Alors que les Français consomment 5 % d’œufs en plus cette année, le CNPO accuse certaines enseignes d’avoir recours à des importations dangereuses d’Ukraine.

Des œufs Ukrainiens contaminés par des antibiotiques interdits sont en vente partout en France

ALIMENTATION

Dans un pays où l’œuf occupe une place de choix dans la cuisine quotidienne, il est difficile d’imaginer que le contenu de nos assiettes puisse un jour être remis en question par des pratiques venues de l’autre bout du continent. Pourtant, c’est la réalité que l’interprofession française des œufs (CNPO) vient de dénoncer avec force dans un communiqué relayé par BFMTV le 28 août 2025.

La nouvelle est tombée comme une douche froide : Des centaines de milliers d’œufs en provenance d’Ukraine auraient discrètement fait leur entrée dans les rayons de grandes enseignes françaises, notamment Carrefour et E.Leclerc.

Le problème ? Ces œufs ne respecteraient pas les normes de production européennes. Pire encore, certains proviendraient d’élevages en cage – les fameux « code 3 » – une pratique largement remise en cause et progressivement abandonnée dans l’Union européenne.

Le cri d’alarme du CNPO

Pour Yves-Marie Beaudet, président du CNPO, la situation est alarmante. Même si les quantités évoquées – environ 300 000 œufs importés – paraissent dérisoires face aux 7 milliards d’œufs produits chaque année en France, il redoute un dangereux précédent. Car derrière ces importations se cache un risque sanitaire : La présence possible d’antibiotiques interdits en Europe dans ces produits venus d’Ukraine.

« Ce n’est simplement pas possible », martèle-t-il dans les colonnes de BFMTV. Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’un problème de concurrence déloyale mais bien d’une menace pour la santé publique.

Une filière française déjà autosuffisante

Le paradoxe est saisissant. Alors que la France connaît une hausse de la consommation d’œufs de 5% depuis le début de l’année, la filière nationale s’est déjà adaptée. À fin juillet 2025, cela représente environ 350 millions d’œufs supplémentaires produits par rapport à 2024. Autrement dit, la France n’a absolument pas besoin d’importer pour couvrir la demande : elle est autosuffisante.

Le CNPO rappelle que les producteurs français respectent des standards stricts, garantissant non seulement le bien-être animal mais aussi la sécurité alimentaire. Et voir débarquer dans les rayons des œufs produits à l’étranger selon des méthodes bannies en Europe est vécu comme une véritable provocation.

Carrefour se défend, Leclerc silencieux

Du côté des enseignes mises en cause, les réactions divergent. Carrefour a rapidement assuré ne commercialiser aucun œuf en provenance d’Ukraine. Quant à E.Leclerc, aucune réponse officielle n’avait encore été formulée au moment de la publication de l’article de BFMTV.

Cette opacité ne fait qu’alimenter la colère du CNPO et des éleveurs français, qui dénoncent une forme d’hypocrisie. Car ce sont souvent ces mêmes enseignes qui, devant l’opinion publique, s’engagent à mettre fin à la vente d’œufs issus d’élevages en cage d’ici à quelques années. Or, comment expliquer qu’elles se permettent d’importer des œufs ukrainiens produits justement… en cage ?

Le spectre d’un précédent inquiétant

Au-delà de la polémique actuelle, la véritable crainte est celle d’un « coup d’essai ». Si ces importations passent inaperçues et trouvent leur place dans les habitudes d’approvisionnement, rien ne garantit qu’elles ne se multiplieront pas à l’avenir. Et là, les conséquences pour la filière française pourraient être dévastatrices : Perte de confiance des consommateurs, pression accrue sur les prix, et fragilisation d’un secteur qui emploie des milliers de familles.

Une affaire qui interroge la cohérence politique et économique

Ce dossier soulève aussi une question de cohérence : comment l’Union européenne et la France peuvent-elles promouvoir des règles strictes en matière d’élevage et de bien-être animal, tout en fermant les yeux sur l’importation de produits qui ne respectent pas ces mêmes règles ? Le CNPO appelle donc les autorités à renforcer les contrôles aux frontières et à exiger une transparence totale de la part des distributeurs.

Quand l’importation menace la confiance des consommateurs

L’affaire des œufs ukrainiens dépasse largement le simple cadre agricole. Elle illustre la fragilité de notre modèle alimentaire face à la mondialisation et aux logiques de coûts. Pour les producteurs français, c’est une véritable bataille pour la survie de leur filière. Pour les consommateurs, c’est un signal d’alerte : L’origine et la qualité de ce que nous mangeons ne doivent jamais être sacrifiées sur l’autel du profit immédiat.

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