torture Syrie

Arrachage des ongles, clous dans les doigts, cire chaude dans les yeux… Ce Syrien raconte l’enfer des prisons de Bachar al-Assad

CHOC

Dans l’obscurité suffocante d’une cellule à peine assez grande pour contenir un corps humain, Jalal al-Hajj Ali se remémore les cris étouffés de ses compagnons d’infortune. Il avait 20 ans lorsqu’il fut arraché à son foyer pour être plongé dans l’enfer de la Branche 235 à Damas, tristement célèbre sous le nom de « Palais de l’Horreur« . Pendant huit mois, il a connu une existence où la mort était parfois une perspective plus douce que la survie.

L’arrêt brutal : Une descente aux enfers

Tout a commencé par un soir étouffant d’été. Des hommes en uniforme ont fait irruption dans le quartier de Jalal, leurs visages fermés et leurs armes braquées. « C’était comme si l’air s’était figé autour de nous », raconte Jalal. Accusé sans preuve d’avoir participé à des manifestations, il fut emmené sans explications.

Les premières heures furent marquées par les coups. On l’a battu jusqu’à ce que ses jambes cessent de le porter. Mais ce n’était qu’un avant-goût des horreurs à venir.

La machine à broyer l’humain

La cellule où Jalal fut jeté ressemblait davantage à un tombeau. Des dizaines de prisonniers y étaient entassés, suffoquant sous la chaleur et les odeurs de putréfaction. « Certains étaient tellement affaiblis qu’ils étaient littéralement assis sur les cadavres de ceux qui n’avaient pas survécu« , confie Jalal, les yeux emplis d’une douleur indescriptible.

Les gardiens, eux, semblaient être des bourreaux d’une cruauté sans bornes. Jalal fut soumis à des sévices qui dépassent l’imaginable. « Ils m’ont planté des clous dans les doigts et dans le sexe. Mes ongles ont été arrachés un à un. Chaque fois, ils riaient comme si c’était un jeu. Ensuite, ils versaient du sel sur mes plaies ouvertes. C’était une douleur qui semblait éteindre mon âme. »

Un jour, les gardiens sont venus avec un appareil qu’il qualifie de « machine de l’horreur ». C’était une sorte de chalumeau improvisé. Ils faisaient fondre du plastique qu’ils appliquaient sur la peau des prisonniers. Le plastique en fusion collait à leur chair, créant des blessures profondes et irréversibles.

Le supplice psychologique

Mais la torture physique n’était qu’une partie de l’enfer. Jalal se souvient des hurlements incessants émanant des autres cellules. Chaque cri était une réminiscence des douleurs qu’il avait subies, et un rappel cruel de ce qui l’attendait encore. « Parfois, ils nous faisaient écouter les hurlements de nos amis en train d’être torturés. Cela nous brisait davantage que les coups. »

Les gardiens jouaient aussi avec leurs espoirs. Ils promettaient des libérations ou la visite d’un proche, uniquement pour se moquer ensuite. Pour Jalal, le pire fut le moment où il crut entendre la voix de sa mère. « Ils ont enregistré ses pleurs et l’ont diffusé pour me pousser à signer des aveux. J’étais prêt à tout dire, mais ils ne voulaient rien d’autre que ma souffrance. »

Le prix de la vie : 32 000 dollars

Après huit mois d’enfer, Jalal a été libéré. Sa famille avait réuni une somme astronomique : 32 000 dollars. « Mes parents ont acheté ma vie. Mais mes amis, qui n’avaient pas cette chance, je les ai perdus pour toujours. »

De retour chez lui, Jalal n’était plus qu’une ombre de lui-même. « Je suis vivant, mais je ne me sens plus humain. Chaque nuit, je revis ces tortures. Chaque cri, chaque visage meurtri hante mes rêves. »

Un appel à la justice

Aujourd’hui, Jalal consacre sa vie à retrouver les corps de ses amis disparus. Il cherche à redonner une dignité à ceux qui ont péri dans ces lieux d’horreur. Mais il rêve aussi de justice.

« Je veux voir Bachar al-Assad devant un tribunal. Je veux qu’il ressente une infime partie de ce que nous avons enduré. Mais pas une mort rapide. Une lente agonie, comme celle que nous avons subie. »

Ne pas oublier

Le témoignage de Jalal n’est qu’une goutte dans l’océan de souffrances qu’a traversé la Syrie. Mais il est essentiel. Il nous rappelle que derrière chaque statistique de disparus ou de morts se cachent des vies, des rêves brisés et des familles dévastées.

En lisant ces mots, vous participez à faire écho à ces voix trop souvent étouffées. L’enfer de Jalal ne doit jamais être oublié. Il doit être le moteur d’une mobilisation internationale pour que justice soit rendue, et pour qu’un jour, le soleil se lève sur une Syrie libérée de ces crimes innommables.

Laisser un commentaire