Céline n’en revient toujours pas : “Mais comment un prisonnier aussi dangereux a-t-il pu berner toute l’administration pénitentiaire en se glissant dans un sac de linge sale ?”
Une matinée comme une autre à la prison de Corbas…
Vendredi 11 juillet 2025. Le soleil s’est levé sur la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, réputée pour sa modernité et son système de sécurité renforcé. Rien, absolument rien, ne laissait présager ce qui allait devenir l’une des plus spectaculaires évasions de ces dernières années en France.
Vers 9 heures du matin, un détenu doit être libéré. Une libération programmée, administrative, banale. Les agents pénitentiaires, rodés à l’exercice, accomplissent leur mission avec la rigueur attendue. Dans le chariot roulant, un grand sac à linge blanc, rempli de vêtements à laver. Le contenu paraît anodin. Trop peut-être.
Mais derrière cette apparente routine se cachait une ruse d’une audace glaçante. À l’intérieur du sac, Elyazid Ahamada, 20 ans, détenu dangereux, est allongé, immobile, silencieux. Il a camouflé son souffle, retenu ses mouvements, et misé sur l’inattention.
Sans le savoir, l’administration pénitentiaire est en train d’ouvrir la porte à l’un des détenus les plus recherchés d’Europe.
Mais qui est vraiment Elyazid Ahamada ?
Originaire de Mayotte, Elyazid Ahamada est bien plus qu’un simple délinquant. À seulement 20 ans, son casier judiciaire ressemble déjà à une page sombre de polar urbain : Meurtre en bande organisée, trafic d’armes, vols aggravés, violences en réunion, et surtout : Une notice rouge d’Interpol émise contre lui.
Son profil interpelle les autorités. Selon les enquêteurs, il appartiendrait à un réseau structuré, violent, sans pitié. Un tueur présumé, froid, méthodique, dont le nom circule dans plusieurs enquêtes judiciaires sensibles. Il ne s’agit pas d’un petit voyou de quartier. Il est considéré comme extrêmement dangereux.
Une évasion aussi simple qu’effrayante
La question que tout le monde se pose :Ccomment un détenu de cette envergure n’était-il pas classé “particulièrement signalé” ?
La réponse fait froid dans le dos : Elyazid Ahamada était incarcéré comme un détenu ordinaire, sans régime spécial de surveillance. Une erreur administrative ? Un dysfonctionnement ? Une sous-évaluation de la menace ? Les langues commencent à se délier au sein de l’administration pénitentiaire.
Le directeur de la prison de Corbas, interrogé après l’évasion, ne cache pas son embarras :
“Il s’agit d’un événement extrêmement rare. Mais clairement, il y a eu une accumulation d’erreurs. Des dysfonctionnements graves ont été constatés.”
En clair, personne n’a contrôlé le sac de linge. Aucun passage au scanner. Aucun contrôle visuel. Pas de fouille systématique. Le plan d’évasion, aussi audacieux qu’élémentaire, a fonctionné.
L’alerte déclenchée… trop tard
Ce n’est que plusieurs heures après que l’administration se rend compte de l’inimaginable. Le détenu qui devait sortir est bel et bien parti… mais il n’était pas seul. Le temps que l’alerte soit donnée, Elyazid Ahamada avait déjà disparu dans la nature.
Le ministre de la Justice est immédiatement informé. Les hautes sphères de la sécurité intérieure s’agitent. L’enquête est confiée à l’OCLCO (Office central de lutte contre le crime organisé), appuyée par la direction centrale de la sécurité publique et l’unité d’élite DCOS 69.
La traque commence. Une chasse à l’homme de haut niveau, avec un objectif : Retrouver Ahamada avant qu’il ne quitte le pays.
Cavale express et cachette souterraine
C’est à Sathonay-Camp, une petite commune de la métropole lyonnaise, que les enquêteurs retrouvent sa trace. Moins de 72 heures après son évasion, à l’aube du lundi 14 juillet, un commando de policiers investit un immeuble.
Ahamada se cache dans une cave sombre, dissimulé derrière des cartons, replié sur lui-même comme une ombre. Il est interpellé sans résistance, exténué, piégé par les efforts conjoints de la technologie et de l’enquête de terrain.
Pas de blessés. Pas d’échanges violents. Mais un message clair : La cavale n’aura duré que trois jours.
Une affaire d’État ?
Depuis cette rocambolesque évasion, les critiques fusent. Comment un homme visé par Interpol a-t-il pu s’éclipser sans alarme ? Où étaient les protocoles ? Les contrôles ? Le personnel formé ? Pourquoi le nom d’Ahamada ne figurait-il pas dans la liste des détenus “PS” (Particulièrement Signalés) ?
Des voix s’élèvent pour réclamer des sanctions, une refonte des pratiques, une remise à plat des méthodes d’évaluation des profils carcéraux.
Pour certains syndicats pénitentiaires, le scandale est symptomatique d’un système à bout de souffle, où le manque de moyens humains et techniques ouvre la voie à des dérives dangereuses.
“C’est toute la chaîne de commandement qu’il faut revoir,” affirme un délégué syndical. “Ce n’est pas une simple erreur, c’est une bombe à retardement.”
Le début d’un feuilleton judiciaire
La réintégration d’Ahamada derrière les barreaux n’est que le début d’un nouveau volet judiciaire. À ses lourdes accusations s’ajoute désormais celle d’évasion en bande organisée, un crime passible de jusqu’à 10 ans de prison supplémentaires.
Des investigations sont également en cours pour déterminer s’il a bénéficié de complicités internes ou externes. Des surveillants sont entendus, le détenu libéré ce jour-là aussi. Chaque minute, chaque image de vidéo-surveillance est analysée.
Une faille dans la République ?
Au-delà du fait divers, l’affaire Elyazid Ahamada met à nu les failles d’un système censé garantir notre sécurité collective. Une prison moderne, un détenu ultra-dangereux, et pourtant… une évasion aussi triviale qu’un sac de linge oublié.
La France découvre, stupéfaite, que dans certaines conditions, une évasion digne d’un film de série B peut devenir réalité. Et que l’ombre d’un sac blanc peut cacher l’homme le plus recherché du pays.