Ismaël : « Et si cette flamme que l’on honore depuis plus d’un siècle, symbole du sacrifice suprême, devenait un simple briquet pour un passant sans mémoire ? »
Le souffle d’un homme… contre le souffle de l’Histoire
La scène paraît irréelle, presque absurde, si elle n’était pas aussi profondément grave. Le 5 août 2025, sous l’Arc de Triomphe, en plein cœur de Paris, un passant s’accroupit doucement devant une flamme. Ce n’est pas n’importe quelle flamme. C’est la flamme éternelle du Soldat inconnu, allumée sans interruption depuis 1923 pour honorer les morts de la Première Guerre mondiale et, plus largement, tous ceux tombés pour la France.
Mais ce jour-là, à la stupeur de plusieurs témoins, ce symbole sacré devient… un briquet. L’homme, sans gène apparente, allume sa cigarette directement sur la flamme, le tout filmé par une touriste lettone. En quelques heures, la vidéo fait le tour des réseaux sociaux, notamment sur TikTok puis sur X (ex-Twitter). L’indignation enfle. Et très vite, la machine judiciaire et politique se met en branle.
Le geste de trop
Dans le flot d’images virales, celle-ci tranche par son caractère choquant, presque blasphématoire. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, réagit immédiatement : « Un geste indigne et misérable. Une insulte à la mémoire nationale. » Il exige que la justice soit saisie sans délai.
Patricia Mirallès, secrétaire d’État chargée des Anciens Combattants, parle d’un acte « profondément indigne » et confirme dès le lendemain avoir saisi le parquet.
Dans un pays où la mémoire des morts pour la patrie est sacrée, allumer une cigarette avec la flamme du souvenir national ne passe pas. Surtout pas ici, au cœur de Paris, au pied d’un monument visité par des millions de personnes chaque année.
Une garde à vue et un passé chargé
L’homme interpellé, né en 1978 et de nationalité marocaine, n’en est pas à sa première confrontation avec la justice. Déjà connu des services de police pour divers délits, il reconnaît sans peine les faits en garde à vue. Il explique, dans un état flou, ne pas avoir mesuré la portée de son geste.
Mais pour l’État, cette explication ne suffit pas.
Que dit la loi ? Une flamme… et la justice qui s’enflamme
L’acte est qualifié de profanation d’un monument édifié à la mémoire des morts. Un délit puni par l’article 225-17 du Code pénal, qui prévoit :
« La profanation d’un monument ou lieu édifié à la mémoire des morts est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. »
Si elle est accompagnée d’une atteinte à l’intégrité d’un cadavre (ce qui n’est pas le cas ici), la peine peut monter à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Dans cette affaire, le geste n’est ni une dégradation physique de la flamme, ni une destruction. Mais il reste une profanation symbolique d’un haut lieu de mémoire.
Un homme bientôt expulsé ?
Comme l’a annoncé BFMTV, l’homme en question va se voir retirer son titre de séjour. Cette procédure administrative est engagée par le ministère de l’Intérieur au titre d’atteinte à l’ordre public. L’expulsion du territoire français est donc une option très sérieuse.
La France choquée… et vigilante
Ce geste a suscité une vive émotion au sein de la population. Pour beaucoup, cette affaire n’est pas qu’un fait divers : Elle touche à l’âme de la République.
Le Soldat inconnu, dont l’identité reste encore aujourd’hui un mystère, représente le sacrifice de tous les soldats tombés pour la liberté. Cette flamme, ravivée chaque jour à 18h30 depuis un siècle par des anciens combattants, est bien plus qu’une flamme. Elle est mémoire. Elle est respect. Elle est silence.
Alors, qu’un homme ose s’en approcher pour allumer sa cigarette, comme s’il s’agissait d’un simple barbecue d’été, soulève des interrogations profondes sur la conscience collective, le respect des symboles, et l’intégration.
Ce que cette histoire raconte de nous
Ce geste malheureux, au-delà de sa bêtise, interroge. Non seulement sur l’individu, mais aussi sur le rapport des citoyens aux symboles nationaux. Pourquoi ce manque de repère ? Pourquoi cette désacralisation des lieux de mémoire ?
L’indignation collective est légitime. Mais peut-elle, doit-elle, s’accompagner d’une réflexion plus large sur la transmission de l’Histoire, le civisme, le respect des morts et des vivants ? Ou la flamme du Soldat inconnu est-elle devenue un monument parmi d’autres, que l’on traverse sans le voir… sauf pour s’en servir ?