Avec la chute de Bayrou, Emmanuel Macron rejoint les présidents ayant nommé le plus de Premiers ministres sous la Ve République.

Chute de François Bayrou : Macron s’apprête à battre un record historique sous la Ve République

POLITIQUE

Les murs de Matignon ont tremblé ce 8 septembre 2025. Non pas à cause d’un tremblement de terre ou d’un incident de sécurité, mais parce qu’un vote, tenu dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, a scellé le destin politique de François Bayrou, renversé par les députés après seulement neuf mois à la tête du gouvernement.

En coulisses, Emmanuel Macron, le visage tendu, le regard en coin, comprenait qu’il s’apprêtait à franchir une ligne rouge historique : Nommer son cinquième Premier Ministre, égalant le record de la Ve République.

Un séisme politique aux allures de fin de règne

Lorsque François Bayrou fut nommé Premier Ministre en décembre 2024, l’espoir renaissait dans les rangs centristes. Après les démissions de Jean CastexÉlisabeth BorneGabriel Attal, et la transition avortée de Bruno Le Maire, Bayrou était censé incarner une forme de retour à l’équilibre. Un homme d’expérience, respecté, père du MoDem, ancien ministre de l’Éducation, ancien candidat à la présidentielle.

Mais les fondations de son gouvernement étaient déjà fragiles.

La France était divisée, fatiguée, engluée dans une spirale sociale explosive : Inflation persistante, crises agricoles, conflits sur les retraites et montée fulgurante des oppositions de tous bords. L’Assemblée Nationale n’était qu’un champ de mines prêt à exploser. Et l’explosion est venue, lundi 8 septembre 2025, sous la forme d’un vote de confiance massivement rejeté : 364 voix contre, seulement 194 pour.

Une démission qui n’en était presque plus une

À 8h30 du matin, ce jour-là, François Bayrou s’est présenté à l’Élysée, porteur d’un lourd dossier contenant sa lettre de démission. Emmanuel Macron, bien que préparé à cette éventualité, ne cachait pas sa crispation. L’image du président, bras croisés, contemplant la façade de Matignon depuis les fenêtres de son bureau, en dit long sur le niveau de tension qui règne désormais au sommet de l’État.

BFMTV a été le premier à dévoiler la teneur de l’événement dans son article du 8 septembre. Selon le média, cette démission n’a été qu’une formalité : La survie politique de Bayrou était devenue impossible.

Macron, seul au sommet… et plus fragile que jamais

À peine le départ de Bayrou acté, une question glaçante s’est posée dans les couloirs de l’Élysée : Qui pour lui succéder ?

Ce ne sera pas Élisabeth Borne, écartée définitivement. Ni Gabriel Attal, en disgrâce depuis sa gestion controversée des JO 2024. Peut-être Sébastien Lecornu, dont le nom circule avec insistance dans les rédactions. Ou Gérald Darmanin, redevenu fréquentable après des mois de silence radio. Ou encore Catherine Vautrin, joker présidentiel.

Mais l’essentiel est ailleurs. Avec cette nouvelle nomination à venir, Emmanuel Macron égalera le record établi par Valéry Giscard d’Estaing en 1981 : Cinq Premiers Ministres nommés en un seul mandat. Pire : Aucun autre président n’a atteint ce cap en si peu de temps, et surtout sans majorité parlementaire.

La majorité introuvable : L’arithmétique de la honte

Le problème central est là : Macron ne contrôle plus l’Assemblée Nationale.

Depuis les élections législatives de 2022, aucun de ses gouvernements n’a réussi à obtenir une majorité solide. Le recours au 49.3 est devenu une routine. Les motions de censure, un jeu d’équilibriste. Et lorsque Bayrou a demandé un vote de confiance, pensant asseoir son autorité, ce fut le naufrage.

Certains députés du MoDem eux-mêmes n’ont pas voté pour lui. À gauche comme à droite, le rejet était total.

« Bayrou n’était qu’un prête-nom, un fusible envoyé au front sans cartouches », résume un député Renaissance, sous couvert d’anonymat.

Une Ve République à bout de souffle ?

Cette série de gouvernements avortés, ces Premiers Ministres sacrifiés les uns après les autres, dessinent un paysage institutionnel inquiétant.

Le modèle présidentiel, si longtemps vanté pour sa stabilité, semble aujourd’hui à genoux. Les critiques fusent : « crise démocratique », « régime hors sol », « gouvernance par la panique ».

À l’international, les médias s’interrogent :

« Comment une démocratie majeure comme la France peut-elle fonctionner avec cinq Premiers Ministres en trois ans ? » titrait ce matin le Guardian.

Le retour du spectre de la dissolution ?

L’opposition réclame désormais une dissolution de l’Assemblée Nationale. Jean-Luc Mélenchon jubile, Marine Le Pen dénonce « un naufrage organisé ». À droite, Éric Ciotti évoque une « urgence républicaine ».

Mais Macron n’envisage pas cette carte pour l’instant. Il sait que le résultat pourrait être catastrophique. Il préfère manœuvrer, retarder, improviser.

La vérité est brutale : Emmanuel Macron n’a plus de marge.

Chaque nomination est une roulette russe. Chaque discours est une prise de risque.

Le moindre faux pas, et l’Élysée s’effondre comme un château de cartes.

Et maintenant ?

La nomination du prochain Premier Ministre sera scrutée comme jamais. Il ne s’agit plus seulement de gouverner, mais de survivre politiquement jusqu’en 2027. Le problème : Le quinquennat est devenu un champ de ruines. Plus aucun gouvernement ne tient, plus aucun cap ne convainc.

Et pendant ce temps, la France attend. Elle attend un cap. Elle attend la vérité. Elle attend de la stabilité. Mais ce qu’elle obtient, ce sont des remaniements en série, des Premiers Ministres jetables, et un président seul dans sa tour d’ivoire.

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