« Et si, malgré l’exécution provisoire, Marine Le Pen préparait déjà son retour triomphal en 2032 ? » Question posée par : Camille F.
Août 2025. Un été politique qui restera dans les mémoires. Dans les travées de l’Assemblée Nationale comme dans les cafés du Pas-de-Calais, un même nom claque comme un avertissement ou comme un espoir, selon qu’on le murmure à gauche ou qu’on le scande à droite : Marine Le Pen.
La décision judiciaire est encore fraîche. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné la figure de proue du Rassemblement National à deux ans d’inéligibilité, pour des irrégularités dans la gestion des assistants parlementaires européens entre 2004 et 2016. L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans la campagne pré-présidentielle qui s’esquissait lentement : Marine Le Pen ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de 2027. L’affaire, jugée en correctionnelle, s’est soldée par une peine assortie de l’exécution provisoire, ce qui signifie que, même en cas d’appel, la sanction est immédiatement applicable. Pas de sursis. Pas de suspension. Pas d’échappatoire. Pas de 2027.
Mais si la condamnation est réelle, la durée de la peine est elle aussi délimitée dans le temps. Marine Le Pen sera réhabilitée de plein droit dès l’été 2027, ce qui signifie, en termes juridiques stricts, qu’elle retrouvera la totalité de ses droits civiques, dont celui d’être élue. Et c’est là que le débat reprend. Car à peine le tumulte du jugement retombé, une autre hypothèse s’impose : Et si Marine Le Pen préparait déjà sa revanche pour 2032 ?
Dans les cercles militants, on ne parle plus que de ça. À Hénin-Beaumont, Perpignan ou Beaucaire, dans les fédérations RN du Sud comme dans les bastions du Nord, les affiches “Marine 2027” ont été remplacées par des autocollants plus sobres, mais plus mystérieux : “2032 ? Le peuple décidera.”
Pour ses partisans, cette exclusion momentanée de la vie politique nationale est une épreuve, mais aussi un tournant. Ils ne parlent pas de défaite. Ils parlent de sacrifice, de manipulation judiciaire, et d’une mise à l’écart orchestrée par les élites pour protéger un système en déclin. Une France qui, selon eux, se fracture de plus en plus entre une élite hors-sol et un peuple en colère.

Marine Le Pen sera âgée de 65 ans en 2032. Ni trop jeune, ni trop âgée pour briguer la magistrature suprême. Une comparaison revient souvent : Donald Trump, élu à 70 ans, battu à 74, à nouveau candidat à 78. L’âge, dans ce monde politique transformé par les réseaux sociaux et la guerre des images, n’est plus un obstacle. Au contraire, il devient parfois un atout : Celui de l’expérience, de la résilience, de la constance.
Le RN, depuis sa création, a vécu plusieurs métamorphoses. La dernière en date, amorcée par Marine Le Pen elle-même, fut celle de la dédiabolisation. L’abandon des thèses les plus sulfureuses de Jean-Marie Le Pen, la normalisation du discours, l’apparition d’un programme présidentiel structuré et la recherche de respectabilité républicaine. Une stratégie qui a porté ses fruits : Marine Le Pen a atteint le second tour de l’élection présidentielle deux fois consécutives, en 2017 et en 2022, recueillant respectivement 33,9% puis 41,5% des suffrages exprimés. Une dynamique inédite dans l’histoire de l’extrême droite en France.
Mais 2027 s’écrira sans elle. Ce sera Jordan Bardella, jeune président du RN, qui représentera le parti. Une transition dans l’urgence, mais assumée. En apparence du moins. Car dans les couloirs, certains cadres du mouvement parlent d’intérim politique, d’un passage temporaire en attendant le grand retour.
Ce retour, c’est celui de Marine Le Pen présidente, en 2032. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce scénario séduit bien au-delà des cercles militants. Dans de nombreuses enquêtes d’opinion, une frange importante de la population estime que Marine Le Pen a été injustement disqualifiée, qu’elle représente aujourd’hui une forme de bon sens politique, de réalisme populaire, face à un système institutionnel jugé froid, déconnecté, voire cynique.
Ceux qui soutiennent cette hypothèse du retour avancent plusieurs arguments concrets. D’abord, l’usure du macronisme. Après deux quinquennats d’Emmanuel Macron, la lassitude s’est installée. Les Français réclament un changement profond, une reprise en main de la politique migratoire, une réforme radicale de l’Union européenne, une relocalisation de l’industrie, une lutte plus déterminée contre l’insécurité, et une remise à plat des aides sociales. Sur tous ces sujets, Marine Le Pen propose depuis plus de dix ans des mesures structurées, souvent qualifiées de populistes, mais désormais de plus en plus perçues comme pragmatiques.

Ensuite, il y a la défiance envers les institutions. Le système judiciaire, bien qu’indépendant, est régulièrement accusé d’être instrumentalisé à des fins politiques. L’affaire des assistants parlementaires, si elle a abouti à une condamnation judiciaire, est vécue par de nombreux électeurs comme un moyen détourné d’éliminer la candidate RN de l’équation électorale de 2027. Une sorte de “juridisation du débat démocratique” qui, loin d’éteindre la mobilisation, la renforce.
Il y a aussi un argument que l’on n’osait pas brandir il y a encore quelques années : Le fait qu’elle soit une femme. Dans un pays encore largement dominé par les figures masculines de la politique, Marine Le Pen incarne une forme d’émancipation féminine qui séduit même au-delà des clivages partisans. Elle est ferme sans être brutale, tranchée sans être outrancière, charismatique sans chercher à séduire.
Enfin, il faut évoquer la réconciliation avec la France périphérique. Celle qui vit loin des grandes métropoles, dans les zones rurales, les villes moyennes, les quartiers abandonnés des politiques publiques. Marine Le Pen, à tort ou à raison, y est perçue comme une alliée. Pas une technocrate. Pas une héritière. Pas une mondialiste. Mais une femme du peuple, qui porte les colères et les espoirs des oubliés.
D’ici 2032, tout peut arriver. Mais ce qui est certain, c’est que la possibilité d’un retour de Marine Le Pen ne relève plus du fantasme ni de la fiction. C’est une hypothèse juridiquement valide, politiquement mûre, et idéologiquement portée par une partie croissante de l’électorat.
Le retour d’une figure politique bannie temporairement par la justice, mais réhabilitée par les urnes : Voilà un scénario qui, en France, a déjà existé. Jacques Chirac, François Mitterrand, Charles de Gaulle : Tous ont connu des traversées du désert avant d’accéder au pouvoir suprême. Alors pourquoi pas Marine Le Pen ? En 2032, le contexte international pourrait être favorable à une voix souverainiste assumée. Les tensions avec l’Union européenne, les conséquences du conflit russo-ukrainien, l’impact des vagues migratoires et la pression sur les services publics pourraient rendre ses propositions encore plus audibles.

Et si, après avoir été la candidate qui divise, Marine Le Pen devenait celle qui rassemble — ou du moins, celle qui incarne une volonté populaire d’en finir avec la politique de l’ambiguïté ?
Les mois à venir le diront. Mais une chose est certaine : Le nom de Marine Le Pen n’a pas fini d’électriser la vie politique française.
📝 Rédigé par Yann Gouriou pour MyJournal.fr
📚 Sources : Le Monde, Le Point, Midi Libre, Code électoral français, analyse des jurisprudences électorales, entretiens militants, statistiques IFOP 2022–2025.