Léa : « En lisant un vieux manuscrit, j’ai découvert qu’à Rome, on taxait même l’urine ! Mais cela m’a donné envie de savoir : Quels sont les impôts les plus étranges à travers l’Histoire, et pourquoi les hommes ont-ils toujours été si inventifs pour taxer tout et n’importe quoi ? »
Depuis l’aube des civilisations, les dirigeants ont toujours trouvé des moyens pour remplir les caisses de l’État. Si certaines taxes semblent aujourd’hui logiques ou nécessaires, d’autres, au fil des siècles, paraissent si absurdes qu’elles frôlent le ridicule. Entre créativité et absurdité, l’histoire des impôts est une fascinante plongée dans les priorités et les mentalités des sociétés à travers les âges.
L’Antiquité : Des taxes entre pragmatisme et bizarrerie
- Quand l’urine valait de l’or à Rome
Dans la Rome antique, l’empereur Vespasien, soucieux d’assainir les finances de l’Empire, imposa une taxe inattendue : Une redevance sur l’urine. Les « vespasiennes« , ces toilettes publiques, étaient des lieux où l’urine des citoyens était collectée. Ce liquide, riche en ammoniaque, était ensuite revendu pour des usages industriels comme le tannage des peaux ou le nettoyage des tissus. Lorsqu’on critiqua Vespasien pour ce choix étrange, il répondit par une phrase devenue célèbre : Pecunia non olet (« L’argent n’a pas d’odeur »). Cette maxime reste un symbole de pragmatisme fiscal.
- Les taxes sur la liberté et les animaux
Les Romains imposaient également une taxe sur l’affranchissement des esclaves, faisant de chaque libération un acte coûteux. Par ailleurs, l’Empire taxait des biens surprenants comme les moutons, les chameaux ou encore les navires, rendant la vie des commerçants plus compliquée.
- Les fraudeurs publics de Dioclétien
L’empereur Dioclétien poussa la fiscalité encore plus loin en rendant publiques les déclarations fiscales des citoyens. Cette mesure visait à dénoncer les fraudeurs fiscaux et à les exposer à la honte sociale. Une manière audacieuse – et radicale – d’encourager la transparence.
Moyen Âge : La naissance de taxes aux allures de punition
- La gabelle du sel : Une taxe indispensable et cruelle
Le sel était au Moyen Âge une denrée essentielle pour conserver les aliments. Sa rareté et sa valeur firent de lui un produit stratégique. Les rois de France imposèrent la gabelle, une taxe obligatoire sur l’achat de sel. Les contrebandiers, appelés « faux-sauniers« , risquaient la peine de mort pour avoir vendu du sel sans passer par le monopole royal.
- Les fenêtres et cheminées sous surveillance
En Angleterre, dès le XVIIe siècle, une taxe sur les fenêtres et cheminées fut introduite. Elle visait à taxer les riches, qui possédaient de grandes maisons, mais finit par pénaliser les classes modestes. En France, cette idée fut reprise après la Révolution, marquant la fiscalité sous un angle plus égalitaire, mais toujours pesant.
- La taxe sur les barbes et perruques
En Russie, Pierre le Grand instaura une taxe sur les barbes pour inciter ses sujets à adopter la mode occidentale. En Angleterre, au même moment, les perruques étaient elles aussi soumises à une fiscalité stricte, témoignant d’une époque où l’apparence devenait une source de revenus pour l’État.
XIXe siècle : Entre discriminations et absurdités
- Taxe sur les seins en Inde
En 1812, certaines régions du sud de l’Inde imposaient une taxe aux femmes en fonction de la taille de leur poitrine. Pour avoir le droit de se couvrir en public, elles devaient payer cette redevance inique. Cette pratique fut abolie suite aux soulèvements populaires contre cette injustice flagrante.
- L’impôt sur les Chinois au Canada
Entre 1885 et 1923, le Canada imposa un « head tax » sur chaque immigrant chinois, cherchant à limiter leur arrivée tout en profitant de leur travail acharné sur les chemins de fer. Cet impôt discriminatoire est aujourd’hui reconnu comme une erreur historique.
XXe et XXIe siècles : La fiscalité moderne et ses extravagances
- Loi Metabo au Japon : Taxer le surpoids
En 2008, le Japon adopta une loi pour lutter contre l’obésité. Les entreprises employant des salariés en surpoids étaient contraintes de payer des taxes supplémentaires, incitant à promouvoir une hygiène de vie stricte. Cette loi reste controversée mais reflète l’importance donnée à la santé publique.
- Tatouages et bronzage : Des taxes sur l’apparence
Aux États-Unis, l’État de l’Arkansas taxe depuis 2005 les services de tatouages et piercings, les considérant comme des produits de luxe. En Allemagne, la ville d’Essen impose une redevance de 20 euros par mois aux salons de bronzage, un impôt visant à freiner les excès de bronzage artificiel.
- Taxe sur le bruit en Italie
Certaines communes italiennes imposent des taxes aux établissements générant trop de bruit, allant des boîtes de nuit aux bars en plein air. Une mesure visant à préserver la tranquillité publique tout en renflouant les caisses locales.
Des taxes révélatrices des sociétés
Ces impôts farfelus, qu’ils soient injustes ou pragmatiques, montrent à quel point la fiscalité est le miroir des priorités politiques, économiques et sociales de chaque époque. Si certaines taxes ont disparu, d’autres continuent de nous étonner par leur originalité. Qu’il s’agisse de l’urine, du sel ou des tatouages, l’histoire des impôts est une leçon d’imagination… et parfois d’absurdité.