné à la fois par la stratégie et par le hasard de l’histoire, chacun sait que le temps joue sa propre partition. L’un avance, l’autre résiste. L’un séduit, l’autre s’accroche. Et dans ce bal subtil, un futur politique entier est en train de se dessiner.

Source : AFP.

Yann GOURIOU

Auteur indépendant installé en Bretagne, je réalise des enquêtes et des reportages de terrain pour mon blog. J’écris avec une approche humaine, sensible et engagée, en donnant la parole à celles et ceux dont on n’entend rarement la voix.

Une réflexion sur “Dépassée par Jordan Bardella, Marine Le Pen revendique toujours la première place

  • Je suis rassuré après avoir lu cet article. Ce duo fonctionne vraiment bien, et on sent qu’ils sont parfaitement alignés dans leur vision. C’est encourageant pour espérer une victoire du RN en 2027. Que ce soit Marine ou Jordan, peu importe au fond : l’essentiel, c’est que le Rassemblement National accède enfin au pouvoir, comme le souhaite une majorité de Français.

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