Manon : « Mon grand-père passe ses journées seul depuis le décès de ma grand-mère… Un jour, j’ai vu une publicité qui proposait de louer un ami. Est-ce une folie, ou une solution pour qu’il retrouve un peu de joie de vivre ? »
Manon avait tout tenté. Depuis le décès brutal de sa grand-mère, son grand-père Jacques, 82 ans, s’était renfermé dans un silence opaque. Dans son appartement du Val-de-Marne, les volets restaient clos toute la journée, et même les appels quotidiens de sa petite-fille ne parvenaient plus à percer la brume de son isolement. Jusqu’au jour où Manon tomba par hasard sur un reportage diffusé dans Bonjour ! La Matinale sur TF1.
Le sujet ? Un concept aussi surprenant que déconcertant : Louer un ami, tout simplement.
Elle hésita. Puis, un soir de juillet, elle inscrivit son grand-père sur UrFriendly, l’une des premières plateformes françaises à proposer ce service. Le profil qu’elle sélectionna évoquait un jeune homme doux, discret, amateur de pêche et de balades. Exactement ce qu’aimait Jacques autrefois.
Une réponse nouvelle à un mal ancien
Le 29 juillet 2025, TF1 Info consacre une séquence entière à un phénomène qui gagne du terrain en France : La location d’amis. Le concept, déjà bien implanté aux États-Unis et au Japon, commence à séduire les Français, dans un contexte de solitude grandissante à tous les âges de la vie.
Le reportage cite plusieurs chiffres frappants. Selon une étude récente de la Fondation de France, 35 % des 25–39 ans se disent isolés, contre seulement 15 % en 2018. Chez les seniors, c’est pire encore : Plus de 2 millions de personnes âgées souffrent de solitude aiguë, selon le baromètre des Petits Frères des Pauvres. Des chiffres qui donnent le vertige, et qui expliquent en partie le succès fulgurant de plateformes comme UrFriendly, créée en 2024 à Paris par un ancien infirmier en gériatrie.
UrFriendly : Louer un moment de présence
Le fonctionnement est simple. Sur UrFriendly, on choisit un profil en fonction de ses goûts, de son âge, de ses centres d’intérêt. Certains recherchent un partenaire pour aller au cinéma, d’autres une oreille attentive autour d’un café, ou un compagnon de balade dans un parc. Les tarifs tournent autour de 20 € de l’heure. C’est cher, penseront certains. Mais quand l’alternative est le silence ou la dépression, le choix est vite fait.
La plateforme se défend de toute ambiguïté. Pas de service sexuel, pas de relation affective imposée, seulement une présence bienveillante et humaine, le temps d’un après-midi ou d’un repas. Tous les profils sont vérifiés, assure UrFriendly, et un premier appel téléphonique permet de confirmer la compatibilité.
Le cas de Jacques : Du silence à la renaissance
C’est donc par l’intermédiaire de Manon que Jacques rencontra Alexandre, 28 ans, passionné de pêche et ancien animateur en centre de loisirs. Leur première sortie fut timide. Une balade le long de la Marne. Jacques ne parlait pas beaucoup, mais il écoutait. Alexandre lui parlait de ses propres grands-parents, de ses souvenirs d’enfance, de ses lectures. À la fin de la promenade, Jacques proposa timidement de se revoir.
Une fois. Puis deux. Puis chaque semaine.
Aujourd’hui, ils se retrouvent sans même passer par la plateforme. Jacques l’invite à déjeuner. Il a ressorti sa vieille canne à pêche et ses bottes. Il ne regarde plus BFM toute la journée. Il rit. Il vit.
« Je ne savais pas qu’on pouvait acheter un peu de lumière », dit-il un jour à Manon. « Mais parfois, il suffit d’une étincelle payée une heure… pour rallumer tout un feu. »
Une tendance qui questionne
Bien sûr, le concept n’échappe pas à la critique. Certains dénoncent la marchandisation des liens sociaux, un capitalisme de l’intimité où même l’amitié devient une prestation. D’autres pointent les risques d’abus, de dépendance affective ou de dérives tarifaires.
Mais pour ceux qui en bénéficient, le service est clair : Ce n’est pas de l’amitié, c’est de la présence temporaire, un intermédiaire, un moyen de rompre l’isolement en attendant mieux. En cela, il ne remplace pas les vrais liens, mais il les prépare parfois. Et il peut même, comme pour Jacques, en créer de nouveaux.
Les fondateurs d’UrFriendly précisent qu’ils souhaitent développer des partenariats avec les mairies, les associations de quartier et les EHPAD, afin d’offrir des services gratuits ou à tarif solidaire aux plus modestes.
Une réponse sociétale à un mal invisible
Ce phénomène est le symptôme d’un mal plus profond. La solitude, en France comme ailleurs, est une épidémie silencieuse. Elle ne fait pas la une, ne provoque pas de manifestation, ne se voit pas sur un bulletin de vote. Et pourtant, ses conséquences sont lourdes : Dépression, perte d’autonomie, repli, voire suicide chez les plus âgés.
La location d’amis peut sembler dérangeante au premier abord. Mais elle a le mérite d’exister, là où les politiques sociales échouent encore à créer du lien. Elle répond avec pragmatisme à une faille béante de notre société : Le besoin fondamental de présence humaine.
Le cas du Japon : Un miroir de ce que la France devient ?
Au Japon, ce type de service existe depuis plus de dix ans. Là-bas, on peut louer un mari, une épouse, un faux collègue pour faire bonne figure à un mariage, ou même un père pour accompagner un enfant à l’école. Le tout organisé par des agences, avec devis, contrats et heures facturées. La France en est encore loin. Mais le fait que ce modèle inspire les créateurs de startups françaises en dit long sur l’évolution de nos besoins sociaux.
Louer un ami, ou acheter une chance de vivre mieux ?
Pour Manon, il n’y a plus de doute. Ce service a sauvé son grand-père d’un effondrement silencieux. Et pour Jacques, la compagnie d’Alexandre a peut-être commencé par un clic… mais elle est devenue réelle. C’est cela, la nuance. Ce n’est pas l’argent qui crée le lien. C’est ce qu’on en fait.
🔍 Informations clés résumées
Éléments | Données |
---|---|
Service | UrFriendly |
Tarif moyen | 20 €/heure |
Lancé en France | 2024 |
Cibles principales | Seniors isolés, jeunes adultes solitaires |
Origine du concept | Japon, États-Unis |
Plateforme mentionnée | TF1 Info (29 juillet 2025) |
Franchement, j’ai halluciné en voyant ce reportage sur TF1. Louer un ami ? Sérieusement ? On en est là ? Je trouve ça complètement débile. Depuis quand l’amitié se paye à l’heure, comme un Uber ? On vit déjà dans une société où tout se monnaye, où les gens sont de plus en plus seuls parce qu’on a laissé tomber les liens réels, les voisins, les familles, les amis d’enfance… Et maintenant on vient nous vendre de la compagnie comme un service à la carte ? C’est triste à pleurer.
Pour moi, c’est pas une solution, c’est un symptôme. Le symptôme d’une époque où plus rien n’a de valeur à part l’argent. À ce rythme-là, on pourra bientôt louer un frère, une mère, ou un faux deuil pour des funérailles. Moi, je dis stop. L’amitié, la vraie, c’est quelque chose qui se construit. Pas un créneau à 20 euros de l’heure. Et ce genre de concept ne fait que renforcer la solitude au lieu de la guérir.