Polémique : L’État envoie 4 000 CV tests pour mesurer les discriminations à l’embauche
Le gouvernement lance une campagne inédite en France pour dépister les discriminations à l’embauche à travers l’envoi de 4 000 candidatures tests, ciblant plusieurs secteurs afin de mieux comprendre où et comment les biais persistent sur le marché du travail.
Le matin du 15 décembre, une initiative inédite portée par l’État français est officiellement lancée.
Dans les couloirs du ministère en charge de la lutte contre les discriminations, des agents achèvent de finaliser l’expédition de 4 000 curriculum vitae tests vers des recruteurs de toute la France.
Ces CV ne sont pas de simples documents : ils constituent une expérience de « testing », une méthode rigoureuse visant à mesurer, non plus seulement à dénoncer, les discriminations à l’embauche. Les profils retenus pour cette campagne répondent à de véritables offres d’emploi publiées dans vingt secteurs d’activité différents.
Depuis des années, associations, chercheurs et institutions alertent sur l’ampleur des biais qui minent l’ouverture réelle des opportunités professionnelles.
Le nom ou le prénom, l’adresse du domicile ou même le genre d’un candidat peuvent influencer le regard d’un recruteur bien avant la première rencontre.
La ministre déléguée en charge de la lutte contre les discriminations a expliqué que l’objectif de cette vaste opération est de savoir précisément « ce que l’on doit combattre ».

Les CV tests sont conçus pour isoler des variables : Certains contiennent des noms perçus comme plus ou moins fréquents selon les origines, d’autres varient d’adresse ou de genre.
Chaque réponse ou absence de réponse sera analysée et comparée afin de repérer les éventuels écarts de traitement injustifiés.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte où près d’un Français sur trois déclare avoir subi une discrimination lors d’une recherche d’emploi ou au cours de sa carrière, selon une étude relayée récemment par l’État et ses partenaires.
Ces perceptions, renforcées par des enquêtes antérieures, témoignent d’un malaise profond sur le marché du travail.
Pour les décideurs, la collecte de ces 4 000 réponses doit permettre non seulement de mesurer avec précision les biais persistants, mais aussi de préparer d’éventuelles évolutions législatives, notamment en matière de sanctions à l’encontre des entreprises fautives.
Sur les bureaux, dans les directions des ressources humaines comme dans les start-ups ou les PME, les premiers résultats de cette opération sont attendus avec une grande attention. Car au-delà des chiffres, ce sont des parcours de vie entiers qui peuvent être transformés si les obstacles invisibles à l’embauche sont identifiés et progressivement levés.
Source : AFP.
