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Le niveau de vie des retraités en France est-il supérieur à celui de l’ensemble de la population ?

SOCIETE

La question de savoir si les retraités en France bénéficient d’un niveau de vie supérieur à celui de l’ensemble de la population est au cœur de nombreux débats économiques et sociaux. Longtemps perçus comme relativement protégés, les retraités français ont vu leur situation évoluer, tout comme la perception qu’en a le reste de la population active. Entre les revenus disponibles, le patrimoine accumulé, et les effets de l’inflation, l’analyse du niveau de vie des retraités devient complexe.

Une histoire de générations : Les retraités face aux actifs

Dans les années passées, il était commun de penser que les retraités vivaient dans un certain confort financier, protégés par leurs pensions et parfois dotés de patrimoine immobilier. Claire, une retraitée de 72 ans, se souvient de cette époque avec un brin de nostalgie : « Quand je suis partie à la retraite, je n’avais pas les mêmes inquiétudes que mes enfants aujourd’hui. J’étais propriétaire, mes revenus étaient stables, et la vie semblait plus simple« .

Cependant, aujourd’hui, cette perception de sécurité et de confort est remise en question par des données plus récentes. Une étude du cabinet de conseil Asterès, dirigé par l’économiste Nicolas Bouzou, montre que le niveau de vie des retraités a évolué de manière plus modeste que celui des actifs. En 2019, les retraités bénéficiaient encore d’un niveau de vie légèrement supérieur à celui des actifs, grâce notamment à la prise en compte des « loyers imputés« . Mais cette tendance s’est inversée en 2021, plaçant les retraités légèrement en dessous des actifs en termes de niveau de vie ajusté.

Revenus et loyers imputés : Une question de calcul

Les « loyers imputés » représentent une valeur ajoutée pour les propriétaires qui, même sans revenu locatif réel, « profitent » de leur logement sans frais de loyer. Ce calcul fait apparaître les retraités propriétaires comme bénéficiant d’un niveau de vie plus élevé que les actifs. Cependant, en termes de revenus disponibles – c’est-à-dire l’argent réellement perçu chaque mois – la réalité est différente. En moyenne, les retraités touchent 2 188 euros par mois contre 2 489 euros pour les actifs.

Pauline, jeune active de 32 ans, trouve cette différence significative : « Avec le coût de la vie actuel, chaque euro compte. Je ne comprends pas pourquoi on dit que les retraités vivent mieux alors qu’ils touchent moins chaque mois. Mais peut-être est-ce parce qu’ils n’ont pas les mêmes charges que nous« .

Le patrimoine des retraités : Une avantage qui cache des réalités

L’un des points qui renforce l’impression de richesse chez les retraités est leur patrimoine. En effet, la majorité des retraités sont propriétaires, souvent sans emprunt à rembourser, alors que de nombreux actifs peinent encore à accéder à la propriété. Selon l’étude d’Asterès, le patrimoine moyen des ménages de plus de 60 ans est supérieur à 300 000 euros, contre un montant bien moindre pour les jeunes générations. Cela signifie que les retraités bénéficient d’un « coussin financier » non négligeable.

Malgré cet avantage patrimonial, les revenus disponibles des retraités sont moins élevés que ceux des actifs, ce qui pose des défis en termes de pouvoir d’achat. La hausse du coût de la vie, couplée à l’inflation, érode peu à peu ce « coussin« . Et, alors que le gouvernement envisage de retarder l’indexation des retraites sur l’inflation jusqu’à juillet 2025, de nombreux retraités pourraient voir leur pouvoir d’achat diminuer davantage.

Une situation de pauvreté moins marquée chez les retraités

Malgré des revenus moyens inférieurs à ceux des actifs, les retraités sont moins exposés à la pauvreté. Les données montrent que le taux de pauvreté des 65-74 ans est de 10,7%, tandis qu’il monte à 11,4% pour les plus de 75 ans. Ces chiffres contrastent fortement avec le taux de pauvreté de 20,4% observé chez les moins de 18 ans, indiquant une certaine stabilité financière pour les retraités.

Cette situation s’explique par la régularité des pensions de retraite et le patrimoine immobilier des retraités. Pour les actifs, les aléas du marché du travail, des revenus variables et des frais de logement plus élevés augmentent leur risque de pauvreté.

Les retraités, victimes de l’inflation ?

La question de l’indexation des retraites sur l’inflation est devenue cruciale en 2024. Dans un contexte économique tendu, le gouvernement envisage de reporter cette indexation de six mois pour alléger les finances publiques. Cette décision pourrait économiser 4 milliards d’euros, mais elle risque de détériorer encore le pouvoir d’achat des retraités.

Marie, une retraitée de 68 ans, partage son inquiétude : « Je sais que j’ai un toit, et j’en suis reconnaissante. Mais si les prix continuent d’augmenter sans que mes revenus suivent, je vais devoir revoir mon budget, même pour l’alimentation. »

Vers une nouvelle perception du niveau de vie des retraités

La situation des retraités en France aujourd’hui est bien plus complexe que les clichés qui les dépeignent comme des privilégiés. Si leur patrimoine et leur stabilité financière les protègent en partie, leurs revenus disponibles restent inférieurs à ceux des actifs. Les politiques publiques, en matière de pensions et d’inflation, joueront un rôle clé pour déterminer si cette situation s’aggrave ou s’améliore dans les années à venir.

Cet équilibre délicat entre patrimoine, revenus disponibles et coût de la vie fait du niveau de vie des retraités un sujet de débat essentiel pour la société française.

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