Axelle se demandait, en regardant le logo flambant neuf d’Eurostar : “Et si je croisais un homme portant une jupe à bord du train prochainement ?”
Axelle descendit du train, ses talons frappant doucement le quai. Le soleil d’automne balayait la gare de Lille-Europe d’une lumière orangée — celle qui, un jour, lui avait paru si ordinaire. Ce matin, pourtant, tout lui semblait chargé d’un nouveau sens. Sur le quai voisin, un employé d’Eurostar avançait vers son poste, et une jupe glissait sur ses jambes — une jupe comme on n’en voyait jamais dans les uniformes ferroviaires masculins.
C’était officiel : Eurostar avait dévoilé des uniformes inclusifs, comprenant des jupes pour les hommes et la généralisation de Doc Martens pour tous. Une annonce qui fit le tour des médias, décriée par certains, saluée par d’autres, mais imposant d’emblée une rupture symbolique. Valeurs Actuelles relatait ainsi cette initiative audacieuse dans un article intitulé « Eurostar dévoile de nouveaux uniformes inclusifs : Des jupes pour hommes et des Dr. Martens pour tous ».

Le contexte et les enjeux du changement
Eurostar, opérateur bien connu du transport ferroviaire haut de gamme entre la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, a longtemps été associé à une image élégante, classique, presque conservatrice. Les uniformes du personnel — pour hommes comme pour femmes — adoptaient des coupes traditionnelles : Costumes sombres, jupes strictement réservées aux femmes, chaussures classiques.
Mais dans un monde où les questions de genre, d’identité et d’inclusivité sont devenues des enjeux sociétaux majeurs, Eurostar a choisi de réinventer son uniforme comme un vecteur de symbolique. En autorisant les hommes à porter la jupe — traditionnellement codée “féminine” — et en imposant une chaussure unisexe (la Doc Martens), la compagnie entend affirmer que les vêtements ne devraient pas enfermer les individus dans des stéréotypes de genre.
Cette décision répond aussi à un mouvement plus large en entreprise : Rendre le cadre de travail plus inclusif, plus respectueux des diversités, et permettre que chacun trouve sa place sans contraintes vestimentaires genrées.
Le dévoilement : Réactions, résistances, applaudissements
Lors de l’annonce, les réactions ne se firent pas attendre. Certains médias traduisirent l’initiative comme une provocation ou une “guerre des genres”. Sur les réseaux sociaux, des internautes s’interrogèrent : “Est-ce un coup de communication ou une vraie conviction ?” D’autres saluèrent un pas audacieux vers l’égalité.
À bord, le personnel fit l’objet d’un véritable apprentissage. Il s’agissait de marier innovation et praticité, en veillant à ce que les tenues restent dignes, confortables et fonctionnelles dans un contexte ferroviaire exigeant. Les jupes, les coupes, les matières, les tailles : Tout devait être repensé pour s’adapter à tous, sans hiérarchie.
Certains employés avouèrent, en privé, ressentir une fierté nouvelle : Porter un uniforme qui ne les enferme pas dans une case. D’autres, plus réservés, craignirent des remarques des passagers ou des jugements. Mais les dirigeants d’Eurostar assurèrent que la démarche était mûrement réfléchie, et qu’elle s’inscrivait dans une vision à long terme.
Une mode symbolique et fonctionnelle
Pour que le passage vers l’inclusif soit crédible, Eurostar ne s’est pas contenté de jouer sur un symbole fort. Les accessoires – Cravates, foulards, écharpes — ont été redessinés pour être unisexes. Le fameux logo “Spark” de la marque Eurostar, les teintes “navy” et “prune”, le choix des tissus : Tout a été réfléchi dans une perspective de cohérence visuelle globale.
Les Doc Martens, avec leur allure rebelle et leur robustesse, remplacent les chaussures traditionnelles. Elles évoquent l’idée d’un uniforme “commun à toutes et tous”, renforçant l’idée de cohésion et d’égalité. Le port de ces chaussures est désormais universel, sans distinction de genre.
Quant à la jupe pour les hommes, elle est conçue selon des coupes élégantes, adaptées aux morphologies masculines — non pas comme une version féminine transposée, mais comme une création originale pensée pour eux. L’objectif : Que personne ne se sente obligé de la porter, mais que chacun puisse la choisir s’il le souhaite.
Une image repensée pour l’entreprise
Pour Eurostar, ce changement d’uniforme ne se limite pas à la garde-robe. Il s’agit de signaler un virage stratégique, une entreprise à l’écoute de son temps. Les trains, les stations, les supports de communication : Tous les éléments visuels seront harmonisés avec cette nouvelle identité inclusive.
À travers cette transformation, Eurostar souhaite marquer sa différence face à ses concurrents. Dans un secteur où l’expérience client compte autant que la vitesse ou le confort, afficher une démarche sociale forte peut devenir un atout marketing — Susceptible d’attirer une clientèle sensible à ces valeurs.
Le pari de l’acceptation
Mais tout projet identitaire fort suscite aussi des résistances. Certains passagers ont exprimé leur surprise — voire leur désapprobation — face à l’idée d’hommes en jupe. D’autres ont posé la question de la “liberté individuelle” : N’est-ce pas imposer un nouveau modèle “idéal” ? Eurostar doit, à ce titre, jouer avec précaution : Le choix vestimentaire est censé être libre, non coercitif.
L’autre défi est technique : Les uniformes doivent résister à l’usure, aux contraintes climatiques, à la logistique des tournées ferroviaires. Une élégance inclusive ne suffit pas — Il faut aussi de la durabilité, du confort, de la praticité.
Mais Eurostar semble déterminé. La formation du personnel, les retours d’expérience, les itérations de design seront essentiels pour que cette transition réussisse.
Une scène qui restera gravée
Quelques mois après le lancement officiel, Axelle monta de nouveau dans un Eurostar pour Paris. Elle passa dans le couloir, les yeux attirés par un employé debout au calmement près des wagons. Il portait une jupe sombre, une chemise impeccable, des Doc Martens vernies. Il salua sans surprise ceux qu’il croisait, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
Axelle sourit intérieurement. Le monde changeait peut-être plus qu’elle ne l’aurait cru, une jupe à la fois.
Et quand elle publia cet article sur MyJournal.fr, elle se demanda si, dans vingt ans, on parlerait encore de “jupe pour hommes” comme d’une curiosité — ou simplement comme d’un vêtement parmi d’autres.