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Justice : « Une partie de nos peines ne sont jamais effectuées ou trop tardivement », déplore la Magistrate Béatrice Brugère

SOCIETE

Marie, une mère de famille inquiète pour l’avenir de ses enfants, se réveille chaque matin avec une question obsédante : Pourquoi la justice semble-t-elle si souvent impuissante ? Chaque soir, en écoutant les nouvelles, elle entend parler de crimes, de sanctions annoncées mais rarement appliquées, et d’un système judiciaire qui semble dépassé. Cette interrogation, partagée par des millions de Français, trouve un écho particulier dans les paroles de Béatrice Brugère, Magistrate et secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats-FO.

Dans un contexte où 41% des condamnations à de la prison ferme ne sont jamais exécutées et où les délais judiciaires s’allongent sans fin, Mme Brugère dresse un constat glaçant : « Aujourd’hui, nous sommes dans une impasse. On ne sait plus punir, on punit mal, on punit trop tard, souvent à contretemps et à contresens. » Une critique sans complaisance, qui résume le malaise profond de la justice française.

Un système judiciaire sous pression

La France ne manque pas de lois ni de juges. Pourtant, les décisions judiciaires peinent à se traduire par des actes concrets.

Le problème est multiple :

  • Manque de places dans les prisons : En comparaison avec d’autres pays européens, la France souffre d’un retard criant en matière d’infrastructures pénitentiaires. Ce déficit contribue à l’inexécution de nombreuses peines de prison ferme.
  • Un système d’aménagement trop permissif : Selon Mme Brugère, « en France, nous avons quasiment un droit à l’aménagement des peines. » Les condamnés à des peines courtes bénéficient souvent d’un aménagement automatique, ce qui alimente un sentiment d’impunité.
  • Délais de procédure interminables : Entre les lenteurs administratives et la complexité des procédures, certaines affaires traînent des années avant d’aboutir, souvent trop tard pour avoir un impact réel.

Ce dysfonctionnement global n’est pas sans conséquence sur la société. Les citoyens perdent confiance dans la justice, comme en témoigne un sondage récent : 51% des Français ne font plus confiance à leur système judiciaire.

La colère des policiers et des citoyens

La justice ne concerne pas seulement les tribunaux. Elle est aussi un pilier essentiel pour les forces de l’ordre. Or, de nombreux policiers se disent frustrés de voir leurs efforts réduits à néant par des peines non appliquées ou jugées trop clémentes. Cette frustration alimente un cercle vicieux de défiance mutuelle entre les institutions judiciaires et policières.

Quant aux citoyens, ils se sentent abandonnés face à une criminalité en hausse. Pour Mme Brugère, cette situation n’est pas uniquement due à un manque de moyens, mais aussi à des « postures internes à la magistrature qui nuisent à la justice ». Elle pointe du doigt certaines idéologies politiques présentes au sein de la magistrature, qu’elle juge incompatibles avec les réalités du terrain.

Un appel à la simplification

Pour Béatrice Brugère, la solution passe par un « choc de simplification ». Elle appelle à revoir entièrement le système judiciaire, avec plusieurs propositions clés :

  1. Augmenter le nombre de places de prison : Cette mesure permettrait de garantir l’exécution des peines prononcées.
  2. Simplifier les procédures : Réduire la complexité administrative pour accélérer les jugements.
  3. Appliquer strictement les peines : Mettre fin à l’aménagement quasi automatique des peines courtes.
  4. Renforcer la loyauté dans les procédures : Pour restaurer la confiance, elle insiste sur la nécessité de valeurs de vérité et de transparence.

Une justice attractive pour les criminels

Dans son ouvrage Justice : La colère qui monte, Mme Brugère alerte sur une conséquence inattendue des failles du système judiciaire français : Son attractivité pour les organisations criminelles.

« Les organisations criminelles font une étude d’impact pour savoir où se déployer avec le moins de risques policiers ou pénaux, et la France a une très bonne note. » Ce constat souligne l’urgence de réformes pour inverser cette tendance.

Une justice à reconstruire

Le constat de Béatrice Brugère est sans appel : La justice française doit être réinventée. Dans un contexte où la criminalité évolue et se mondialise, la France ne peut plus se permettre d’avoir un système judiciaire à bout de souffle.

Pour Marie, comme pour des millions d’autres citoyens, cette réforme est essentielle. Elle représente l’espoir d’un avenir où la justice ne sera plus synonyme de frustration, mais d’efficacité et d’équité. Les propos de Mme Brugère résonnent comme un appel à l’action : Pour restaurer la confiance, il faut des actes forts et immédiats.

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