Gros plan très détaillé d’une punaise de lit marron posée sur une peau humaine, montrant son corps segmenté et ses pattes fines.

Enquête criminelle : Pourquoi les punaises de lit pourraient bien devenir de précieux témoins silencieux

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Qui aurait cru que ces minuscules parasites nocturnes pourraient un jour aider à confondre un criminel ? Une équipe de chercheurs malaisiens affirme que certaines punaises de lit peuvent conserver de l’ADN humain jusqu’à 45 jours — Une percée qui pourrait révolutionner la médecine légale.

Dans la pénombre d’une chambre silencieuse, un léger mouvement trouble l’obscurité. Une minuscule créature avance lentement sur un drap froissé, cherchant la chaleur d’un corps endormi. À ce moment précis, personne n’imagine que cet insecte indésirable pourrait un jour devenir un témoin précieux dans une enquête criminelle.

Car c’est bien là que réside la surprise : Des chercheurs malaisiens viennent de révéler que certaines punaises de lit sont capables de conserver de l’ADN humain pendant plusieurs semaines. Une découverte inattendue qui pourrait bouleverser les méthodes de la police scientifique.

Longtemps perçues uniquement comme un fléau domestique provoquant démangeaisons et nuits agitées, les punaises de lit pourraient, contre toute attente, devenir des alliées de la justice. Une équipe scientifique a démontré que l’espèce tropicale Cimex hemipterus peut garder dans son organisme une trace d’ADN humain jusqu’à quarante-cinq jours après avoir piqué. Même si le profil génétique complet n’est exploitable qu’au début, des fragments suffisamment lisibles persistent bien au-delà.

Les chercheurs ont mené une expérience simple : Nourrir des colonies de punaises sur des volontaires humains, puis analyser ces insectes à différents intervalles. À cinq jours, l’ADN restait très lisible. À quatorze jours, il devenait partiel mais encore exploitable. À trente jours, il nécessitait des techniques plus fines, mais demeurait utilisable pour certaines informations génétiques. Et à quarante-cinq jours, malgré un signal très affaibli, des marqueurs biologiques pouvaient encore être identifiés.

Ce qui change tout, c’est la manière dont ces insectes se comportent. Contrairement aux moustiques qui s’envolent aussitôt repus, les punaises de lit restent sur place, nichées dans les coutures d’un matelas, derrière un sommier, dans une plinthe ou un meuble. Elles ne s’éloignent presque jamais de leur environnement immédiat. Sur une scène de crime débarrassée de tout indice visible, elles pourraient contenir, sans le savoir, la dernière trace génétique d’une victime ou d’un suspect.

Bien sûr, tout n’est pas encore acquis. Après plusieurs jours, l’ADN est fragmenté. Si la punaise a piqué plusieurs personnes, les profils peuvent se mélanger. Et surtout, les résultats actuels concernent une espèce tropicale. Les punaises de lit plus courantes en Europe doivent encore être étudiées pour confirmer qu’elles présentent les mêmes capacités.

Mais les perspectives sont immenses. On imagine déjà des enquêteurs prélevant des insectes trouvés sous un matelas, dans un canapé ou derrière une tête de lit. Une piste biologique inattendue pourrait permettre de relancer un dossier oublié, ou d’identifier un suspect passé à travers les mailles du filet.

Ce que l’on prenait pour une simple nuisance pourrait bien devenir une ressource précieuse pour la justice. Un témoin discret, minuscule, silencieux, mais capable de conserver une vérité que personne n’attendait.

Source : Le Parisien, édition du 25 novembre 2025.

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