« Est-ce que vouloir sauver la planète donne le droit de mépriser ceux qui n’ont pas les moyens d’être écolos ? » Question posée par : Brigitte.
Il y a ceux qui se lèvent tôt pour prendre leur voiture, déposer les enfants, faire tourner la machine à laver et remplir le caddie au supermarché discount. Et puis, il y a ceux qui campent dans les ZAD, refusent l’avion, appellent à saboter les pipelines, dénoncent les SUV comme des armes sociales… et se disent aujourd’hui harcelés, menacés, insultés sur les réseaux.
🔹 62% des militants écologistes déclarent avoir été harcelés ou menacés de « coups ou de mort » sur Facebook. Ce chiffre choc est mis en lumière par BFMTV dans une enquête sur la radicalisation des tensions autour de l’écologie. Pour eux, Facebook est devenu un champ de bataille, un endroit toxique, où ils disent subir l’intolérable. Mais derrière cette dénonciation, une autre question surgit : Comment ces nouveaux justiciers du climat ont-ils fini par devenir des cibles aussi violentes… sans jamais vraiment interroger leur propre posture ?
L’écologie de combat : Entre idéal et mépris de classe
Le visage fermé de cette jeune militante écolo photographiée au premier plan en dit long. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi elle reçoit chaque jour des messages haineux, des insultes misogynes, des menaces de mort. Elle, elle veut simplement « sauver la planète« . Mais ce qu’elle oublie souvent, c’est que ses discours, aussi sincères soient-ils, résonnent parfois comme une condamnation implicite de tout un mode de vie.
➡️ Elle veut « fermer les centrales nucléaires ».
➡️ Elle veut « interdire les voitures thermiques ».
➡️ Elle veut « arrêter l’agriculture intensive », « abolir la chasse », « rééduquer les mangeurs de viande ».
➡️ Elle défend l’urgence climatique, mais semble ignorer celle des fins de mois.
Dans ses mots, dans ses slogans, dans ses posts très partagés sur Facebook ou Instagram, transparaît souvent une condescendance : Celle de celles et ceux qui ont le temps, les études, les cercles militants, mais pas toujours les factures EDF ni les pleins d’essence à 2 € le litre. Et cela, beaucoup le ressentent… avec violence.
Facebook, théâtre de toutes les fractures
Facebook est devenu le défouloir d’un monde en tension. Une arène où les idéologies s’affrontent sans filtre, sans nuance. Là où certains voyaient autrefois un espace de débat, c’est aujourd’hui un ring. Et dans ce ring, les militants écologistes sont devenus des cibles — mais aussi parfois des boxeurs.
🔸 Car si certains d’entre eux reçoivent des messages terrifiants — et cela doit être fermement condamné —, il faut aussi parler des attaques lancées de l’autre camp.
➡️ « Les beaufs », « les porcs carnistes », « les climatosceptiques débiles », « les boomers pollueurs » : voilà les mots que l’on retrouve parfois sur leurs profils.
➡️ « Colonialisme agricole », « écocide industriel », « masculinité toxique et climat » : autant de concepts qui créent davantage d’incompréhension que d’adhésion.
La haine, sur Facebook, ne circule pas à sens unique. Et dans cette spirale, chacun finit par se sentir légitime de taper fort, y compris ceux qui se disent être « du bon côté ».
Le mythe du « camp du bien »
Les écolos radicaux se présentent volontiers comme des résistants modernes : Garants de l’avenir, protecteurs des générations futures, lanceurs d’alerte. Mais cet habit de vertu finit par être lourd à porter… surtout lorsqu’on exige du peuple qu’il se prive de tout sans jamais questionner les privilèges d’en haut.
🎯 Ils veulent bannir le nucléaire… mais n’expliquent pas comment recharger les batteries de leurs portables.
🎯 Ils dénoncent le capitalisme… tout en militant sur TikTok via un iPhone fabriqué en Chine.
🎯 Ils fustigent l’agriculture intensive… tout en refusant de payer 3 euros de plus pour des tomates bio locales.
🎯 Ils prônent la décroissance… mais s’indignent de ne pas pouvoir voyager pour « sensibiliser » aux enjeux climatiques.
Et derrière ce discours, une forme de violence symbolique : Celle qui consiste à juger, à culpabiliser, à faire passer quiconque ne suit pas la ligne verte pour un ennemi de l’humanité. Un « beauf », un « facho », un « vendu à Total ».
La politique de l’anathème : Écologie ou idéologie ?
Ce n’est plus seulement une bataille pour la planète. C’est une guerre de valeurs. Une croisade idéologique. Une culture de l’indignation permanente, où l’on ne cherche plus à convaincre mais à annuler. On ne débat plus, on disqualifie. On ne dialogue plus, on ostracise.
Et dans cette ambiance délétère, le réseau social Facebook agit comme un catalyseur. Il amplifie les tensions, rend chaque mot plus tranchant, chaque nuance plus suspecte. La plateforme devient alors le miroir d’une société fracturée, où les militants écologistes — tout en dénonçant la haine — deviennent parfois les premiers à semer le feu.
Victimes ou bourreaux : Et si les écolos de demain changeaient de ton ?
L’écologie est une cause essentielle, urgente, noble. Mais le combat pour l’environnement ne peut pas se faire contre les hommes. Il ne peut pas reposer sur l’exclusion, la culpabilisation, ou le mépris. Il ne peut pas non plus s’imposer à coups de dogmes et de slogans vides de solutions.
Oui, 62% de militants écolos sont harcelés ou menacés sur Facebook. Et c’est un drame. Mais cela ne peut pas occulter la question plus large : Quand on passe son temps à diviser, à classer les gens entre les « bons » et les « méchants », à diaboliser la moindre critique, peut-on encore se plaindre d’être pris pour cible ?
L’écologie mérite mieux que ça. Elle mérite la pédagogie, le respect, la compréhension, et surtout… l’humilité.

Yann GOURIOU est rédacteur et responsable éditorial de MyJournal.fr. Passionné d’actualité, de société et de récits de vie, il signe chaque article avec une approche humaine, sensible et engagée. Installé en Bretagne, il développe un journalisme proche du terrain, accessible et profondément ancré dans le quotidien des Français.
