Immigration : Retailleau reprend une proposition du RN et séduit de plus en plus d’élus avec l’idée d’un référendum

Mélinda : « Quand j’ai vu Bruno Retailleau parler de référendum sur l’immigration, j’ai eu comme un écho : Est-ce encore la droite, ou déjà le RN qui s’exprime à travers lui ? »

Immigration : Quand Bruno Retailleau réveille une idée du Rassemblement National

Ce 7 août 2025, Paris s’est réveillée avec une annonce qui n’a laissé personne indifférent. Au lendemain de la censure partielle de la loi immigration par le Conseil Constitutionnel, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a annoncé deux choses : La rédaction immédiate d’un nouveau texte sur la rétention des étrangers jugés dangereux, et surtout, la possibilité d’un référendum sur l’immigration. Une mesure aussi spectaculaire que symbolique… et surtout, inspirée directement du programme historique du Rassemblement National.

Retour en arrière : Une idée qui vient de loin

Cela fait plus de vingt ans que le Front National, devenu Rassemblement National, réclame un référendum sur l’immigration, pour contourner ce que le parti considère comme un carcan institutionnel, médiatique et juridique.

Jean-Marie Le Pen en parlait déjà en 1997. Marine Le Pen l’a inscrit dans ses programmes présidentiels. Et Jordan Bardella, lors des « États généraux de l’immigration » organisés par le RN en mars 2024, en a fait un pilier de son projet politique.

Aujourd’hui, c’est Bruno Retailleau, figure LR nommée ministre de l’Intérieur, qui reprend cette proposition à son compte, sans la nommer, mais sans vraiment s’en démarquer non plus. L’ombre du Rassemblement National plane désormais au sommet de l’État.

Retailleau, le verbe ferme et la stratégie claire

Censurée par le Conseil constitutionnel, la mesure qui prévoyait de tripler la durée maximale de rétention administrative des étrangers sous OQTF — jusqu’à 210 jours — n’aura pas vécu longtemps. Mais le ministre de l’Intérieur, loin d’abdiquer, a immédiatement contre-attaqué, comme le rapporte TF1 Info dans son article du 8 août 2025.

« Je présenterai un texte modifié, plus conforme, mais tout aussi efficace. Et si le droit nous empêche d’avancer, c’est peut-être au peuple de décider. »

Par cette dernière phrase, Retailleau relance clairement l’idée d’un référendum, et rejoint ainsi la stratégie politique du RN, en l’assumant de plus en plus ouvertement.

De plus en plus d’élus glissent vers les thèses du RN

Retailleau n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs mois, les digues idéologiques entre la droite classique et l’extrême droite s’effritent à grande vitesse.

• Des maires LR comme Éric Ciotti, Julien Aubert, ou Laurent Wauquiez tiennent des discours de plus en plus proches de ceux de Jordan Bardella.
• Plusieurs sénateurs et députés de la majorité présidentielle eux-mêmes valident en coulisses des idées jadis qualifiées d’extrémistes.
• Dans les rangs de la droite sénatoriale, l’idée d’un référendum sur l’immigration fait désormais consensus.

L’idée selon laquelle le RN avait raison avant tout le monde, longtemps taboue, commence à circuler dans les travées de l’Assemblée et du Sénat. Et Retailleau, fin stratège, capte cet électorat de droite radicalisée sans basculer officiellement du côté RN.

Le Conseil Constitutionnel : Un bouc émissaire commode

Le Conseil constitutionnel, garant des libertés fondamentales, est désormais régulièrement critiqué. Certains élus vont jusqu’à demander sa réforme voire sa suppression, comme l’a évoqué le RN. Une rhétorique qui, là encore, reflète une convergence idéologique inquiétante entre droite et extrême droite.

Retailleau, sans le dire frontalement, utilise la décision des Sages comme un levier politique :

« On ne peut plus rien faire dans ce pays sans être bloqué par le droit. Le peuple doit reprendre le pouvoir. »

Référendum : Vers un scénario à l’italienne ?

Si un référendum devait être organisé, il ne concernerait pas seulement la rétention. Il pourrait aborder des sujets plus larges : Réduction du droit du sol, quotas migratoires annuels, accès aux prestations sociales, priorité nationale.

Un tel référendum bouleverserait durablement la vie politique française. Il signerait la validation par les urnes des thèses du Rassemblement National, tout en restant sous l’étiquette d’un gouvernement « républicain ».

La ligne rouge est-elle déjà franchie ?

En reprenant l’idée du référendum sur l’immigration, Bruno Retailleau a ouvert une brèche. Il l’a fait sous couvert de légalité, de pragmatisme, de réponse à une demande populaire. Mais le fond est limpide : C’est le Rassemblement National qui voit ses idées triompher, une à une, dans les discours du pouvoir.

Le plus troublant ? C’est que cela ne choque plus grand monde. Au contraire, les ralliements se multiplient. Et certains, à gauche comme à droite, redoutent déjà que la prochaine grande réforme sur l’immigration — ou la prochaine victoire électorale — ne porte plus les couleurs du RN, mais celles d’un gouvernement qui en aura simplement adopté les idées.

👉 Article basé sur les faits réels publiés par TF1 Info et Le Monde.