La fin du broyage des poussins est-elle vraiment pour demain ? Un scandale animal qui continue de secouer l’Europe.

Poussins broyés : Pourquoi l’Europe continue-t-elle cette pratique alors que des solutions existent ?

ANIMAUX

Chaque année, dans le silence des couvoirs industriels, une scène se répète à l’échelle de millions de vies fragiles : Des poussins mâles, à peine sortis de l’œuf, sont conduits vers une mort brutale. Certains sont gazés au dioxyde de carbone, d’autres passent dans des broyeuses mécaniques qui les réduisent en fragments en quelques secondes. Cette pratique, appelée « broyage des poussins », est une réalité encore bien vivante en Europe, malgré les promesses politiques et les alternatives technologiques.

Le scandale des poussins broyés

Dans l’univers impitoyable de l’élevage intensif, les poussins mâles n’ont pas leur place. Ils ne pondent pas d’œufs et leur chair, jugée peu rentable, n’intéresse pas les filières industrielles. Résultat : À peine nés, ils sont éliminés. On estime que plusieurs centaines de millions de poussins mâles subissent ce sort chaque année dans le monde, dont des dizaines de millions rien qu’en Europe.

En France, le gouvernement avait annoncé en grande pompe en 2022 la fin de cette pratique, promettant une révolution dans la filière avicole. Mais derrière l’annonce, la réalité est plus nuancée : Si certains couvoirs se sont équipés de nouvelles technologies, beaucoup continuent encore de broyer les poussins, faute de moyens financiers ou techniques.

Le sexage in ovo : Une solution déjà disponible

Pourtant, une innovation prometteuse existe : le sexage in ovo. Cette technique consiste à identifier le sexe de l’embryon directement dans l’œuf, quelques jours après sa fécondation. Une simple analyse chimique ou optique permet de distinguer les mâles des femelles avant leur naissance. Ainsi, seuls les œufs femelles sont incubés, et les œufs mâles peuvent être réorientés vers d’autres usages, comme la fabrication de produits pharmaceutiques ou alimentaires.

Cette solution permettrait d’éviter la naissance inutile de millions de poussins condamnés à une mort atroce. Des pays comme l’Allemagne ont été pionniers dans l’adoption du sexage in ovo, et la France a commencé à l’expérimenter. Mais sa généralisation reste lente, freinée par des coûts élevés et la réticence de certains acteurs économiques.

Les poules duales : Une alternative ancestrale

Une autre piste évoquée par les défenseurs du bien-être animal est celle des poules dites “duales”. Contrairement aux races industrielles ultra-spécialisées (ponte ou chair), ces poules peuvent à la fois produire des œufs et fournir une viande acceptable. Cela permet de donner une utilité économique aux mâles, évitant leur élimination systématique.

Bien sûr, la productivité est moindre comparée aux filières intensives, mais elle ouvre la voie à une agriculture plus respectueuse des animaux et de leur vie.

Les promesses politiques et les réalités économiques

En 2019, l’opinion publique française s’était enflammée après des révélations d’associations comme L214, diffusant des vidéos insoutenables de poussins broyés. Le scandale avait contraint le gouvernement à réagir. En 2022, le ministre de l’Agriculture annonçait officiellement la fin du broyage des poussins mâles en France.

Mais sur le terrain, la situation est plus complexe. Si certains couvoirs ont investi dans des machines de sexage in ovo, d’autres ont obtenu des dérogations, repoussant la mise en œuvre. Résultat : Des millions de poussins continuent encore aujourd’hui à être broyés, comme si rien n’avait changé.

L’Europe face à ses contradictions

Au niveau européen, la question est encore plus épineuse. Chaque pays avance à son propre rythme, et aucune réglementation commune n’impose l’arrêt définitif de cette pratique. Certains éleveurs dénoncent une concurrence déloyale : Pourquoi investir des millions dans des technologies si le voisin européen continue de broyer sans scrupules ?

Ce manque d’harmonisation ralentit la transition. Les associations de protection animale réclament donc une interdiction ferme et uniforme dans toute l’Union européenne.

Une question morale avant tout

Au-delà des chiffres, des lois et des technologies, la question du broyage des poussins touche à la morale collective. Peut-on, au XXIe siècle, continuer à accepter que des millions d’êtres vivants soient broyés vivants pour des raisons de rentabilité économique ?

Élodie, jeune militante rencontrée lors d’une manifestation, résume ce paradoxe avec des mots simples mais puissants : « On a la technologie pour éviter ça, alors pourquoi continuer ? Est-ce qu’une vie compte si peu quand elle ne rapporte pas d’argent ? »

Ses paroles résonnent comme un rappel : Derrière les discours politiques et les innovations techniques, il y a une urgence éthique. Car tant que l’Europe n’imposera pas une interdiction claire et généralisée, des millions de poussins continueront de connaître une vie réduite à quelques secondes.

Un avenir encore incertain

Le scandale des poussins broyés vivants est loin d’être résolu. Oui, des alternatives existent. Oui, certains pays montrent la voie. Mais tant que l’ensemble de l’Europe ne se mobilisera pas d’une seule voix, cette pratique continuera d’alimenter l’indignation et la colère.

La question reste posée : L’économie primera-t-elle encore longtemps sur la compassion ?

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