jeu de société préfecture Var

Immigration : Le jeu de société « Républi’cités », créé par la préfecture du Var, fait polémique

SOCIETE
Républi’cités

Dans le Var, un jeu de société imaginé par la préfecture fait grand bruit. Baptisé « Républi’cités », il se voulait un outil pédagogique pour sensibiliser les étrangers aux valeurs républicaines. Mais le concept a vite tourné à la polémique. Associations, internautes et élus locaux dénoncent un ton jugé condescendant, voire stigmatisant.

Un projet censé rapprocher, qui finit par diviser.

Tout commence par une idée : Faciliter l’intégration des étrangers dans le département à travers un support ludique. « Républi’cités » s’inspire des jeux de plateau classiques. Les participants y avancent case après case, en répondant à des questions sur la République, la laïcité, les droits et les devoirs des citoyens français.

Sur le papier, l’intention semblait noble : Encourager la compréhension du cadre républicain et des règles de vie en société.

Mais dès sa présentation publique, le jeu a provoqué un torrent de critiques. Les associations d’aide aux migrants et plusieurs élus ont dénoncé une initiative « maladroite » et « infantilisante ».

Pour beaucoup, faire jouer des demandeurs de titre de séjour à un « jeu citoyen » revenait à banaliser les difficultés réelles de l’intégration et à transformer un parcours administratif souvent douloureux en divertissement d’un autre temps.

« Ce n’est pas un jeu, c’est notre vie »

Parmi les réactions les plus fortes, celles des associations locales qui accompagnent les étrangers dans leurs démarches. Certaines y voient une instrumentalisation symbolique de la République, comme si la citoyenneté pouvait s’obtenir en lançant un dé.

Une militante toulonnaise dénonce : « On ne devient pas Français parce qu’on a tiré le bon chiffre, mais parce qu’on partage une histoire, un engagement et une expérience vécue. »

Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont rapidement fleuri, oscillant entre moquerie et colère : « Ils ont créé le Monopoly de la Préfecture ! » ironisent certains, quand d’autres s’indignent : « La République n’est pas un plateau de jeu ! »

La préfecture tente d’éteindre l’incendie

Face à la montée des critiques, la préfecture du Var a tenu à préciser que « Républi’cités » ne remplaçait aucun dispositif officiel et ne visait qu’à favoriser les échanges interculturels.

Selon elle, le jeu aurait été conçu dans un esprit « pédagogique et participatif », destiné à stimuler la discussion autour des valeurs de la République.

Mais le mal était fait. Le mot « jeu » lui-même, accolé à des notions aussi sérieuses que la laïcité ou la citoyenneté, a suffi à déclencher une vague d’incompréhension.

D’autant que, dans un contexte où le débat sur l’intégration et l’immigration reste explosif, ce type d’initiative apparaît pour beaucoup comme une maladresse de communication de plus.

La préfecture crée un jeu de société pour étrangers

Un débat révélateur du malaise républicain

Au-delà du cas varois, « Républi’cités » révèle un malaise plus profond : Comment parler de la République à ceux qui la découvrent sans les infantiliser ? Comment enseigner les valeurs communes sans donner le sentiment d’un discours vertical, imposé d’en haut ?

Entre volonté d’inclusion et communication institutionnelle, la frontière est parfois ténue.

Certains défenseurs du projet estiment au contraire que ce jeu a le mérite d’exister. « Si cela permet de dialoguer autrement, pourquoi pas ? » répond un agent préfectoral sous couvert d’anonymat.

Mais le symbole reste fort : Un jeu créé par l’État pour « enseigner » la République à des étrangers, dans un département où la question migratoire divise déjà, ne pouvait qu’alimenter la tempête.

Une polémique symptomatique de l’époque

L’affaire « Républi’cités » illustre la tension permanente entre pédagogie et politique dans le traitement de l’immigration en France.

À une époque où chaque initiative est scrutée, comment une préfecture pouvait-elle ignorer le risque de polémique ?

L’intention d’éduquer ne suffit plus — L’image compte désormais autant que le fond.

La République, disent certains, n’a pas besoin d’être « jouée » mais vécue. D’autres défendent le projet comme une tentative sincère d’ouvrir le dialogue.

Entre pédagogie et maladresse, la frontière semble décidément bien fragile.

Un jeu qui n’amuse personne

Au final, « Républi’cités » aura fait parler de lui pour de mauvaises raisons. Ce qui devait être une expérience d’intégration participative s’est transformé en symbole d’une communication étatique déconnectée des réalités humaines.

Selon Valeurs Actuelles, la polémique pourrait même contraindre la préfecture à revoir sa copie ou à suspendre l’initiative, le temps que l’émotion retombe.

Laisser un commentaire