Emma, une jeune étudiante passionnée par les questions de justice internationale, se demande avec inquiétude : Pourquoi l’extradition de Rexhino Abazaj, un militant antifasciste, soulève-t-elle autant de tensions en France et en Europe ? Ce combat judiciaire cache-t-il une manœuvre politique ou une réelle quête de justice ?
Extradition de Rexhino Abazaj : Décryptage d’une affaire politique et judiciaire Européenne
Le froid hivernal enveloppait les rues de Paris ce 18 décembre, mais une ferveur militante était palpable devant la Cour d’appel. Au centre de l’attention, Rexhino Abazaj, alias « Gino », un militant antifasciste albanais, accusé de violences graves en Hongrie. Entouré de partisans et d’élus de La France Insoumise (LFI), ce dernier affrontait une procédure d’extradition qui, au-delà de son cas personnel, soulève des enjeux cruciaux liés à la justice européenne et aux luttes politiques transnationales. Pourquoi cet homme est-il devenu l’épicentre d’un combat idéologique entre l’antifascisme et le pouvoir hongrois ?
Qui est Rexhino Abazaj, alias « Gino » ?
Originaire d’Albanie, Rexhino Abazaj est un militant actif dans les cercles antifascistes européens. Réputé pour ses prises de position tranchées contre l’extrême droite, il a été présent lors de plusieurs manifestations dénonçant les réunions néonazies sur le continent. Son engagement l’a mené jusqu’à Budapest en février 2023, où une manifestation avait été organisée par des groupes d’extrême droite pour commémorer un épisode historique controversé de la Seconde Guerre Mondiale.
Selon les autorités hongroises, Rexhino Abazaj aurait participé à une attaque violente contre des militants néonazis. Les accusations portées à son encontre incluent la « participation à une organisation criminelle » et des « coups et blessures graves ». Arrêté en France en novembre 2023 sur la base d’un mandat d’arrêt européen, « Gino » risque jusqu’à 16 ans de prison s’il est extradé et jugé en Hongrie.
Une mobilisation militante et politique
Devant la Cour d’appel de Paris, des figures de La France Insoumise, comme Thomas Portes et Raphaël Arnault, se sont mobilisées pour empêcher l’extradition de Rexhino Abazaj. Banderoles antifascistes, slogans engagés, tout était en place pour transformer cette affaire judiciaire en combat politique. « Libérez Gino ! » était le cri de ralliement d’une petite foule déterminée à soutenir le militant.

Raphaël Arnault, également porte-parole de La Jeune Garde, un collectif antifasciste controversé, a déclaré que Rexhino Abazaj était victime d’une « chasse aux militants antifascistes » orchestrée par le gouvernement hongrois de Viktor Orban. Selon lui, les accusations portées contre Abazaj se résument à son opposition à une manifestation néonazie, une prise de position qui ne devrait jamais être criminalisée.
Des dénonciations de répression politique
Les détracteurs de l’extradition pointent du doigt le système judiciaire hongrois, qu’ils accusent d’être un outil au service de la répression politique. Viktor Orban, Premier Ministre hongrois, est régulièrement accusé par des ONG internationales de museler l’opposition et de limiter les libertés publiques. Dans ce contexte, les partisans de Rexhino Abazaj redoutent que ce dernier ne bénéficie pas d’un procès équitable s’il était extradé vers Budapest.
Un communiqué de La France Insoumise, publié peu après son arrestation en novembre, affirme que « le système judiciaire hongrois est notoirement connu comme un outil de répression politique au service du gouvernement d’extrême droite ». Cette position est partagée par plusieurs organisations de gauche, qui considèrent que cette affaire dépasse le cadre juridique pour s’inscrire dans un affrontement idéologique plus large.
Une affaire aux enjeux européens
Cette affaire révèle des tensions profondes au sein de l’Union européenne concernant le mandat d’arrêt européen (MAE). Ce dispositif repose sur une confiance mutuelle entre les systèmes judiciaires des États membres. Toutefois, les critiques récurrentes envers la Hongrie, accusée de ne pas respecter l’État de droit, mettent en question cette confiance.
L’extradition de Rexhino Abazaj pourrait créer un précédent dangereux, selon ses défenseurs. Si les MAE sont utilisés pour réprimer des militants politiques, cela pourrait affaiblir la légitimité de ce mécanisme de coopération judiciaire. D’un autre côté, ses opposants estiment que les accusations portées contre lui relèvent davantage du droit pénal que de la politique, et que la justice hongroise a le droit de mener des poursuites.
Une bataille judiciaire loin d’être terminée
Alors que le sort de Rexhino Abazaj est encore en suspens, cette affaire illustre les défis complexes de la justice européenne dans un contexte où les tensions politiques s’entremêlent. Entre les accusations de violences graves, la défense des valeurs antifascistes et les allégations de répression politique, cette affaire révèle les fractures au sein de l’Union européenne.
Pour Emma, l’étudiante passionnée par ces questions, la conclusion reste incertaine : La justice triomphera-t-elle des agendas politiques ? Ou cette extradition marquera-t-elle un tournant pour les luttes militantes en Europe ? Une chose est certaine : Rexhino Abazaj, alias « Gino », est désormais bien plus qu’un simple militant. Il est devenu un symbole des batailles idéologiques qui secouent le continent.