Clara : « Et si le barrage républicain était mort sans faire de bruit, enterré sous les calculs électoraux ? Clara se demande : “Pourquoi Les Républicains ont-ils préféré tendre la main au RN plutôt qu’à la gauche démocratique ?” »
Du “ni-ni” au “tout sauf LFI” : Quand Les Républicains ont choisi leur camp
Le 7 juillet 2024, au soir du second tour des élections législatives anticipées, une onde de choc silencieuse traverse l’échiquier politique français. Si les regards se tournent vers les vainqueurs – une coalition de gauche à la majorité relative – les caméras ratent ce qui se joue dans l’ombre : une trahison, ou peut-être un aveu. Celui d’un parti, Les Républicains, qui abandonne le cœur de son héritage politique pour flirter, parfois ouvertement, avec l’extrême droite.
Pour comprendre cette bascule, il faut remonter quelques semaines en arrière.
Le 9 juin : La dissolution qui a tout changé
Ce dimanche-là, Emmanuel Macron provoque une déflagration. À peine les résultats des élections européennes tombés – avec une victoire écrasante du RN de Jordan Bardella à 31,4 % – le président annonce la dissolution de l’Assemblée Nationale. C’est un pari fou. En 21 jours, la France doit se doter de nouveaux députés. La droite est prise de court. La gauche se rassemble en quelques jours derrière une bannière commune : le Nouveau Front Populaire. Le RN, lui, est en embuscade, gonflé à bloc. Et LR ? Il tangue.
Dans les états-majors républicains, le mot d’ordre ancestral du “ni‑ni” – ni RN, ni gauche radicale – ne suffit plus à masquer le vertige stratégique. Dans le Sud, dans l’Est, dans les terres où l’électorat de droite a glissé depuis longtemps vers le vote RN, les permanences LR sont désertées. Les élus locaux pressent la direction : “On ne gagnera pas en s’opposant au RN. Il faut faire alliance.” Et un homme entend ces appels.
Éric Ciotti : Le détonateur
Le 11 juin, à Nice, Éric Ciotti sort du silence. Il appelle à une alliance électorale avec le Rassemblement National. Une ligne rouge franchie, un tabou brisé. En quelques heures, le bureau politique de LR annonce son exclusion. Ciotti contre-attaque. Il conteste la légalité du vote, refuse de quitter ses fonctions de président du parti. La guerre civile commence chez Les Républicains.
Mais le plus marquant n’est pas le bras de fer institutionnel. Ce sont les actes. Dans 61 circonscriptions, LR et RN présentent des candidats communs. Pas toujours officiellement, mais les faits sont là. À Mayotte, à Fréjus, à Béziers, à Perpignan, on voit apparaître sur les affiches électorales des logos flous, des couleurs partagées, des soutiens croisés. Des élus LR appellent à voter RN “pour éviter LFI”. Le “ni‑ni” est enterré.

Le “tout sauf LFI” : Une nouvelle doctrine
Pour les candidats LR restés dans la ligne traditionnelle, le second tour devient un supplice. Dans des dizaines de triangulaires, le choix est clair : un RN face à un candidat du Front Populaire, souvent LFI. Que faire ? Appeler à voter pour la gauche ? Se désister ? Rester neutre ?
Certains prennent position, comme Aurélien Pradié, qui refuse tout rapprochement avec le RN et appelle, parfois, à voter à gauche. D’autres, comme François-Xavier Bellamy ou Bruno Retailleau, choisissent l’abstention ou le silence. Mais une frange croissante du parti martèle le même refrain : “Tout sauf LFI.” Dans la bouche de certains élus, LFI est comparée au “communisme bolchevique”, à une “menace pour la République”. Les digues tombent.
Et dans les urnes, cela se voit.
Les résultats du 7 juillet : La déroute voilée
Les Républicains, qui comptaient encore 61 députés en 2022, tombent à 39 sièges. Le RN, lui, frôle la majorité absolue… mais échoue. Le Nouveau Front Populaire obtient une majorité relative avec 178 à 193 députés. Les macronistes reculent fortement. L’Assemblée est fracturée.
Mais les alliances LR-RN laissent des traces. À Fréjus, à Orange, à Hénin-Beaumont, les électeurs LR ont voté en masse pour les candidats RN. Pire : dans certaines circonscriptions, les candidats LR élus doivent leur victoire à des consignes venues de l’extrême droite.
Le grand écart idéologique
Comment un parti fondé par Jacques Chirac, qui appelait à voter Mitterrand contre Jean-Marie Le Pen en 2002, peut-il aujourd’hui flirter avec le RN ? Certains cadres LR dénoncent un cynisme électoral. D’autres parlent d’aveuglement stratégique. Mais pour nombre d’analystes, cette bascule n’est pas qu’opportuniste : elle traduit un glissement idéologique profond.
Le rejet viscéral de LFI, alimenté par des déclarations jugées “antisémites”, “antiflics” ou “pro-islamistes” par leurs opposants, a conduit à un alignement progressif avec les thèses sécuritaires, identitaires, voire autoritaires du RN. Une droite dure, parfois revancharde, a pris le dessus.
Les conséquences pour 2027
En choisissant de ne plus combattre le RN mais de le concurrencer sur ses propres thèmes, LR a peut-être signé son arrêt de mort électoral. Car pourquoi voter pour la copie quand l’original existe déjà ? Jordan Bardella, auréolé de sa victoire aux européennes et de sa percée aux législatives, se positionne déjà pour 2027. La droite républicaine, elle, apparaît plus divisée que jamais.
Clara, qui observait cette campagne avec inquiétude, lâche cette phrase amère :
« On croyait que le Front républicain allait résister. Mais il a été emporté sans même un cri. »
Enfin ! Il était temps que la droite cesse de se tirer une balle dans le pied à chaque élection.
Moi, ça fait des années que je vote à droite, mais j’en avais marre de voir les Républicains refuser toute alliance avec le RN, alors que sur les valeurs, on est souvent d’accord : Autorité, identité, travail. Quand j’ai vu qu’Éric Ciotti tendait la main à Bardella, j’ai applaudi. Et je ne suis pas le seul dans mon entourage. On en avait ras-le-bol de cette peur du qu’en-dira-t-on, de cette soumission à la gauche médiatique. Cette union des droites, c’est la seule façon d’éviter que LFI ne mette le pays à feu et à sang.
Qu’on le veuille ou non, le RN fait partie du paysage, et il est temps d’arrêter les postures morales stériles. Moi je dis bravo, c’est une stratégie de bon sens. La vraie droite relève enfin la tête.