Addiction, trafics et saisies record : le reportage TF1 Info lève le voile sur l’essor inquiétant de la prégabaline en France.

Prégabaline : La « drogue du pauvre » qui piège la France et alarme les autorités

SANTE
Prégabaline : « drogue du pauvre »

Il y a des substances qui naissent dans le silence des laboratoires pharmaceutiques, destinées à soulager, à guérir, à apaiser. La prégabaline en fait partie. Conçue pour traiter l’épilepsie, les douleurs neuropathiques ou encore certains troubles anxieux, elle aurait pu rester ce qu’elle était : Un outil médical au service des patients. Mais depuis quelques années, son visage a changé. Derrière son nom scientifique et ses boîtes banales vendues en pharmacie se cache aujourd’hui ce que les spécialistes surnomment avec effroi « drogue du pauvre ».

Un reportage diffusé par TF1 Info vient jeter une lumière crue sur ce phénomène inquiétant : Un médicament bon marché, prescrit légalement, mais de plus en plus détourné à des fins récréatives ou addictives, au point de provoquer une alerte sanitaire et judiciaire d’ampleur nationale.

Un comprimé, une vie bascule

Dans les rues, à la sortie d’un centre commercial ou sur un banc de gare, un comprimé de prégabaline se vend entre un et trois euros. Quelques pièces suffisent pour accéder à des effets psychotropes recherchés par certains consommateurs en quête d’oubli ou de sensations.

Là est le piège : Même après une seule prise, une dépendance peut s’installer. Le cerveau s’accroche à la molécule, et l’engrenage s’enclenche. L’addiction devient fulgurante, sournoise, presque invisible, frappant en majorité des jeunes hommes précaires d’une vingtaine d’années.

Les douanes en première ligne

Le reportage de TF1 Info illustre bien cette lutte souterraine. À l’aéroport de Beauvais, un agent des douanes contrôle une valise suspecte. À l’intérieur : 13 000 comprimés de prégabaline, soigneusement dissimulés. Le chef de service Steeve Kolbac explique que ce type de saisie devient de plus en plus fréquent.

En 2024, ce sont plusieurs dizaines de milliers de cachets interceptés à la frontière. Le produit circule depuis des pays où la vente est moins contrôlée, avant de finir sur les trottoirs français, alimentant un marché noir en plein essor.

La France face à un fléau social

Ce que révèle TF1 Info, c’est une réalité brutale : La prégabaline s’installe dans les quartiers populaires, chez les plus fragiles, les plus désarmés face à la précarité. Là où le cannabis ou la cocaïne coûtent trop cher, ce médicament devient une alternative bon marché, accessible et redoutable.

Mais ses conséquences sont dramatiques. Confusion mentale, perte de conscience, troubles de la mémoire, comportements violents, risques de coma ou d’overdose… la liste des effets secondaires est longue et alarmante.

Des médecins rappellent que l’arrêt brutal entraîne lui-même un syndrome de sevrage, avec insomnies, cauchemars, anxiété et agitation extrême. Sans accompagnement médical, sortir de cette spirale relève presque de l’impossible.

Une dépendance invisible mais massive

Le problème, souligne le reportage de TF1 Info, c’est que la consommation de prégabaline échappe en grande partie aux radars classiques. Pas de seringues abandonnées, pas d’odeurs caractéristiques comme avec le cannabis, pas de produits saisis sur de gros réseaux mafieux bien connus.

Ici, l’addiction est silencieuse, quotidienne, insidieuse. Le comprimé ressemble à n’importe quel autre médicament. Il se prend en pleine journée, au vu et au su de tous, sans éveiller la méfiance.

Les chiffres exacts sont difficiles à établir, mais la tendance est claire : De plus en plus de saisies, de plus en plus d’usages détournés, de plus en plus d’histoires individuelles de vies brisées.

Un cadre légal renforcé, mais insuffisant

Face à cette vague, les autorités sanitaires ont tenté de réagir. Depuis 2021, la prescription de prégabaline est soumise à ordonnance sécurisée, et limitée à six mois. Une mesure destinée à freiner les abus.

Mais cela ne suffit pas. Car le marché noir contourne les règles, et l’offre alimente toujours la demande. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte depuis plusieurs années sur le danger d’abus et de dépendance, sans parvenir à enrayer totalement l’essor du trafic.

Quand un médicament devient poison

Le drame de la prégabaline, c’est son paradoxe. Pour des patients souffrant réellement d’épilepsie ou de douleurs neuropathiques, elle reste un traitement indispensable, efficace et souvent bien toléré.

Mais pour ceux qui l’utilisent en dehors du cadre médical, elle se transforme en poison social. À travers la France, des hommes jeunes, fragilisés par la pauvreté ou l’exclusion, tombent dans cette dépendance invisible, bien loin des regards mais dévastatrice pour les familles, les quartiers, et la santé publique.

Un fléau qui ne cesse de grandir

En quelques années, la prégabaline est passée de médicament discret à fléau national, au point d’être surnommée « drogue du pauvre ».

Le reportage de TF1 Info alerte sur ce phénomène qui ne cesse de s’amplifier : Saisies record, dépendance fulgurante, marché noir florissant. Un sujet qui touche à la fois la santé publique, la justice, la sécurité et la dignité sociale.

Et la question demeure, obsédante : Comment endiguer une drogue qui se cache à l’intérieur même d’un médicament prescrit légalement ?

Laisser un commentaire