Maltraitance LOL

Mort de Jean Pormanove : C’est quoi la « maltraitance LOL », ce concept de torture qui cartonne sur des directs en ligne ?

CHOC

Un drame en direct : La mort de Jean Pormanove

La France a découvert avec horreur, le 18 août 2025, la mort en plein direct du streamer Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, sur la plateforme Kick. Ce décès tragique a mis en lumière un phénomène qui, jusque-là, se développait dans les marges troubles du web : la « maltraitance LOL », une pratique qui allie humiliation, violences physiques et psychologiques, le tout retransmis en direct pour des milliers de spectateurs fascinés.

Selon Midi Libre, ce business macabre s’était imposé depuis plusieurs mois dans certains cercles du streaming. Des internautes payaient, via des dons, pour imposer à des participants des épreuves dégradantes : Coups, privations, insultes, menaces. Jean Pormanove en était devenu la figure la plus exposée… et la victime la plus tragique.

Un parcours brisé par le besoin de reconnaissance

Né à Woippy, près de Metz, Jean Pormanove s’était fait connaître d’abord sur TikTok et Twitch, avant de migrer vers Kick, où il avait rapidement gravi les échelons. En août 2024, il devenait même le streamer français le plus regardé et se hissait à la 4ᵉ place mondiale.

Mais derrière cette réussite apparente, la réalité était bien plus sombre. Loin des paillettes, Pormanove participait à des directs organisés par le collectif Le Lokal, où les défis humiliants étaient devenus son quotidien. Un enfer masqué sous des rires nerveux, porté par une audience complice, happée par le spectacle de la souffrance.

La « maltraitance LOL » : Entre torture et divertissement

Le concept, que Midi Libre décrit comme une forme de torture moderne, fonctionne sur un ressort simple : Transformer la douleur en spectacle, l’humiliation en divertissement.

Les vidéos montrent des scènes où Jean Pormanove et d’autres participants subissaient des violences en échange d’argent :

  • privations de sommeil extrêmes,
  • coups filmés et diffusés sans filtre,
  • humiliations verbales,
  • ingestion forcée de produits,
  • menaces explicites.

Un extrait glaçant montre un participant surnommé Naruto déclarant : « Si demain il meurt en plein live, ce sera à cause de son état de santé, pas de nous. »

Ces paroles, aujourd’hui, résonnent comme une prophétie morbide.

Un direct fatal de 12 jours

Du 6 au 18 août 2025, Jean Pormanove participait à un live marathon de près de 300 heures, un exploit présenté comme un divertissement extrême. Mais le 17 août au soir, les images deviennent inquiétantes : Son corps affaibli ne réagit plus, ses respirations se font rares.

L’audience s’interroge, certains s’inquiètent, d’autres continuent de commenter et de donner de l’argent. Le 18 août, le direct s’interrompt brutalement. Quelques heures plus tard, la nouvelle tombe : Jean Pormanove est mort dans son sommeil, en plein live.

Le parquet de Nice ouvre aussitôt une enquête judiciaire.

Les alertes ignorées

Ce drame n’était pas imprévisible. Dès décembre 2024, Mediapart avait révélé l’existence de ce « business de la maltraitance ». Des témoignages faisaient état de scènes violentes répétées. Les associations avaient alerté, des signalements avaient été faits à Pharos. Mais les mesures tardives n’ont pas suffi.

Pour Midi Libre, cette affaire illustre l’incapacité des autorités et des plateformes à intervenir à temps, malgré des signaux clairs.

Réactions politiques et responsabilité des plateformes

La ministre déléguée à l’Intelligence Artificielle et au Numérique, Clara Chappaz, a exprimé son effroi. Elle a saisi l’Arcom et exigé des explications de la part de Kick. Elle a également rappelé que ce type de dérives ne pouvait rester impuni en France.

De son côté, la plateforme Kick a annoncé avoir banni l’ensemble des participants au direct fatal et a promis une révision de ses politiques de modération. Mais pour beaucoup, ces décisions arrivent trop tard.

Un phénomène révélateur de notre époque

La mort de Jean Pormanove n’est pas seulement celle d’un homme, elle symbolise une époque où la frontière entre divertissement et violence se brouille dangereusement.

La « maltraitance LOL » reflète :

  • un voyeurisme de masse,
  • une économie basée sur la souffrance,
  • une absence criante de régulation,
  • la mise en danger de personnes vulnérables pour du contenu viral.

Quand le rire devient crime

Ce qui devait n’être qu’un spectacle grotesque est devenu une tragédie nationale. Le rire forcé s’est transformé en cri silencieux, celui d’un homme brisé par un système qui l’a exploité jusqu’à la mort.

Comme le résume Midi Libre, le cas Jean Pormanove ouvre une page sombre de l’histoire du streaming : Celle où l’humiliation filmée, tolérée trop longtemps, s’achève dans un drame.

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