« Clémentine se tenait, haletante, devant les reflets bleutés de sa piscine et se demandait : Si un jour le feu approchait, les pompiers pourraient-ils vraiment venir puiser dans mon bassin ? »
Sous le soleil brûlant d’août, les paysages français prennent parfois des airs d’enfer. Les herbes sèchent, les forêts roussissent, et une simple étincelle peut déclencher un brasier incontrôlable. Dans certaines régions, les habitants vivent désormais avec cette peur diffuse : Celle de voir, un jour, les flammes approcher dangereusement de leur maison. Et au milieu de cette inquiétude, une question surprenante surgit : Les pompiers peuvent-ils puiser dans votre piscine privée pour éteindre un incendie ?
Cette interrogation, TF1 Info l’a posée dans sa chronique « Vérif’ » du 20 heures, avec des réponses précises et nuancées, loin des idées reçues.
Une ressource d’eau… mais pas à la portée immédiate des pompiers
Pour comprendre, il faut revenir à la base : En France, les pompiers s’appuient sur ce qu’on appelle les points d’eau incendie (PEI). Ces sources sont réglementées par le Règlement national de la défense extérieure contre l’incendie (RNDECI), instauré en 2015. Les PEI peuvent être des bornes à incendie raccordées au réseau public, mais aussi des réserves naturelles ou artificielles, à condition de respecter des normes strictes.
Pour qu’une piscine privée soit considérée comme un PEI, il faut :
- Un volume minimum de 30 m³ (soit 30 000 litres) — une capacité souvent atteinte par les piscines enterrées, qui affichent en moyenne 39 m³ selon les données professionnelles.
- Une disponibilité permanente, ce qui signifie que le bassin doit rester rempli et opérationnel tout au long de l’année.
- Une accessibilité optimale pour les véhicules de secours, avec un espace de manœuvre suffisant et un point d’aspiration adapté.
Sans ces conditions, impossible pour les pompiers d’inscrire la piscine sur leur carte opérationnelle.
Deux situations où l’eau de votre piscine peut être utilisée
Selon TF1 Info, il existe néanmoins deux exceptions majeures permettant aux pompiers de puiser dans votre bassin :
- La convention avec la mairie :
Le propriétaire signe un accord officiel mettant sa piscine à disposition en cas de besoin. Cet engagement impose de maintenir l’eau à un certain niveau, de garantir l’accessibilité, et de signaler le point d’eau aux services de secours. - L’extrême urgence avec réquisition :
En cas de menace immédiate, les autorités (police ou gendarmerie) peuvent ordonner l’utilisation de votre piscine, même sans accord préalable. Cette procédure reste exceptionnelle et s’applique uniquement lorsqu’aucune autre ressource n’est disponible à proximité.
Des contraintes techniques à ne pas négliger
Si l’idée semble simple — brancher une pompe et aspirer l’eau — la réalité opérationnelle est plus complexe.
- L’eau chlorée peut parfois poser problème pour le matériel pompier, même si, dans une situation critique, cet inconvénient passe après la nécessité d’éteindre les flammes.
- Le matériel d’aspiration doit être adapté : une piscine mal située ou difficile d’accès peut faire perdre un temps précieux.
- Le transport de l’eau nécessite souvent de multiples allers-retours, ce qui rend l’opération moins efficace que l’utilisation d’un PEI officiel.
Une tendance à anticiper dans les zones à risque
Face à l’augmentation des sécheresses et des incendies, certains particuliers prennent les devants :
- Installation de motopompes flottantes pour utiliser leur piscine en cas de début de feu.
- Signature de conventions avec leur mairie pour intégrer leur bassin au réseau de lutte contre les incendies.
- Prévision d’un accès dégagé pour les véhicules de secours, même en haute saison.
TF1 Info rappelle que, dans certaines communes rurales, ces initiatives citoyennes peuvent sauver de précieuses minutes lors d’une intervention.
Quand le bleu apaisant devient une arme contre le rouge destructeur
Imaginons un été caniculaire, le vent d’ouest attisant un feu de pinède à quelques centaines de mètres. Le crépitement se rapproche, l’air devient irrespirable. Les pompiers arrivent, repèrent la piscine turquoise au fond du jardin, installent une motopompe, et en quelques minutes, transforment cette eau de loisir en barrage contre l’avancée des flammes.
Pour le propriétaire, voir son bassin vidé n’est rien face à la maison sauvée.
Pour les pompiers, c’est un point de victoire dans une bataille où chaque litre compte.
En résumé, les pompiers ne peuvent pas puiser librement dans votre piscine, sauf en cas d’accord officiel ou d’urgence extrême. Mais avec un minimum d’anticipation et de coordination avec la mairie, votre bassin peut devenir un allié inattendu dans la lutte contre les incendies.