Le tribunal administratif de Grenoble ordonne la délivrance d’un titre provisoire de séjour à Imad Tintin avant le 29 juillet.

La justice annule l’OQTF prononcée contre l’influenceur algérien Imad Tintin

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Imad Tintin : Quand une OQTF devient une porte entrouverte vers la rédemption

Grenoble, un matin brûlant de juillet. L’air est lourd, l’atmosphère tendue. Les regards se croisent dans les couloirs du tribunal administratif comme dans une salle d’attente avant le verdict du destin. Au centre de l’attention, un homme à la silhouette discrète mais au nom désormais chargé de controverses : Imad Ould Brahim, plus connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme d’Imad Tintin.

Né en Algérie, installé en France, l’homme s’est construit une notoriété contestée sur TikTok, plateforme sur laquelle il avait publié des vidéos aux propos jugés violents, voire haineux, par certains observateurs. En janvier 2025, la préfecture de l’Isère prend une décision tranchante : Une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) est prononcée à son encontre. Motif : Menace à l’ordre public.

Mais ce que l’État ignorait alors, c’est qu’entre-temps, une petite vie venait tout changer.

Un bébé, un tournant, un droit ignoré

Le 14 décembre 2024, la fille d’Imad Tintin naît en France. Sa compagne est française. Le lien familial, tangible, irréfutable. Or, un accord bilatéral entre la France et l’Algérie, souvent méconnu du grand public, prévoit qu’un Algérien peut obtenir un titre de séjour d’un an dès lors qu’il exerce une autorité parentale ou contribue à l’entretien d’un enfant français. Une réalité juridique qui va changer la donne.

Imad, soutenu par son avocat, entame un recours contre l’OQTF. L’enjeu est clair : Démontrer qu’au-delà de ses errances sur les réseaux sociaux, il est un père, un citoyen en devenir, un homme qui a une famille sur le sol français.

Une audience décisive et un jugement inattendu

Le 21 juillet 2025, la justice tranche. Le tribunal administratif de Grenoble annule l’OQTF, et exige de la préfecture de l’Isère qu’elle délivre une autorisation provisoire de séjour (APS) avant le 29 juillet. Cette mesure permettra à Imad de rester en France, d’y travailler, et surtout, de présenter une demande de titre de séjour « vie privée et familiale », comme le prévoit la loi.

Les juges n’ont pas balayé le passé d’un revers de main. Ils l’ont examiné, pesé, confronté aux garanties d’aujourd’hui. La justice n’a pas ignoré ses propos passés, mais elle a reconnu la force supérieure du droit à la vie familiale, dans le cadre d’un traité entre deux nations.

Une liberté conditionnelle sur fond de controverses

Imad Tintin n’est pas un inconnu. Sur TikTok, il est suivi, critiqué, signalé. En janvier 2025, ses vidéos avaient fait grand bruit. Il appelait à « brûler vif« , à « tuer« , à « violer« , des propos hallucinants et inacceptables, pour lesquels il avait été placé en détention provisoire, puis condamné en juin à une amende de 450 euros, sans prison ferme.

Mais la justice française n’a pas confondu les procédures pénales et le droit administratif. Elle a refusé de faire de lui un homme banni à vie sur la seule base de ses publications, aussi scandaleuses fussent-elles.

Un enjeu diplomatique en toile de fond

Ce jugement ne peut pas être lu sans en comprendre les implications géopolitiques. Depuis plusieurs années, les relations entre Paris et Alger s’enveniment. Le retour des ressortissants algériens sous OQTF devient un sujet ultrasensible. L’Algérie, dans de nombreux cas, refuse les laissez-passer consulaires. Le bras de fer est permanent.

Dans ce contexte, le respect de l’accord franco-algérien de 1968 prend une nouvelle dimension. Le cas Imad devient alors emblématique : Il rappelle que la France, malgré les crispations, reste tenue par des textes juridiques, et que la justice n’est pas là pour satisfaire les pulsions sécuritaires, mais pour appliquer la loi, même impopulaire.

Une rédemption possible ?

Imad Tintin va-t-il en profiter pour se réinventer ? Sera-t-il à la hauteur de la seconde chance qui lui est offerte ? Ces questions restent ouvertes. Pour l’heure, il doit obtenir son APS, déposer un dossier complet à la préfecture, prouver sa stabilité familiale, son engagement dans une vie nouvelle. La justice a ouvert une porte, mais c’est à lui de la franchir.

La République face à elle-même

L’affaire Imad Tintin cristallise tout ce que la République française redoute et revendique : La sécurité, la liberté, le respect des droits fondamentaux, même pour ceux qui ont pu la mépriser par le passé. Elle montre que notre État de droit sait encore séparer les faits des intentions, le dérapage de l’irréversible, l’homme du personnage.

La préfecture a été déboutée. La justice a tranché. Et désormais, Imad Tintin ne fuit plus. Il reste. Non pas en fugitif, mais en père sous surveillance, en citoyen en devenir, en homme à réhabiliter ou à condamner plus tard — mais jamais sans procès équitable.

1 thought on “La justice annule l’OQTF prononcée contre l’influenceur algérien Imad Tintin

  1. Bref, dans ce cas précis, qui se généralise à grande vitesse, il suffit de féconder une femme française pour déposer, à ‘l’ issue de la grossesse, une demande de titre de séjour. Moins de boulot pour les préfectures.
    Le réarmement démographique est en marche.

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