Groupe assis dans un salon lumineux, un homme réfugié échange sourires et conversation avec une famille française autour d’une table basse, ambiance chaleureuse et accueillante.

Partager son logement avec un réfugié : Et vous, quand vous lancez-vous ?

SOCIETE

Quand un appartement tranquille devient tremplin de vie pour un réfugié et trésor d’humanité pour ses hôtes, l’ouverture à l’autre prend tout son sens.

Il faisait nuit, le froid mordait l’air parisien et les ponts de la Seine portaient encore les traces de ceux que l’exil avait jetés dehors. Il s’appelait Mustapha, Soudanais, sans toit, sans repère, mais avec un désir brûlant : Recommencer.

Puis vint le jour où une famille française, un appartement spacieux, une chambre vide. « Quand elle m’a tendu les clés le lendemain de mon arrivée, j’ai cru qu’elle se trompait », confie-t-il, assis dans la cuisine décorée de masques africains. Elle s’appelle Laurence, elle travaille dans les cosmétiques, son époux a un job bien stable. Leurs enfants ont quitté le nid, une chambre restait libre : « C’était une aberration de la laisser vide », reconnaît-elle.

Ils ont fait confiance à une association spécialisée dans l’accueil longue durée des réfugiés : Le projet n’était pas temporaire, mais un vrai tremplin vers une vie nouvelle. Environ 1 300 réfugiés en France ont bénéficié de ce cadre d’accueil, et l’effet est net. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Les anciens hébergés ont quatre fois plus de chances d’obtenir un emploi, six fois plus de chances de décrocher un logement. Le dispositif fait ses preuves, rare sont les échecs.

Pour Mustapha comme pour ses hôtes, c’est un voyage partagé. Dans la première semaine, l’inconnu est au rendez-vous. « Je craignais de ne pas pouvoir gérer ses angoisses », avoue Laurence en se souvenant de ses doutes. Mais très vite, le respect mutuel s’installe. « Les réfugiés ont souvent plus peur que nous : ils se demandent ce qu’on va leur demander en retour », commente David, directeur de l’association.

Six mois passent, et l’affection s’installe. Le lien devient « fraternel », même. Le réfugié devient voisin, ami, membre de fait d’une tribu humaine choisie. Mustapha obtient un emploi d’électricien dans une entreprise de vélos, il retrouve un logement social. « Je me sens en sécurité, je sais que j’ai des personnes sur qui compter », dit-il avec calme.

Pour la famille d’accueil, le départ de l’hôte est mêlé : Un peu de tristesse, beaucoup de fierté. « On ressort grandis de cette expérience, avec l’impression qu’on peut construire des choses positives dans un monde qui se délite », résume Laurence.

Implanter la solidarité dans le quotidien, faire tomber les murs – pas seulement ceux de l’appartement, mais ceux de l’indifférence –, voilà le pari de ces cohabitations. Plus qu’un geste, c’est un état d’esprit : Ouvrir sa porte, accueillir la différence, construire ensemble la confiance. Quand le toit se partage, c’est la vie qui s’élargit.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *