Entre politique et médias, Dupond-Moretti allume CNews dans une passe d’armes relayée par Valeurs Actuelles.

Éric Dupond-Moretti déclare la guerre à CNews : « Une chaîne de désinformation continue »

SOCIETE

La scène avait des allures de théâtre politique. Dans un silence à peine troublé par le cliquetis des claviers des journalistes, Éric Dupond-Moretti, l’ancien Garde des Sceaux, a lâché une bombe verbale qui continue de résonner dans les couloirs du pouvoir et les rédactions françaises : CNews serait, selon lui, une « chaîne de désinformation continue ».

Un coup de tonnerre relayé par Valeurs Actuelles, qui a secoué tout le paysage médiatique hexagonal.

Un ministre en croisade contre une chaîne

Dupond-Moretti n’a jamais mâché ses mots. L’homme, qu’on surnommait « Acquittator » à l’époque où il défendait sans relâche les causes les plus désespérées, est devenu un ministre puis une figure incontournable du débat public. Mais son style, brut, frontal, presque théâtral, ne laisse personne indifférent.

Quand il parle de CNews, il ne cherche pas à nuancer. Pour lui, la chaîne ne serait pas seulement une télévision d’opinion, mais bel et bien un outil de manipulation permanente, où les bandeaux anxiogènes s’enchaînent et où les débats polarisés seraient plus une mise en scène qu’une recherche de vérité.

Il s’en prend particulièrement à ce qu’il considère comme des exagérations médiatiques, ces formules chocs répétées en boucle : « La France au bord de la guerre civile », « La République en danger », « Les banlieues en flammes »… Autant de titres qui, selon lui, ne font qu’attiser les peurs et diviser la société.

« Désinformation continue » : Un choix de mots lourd de sens

Les termes employés par Dupond-Moretti ne sont pas le fruit du hasard. Parler de « désinformation continue », c’est pointer du doigt non pas une erreur isolée ou un dérapage, mais un système, une méthode organisée, qui transformerait l’actualité en arme politique.

C’est une charge frontale : CNews n’est plus décrite comme une chaîne d’information, mais comme un acteur idéologique. Une accusation qui touche directement au cœur de sa légitimité.

Derrière cette dénonciation, une conviction : L’information déformée abîme la démocratie. Pour Dupond-Moretti, le débat public est faussé, tronqué, orienté. Il y voit un danger majeur : Celui de citoyens qui, abreuvés de contre-vérités, finissent par se détourner des institutions, de la justice, et même de l’idée de vivre ensemble.

Le paradoxe du refus : Un débat impossible

Valeurs Actuelles rappelle que le ministre ne se contente pas d’attaquer la chaîne : Il refuse aussi systématiquement d’y apparaître. Les invitations de Pascal Praud, figure emblématique de CNews, se sont multipliées au fil des mois. Mais Dupond-Moretti a toujours décliné, arguant que ses propos seraient forcément tronqués et déformés une fois sortis de leur contexte.

Ce refus de débattre est paradoxal : D’un côté, il dénonce la désinformation, de l’autre, il fuit l’affrontement direct. Une stratégie qui suscite deux lectures opposées :

  • Pour ses soutiens, il a raison de ne pas offrir de tribune à une chaîne qu’il juge biaisée.
  • Pour ses détracteurs, son refus prouverait qu’il craint la contradiction et préfère le monologue à l’épreuve d’un vrai face-à-face.

Une guerre politique et médiatique

L’affaire dépasse largement le cadre personnel. CNews est régulièrement accusée d’offrir un espace d’expression à l’extrême droite et de privilégier un traitement polémique des sujets de société.

En attaquant frontalement la chaîne, Dupond-Moretti ne s’adresse pas seulement aux journalistes : Il parle aux électeurs, aux téléspectateurs, et à une opinion publique fatiguée des débats hystérisés.

Mais cette stratégie est risquée : S’attaquer à un média puissant, c’est courir le risque de se retrouver à la une, caricaturé, déformé, attaqué à son tour. Une guerre de communication où chaque mot devient une arme.

L’homme de loi face au tribunal médiatique

Éric Dupond-Moretti a bâti sa carrière sur les mots. À la barre d’un tribunal, chaque phrase était pensée comme une arme de conviction. Aujourd’hui, il semble avoir transposé cette technique à la sphère médiatique : Frapper fort, marquer les esprits, imposer une formule qui claque et qui reste.

Mais cette posture pose une question : En dénonçant une « désinformation continue », ne devient-il pas lui-même acteur d’un spectacle médiatique ? La frontière entre l’alerte citoyenne et la mise en scène politique est parfois ténue.

Réactions en chaîne

Les propos du ministre ont déclenché une avalanche de réactions :

  • Chez ses alliés, on salue son courage de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
  • Chez ses adversaires, on dénonce une tentative de bâillonner la presse et une incapacité à se confronter aux contradicteurs.
  • Chez les observateurs indépendants, on s’interroge : Jusqu’où un responsable politique peut-il aller dans la critique des médias sans mettre en cause la liberté d’informer ?

CNews, de son côté, n’a pas manqué de répliquer en plateau, rappelant son droit à traiter l’information comme elle l’entend, et en soulignant que la meilleure réponse aurait été d’accepter l’invitation au débat.

Une bataille symbolique

En réalité, ce conflit n’oppose pas seulement un homme à une chaîne. Il illustre la fracture grandissante entre deux visions de l’information :

  • Une vision où le média doit informer, expliquer, contextualiser, quitte à perdre en audience.
  • Une vision où l’information devient un produit, un spectacle destiné à retenir l’attention par tous les moyens, y compris l’exagération et la simplification.

Dupond-Moretti choisit son camp. Mais en pointant du doigt CNews, il met le doigt sur une question bien plus large : Que voulons-nous comme médias pour demain ?

La vérité contre le spectacle médiatique

À travers ses attaques, Éric Dupond-Moretti ne vise pas seulement CNews. Il pose un problème fondamental : Celui de la qualité de notre débat public.

Ses mots – « désinformation continue » – résonnent comme un avertissement. Mais ils posent aussi un paradoxe : Comment prétendre restaurer la vérité sans accepter la confrontation directe ?

Dans cette guerre des mots, une certitude s’impose : La bataille entre politique et médias ne fait que commencer, et elle redessinera, à coup sûr, l’avenir du paysage médiatique français.

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