Sophie : « En observant le visage grave d’un homme partagé entre deux drapeaux, je me suis demandé : Peut-on vraiment demander à quelqu’un de choisir entre ses deux patries, ses deux identités, sans briser une partie de son histoire ? »

Dans le silence lourd d’une ruelle, un homme se tient debout. Son regard est sombre, son visage fermé. Son t-shirt est divisé en deux couleurs : À gauche, le rouge frappé de l’étoile verte du Maroc, à droite, le bleu orné du coq blanc, symbole de la France. Derrière lui, deux mondes se dressent : À gauche, un décor chaud, poussiéreux, parsemé de maisons basses et d’un palmier solitaire, À droite, un horizon gris, bétonné, aux lignes droites et froides des immeubles modernes.
Au-dessus de son visage, une question claque comme une gifle : « Faut-il supprimer la double nationalité ? ». Une interrogation simple en apparence, mais qui renferme un univers entier de complexité, de droit, de sentiments et d’identité.
Qu’est-ce que la double nationalité ?
La double nationalité, ou binationalité, c’est la reconnaissance officielle par deux États qu’une même personne est leur citoyen. En France, cette situation est légale et fréquente. On la rencontre chez l’enfant né de parents de nationalités différentes, chez celui né sur un sol étranger bénéficiant du droit du sol, ou encore chez l’adulte naturalisé qui conserve sa nationalité d’origine.
Selon le ministère français de l’Intérieur, la France ne demande pas de renoncer à une nationalité antérieure pour devenir Français. Cela fait d’elle un pays parmi les plus souples en matière de binationalité, contrairement à d’autres États comme la Chine, l’Inde ou le Japon, qui l’interdisent strictement.
Quels pays sont concernés par la binationalité ?
La double nationalité existe dans de nombreuses configurations. Les pays qui l’acceptent incluent la France, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie ou encore l’Australie.
À l’inverse, d’autres nations imposent un choix : Obtenir leur nationalité signifie renoncer à l’ancienne. C’est le cas de la Chine, de l’Inde, de Singapour ou encore de l’Arabie Saoudite.
Les arguments pour supprimer la double nationalité
Ceux qui militent pour sa suppression avancent souvent des raisons liées à la sécurité, à la loyauté et à la clarté juridique.
- Loyauté unique : Un citoyen ne devrait servir qu’un seul État, surtout en cas de tensions diplomatiques.
- Clarté des droits et devoirs : Éviter les conflits de lois, par exemple sur le service militaire, la fiscalité ou le droit de vote.
- Prévention des abus : Limiter les cas de fraude documentaire, de double vote ou d’évasion fiscale.
- Cohésion nationale : Renforcer le sentiment d’appartenance à une seule communauté.
Les conséquences possibles d’une suppression
Cependant, la disparition de la binationalité aurait des répercussions profondes. Des millions de familles françaises et étrangères vivent aujourd’hui entre deux cultures. Les voyages, les échanges économiques, les liens familiaux transnationaux sont facilités par ce statut. Supprimer la double nationalité reviendrait à forcer un choix parfois douloureux, voire impossible, entre deux histoires, deux langues, deux patries.
Ce débat n’est pas seulement juridique. Il est intime, identitaire, culturel. Il touche au cœur même de ce que signifie « appartenir ». Pour certains, la double nationalité est un pont entre deux rives. Pour d’autres, elle est une ambiguïté qu’il faut trancher.
Et au milieu de ces discours politiques et juridiques, il y a des visages comme celui de cet homme sur l’affiche : Partagé, peut-être tiraillé, mais complet dans ses deux appartenances.

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
