Décryptage complet des propos de Bruno Retailleau qui jugent le macronisme comme une impuissance déguisée en modernité politique.

Bruno Retailleau fracasse le Macronisme : « Il n’a jamais été un projet politique »

POLITIQUE

Le décor est sobre. Quelques livres savamment disposés sur une étagère, une horloge ancienne aux battements réguliers, et une lumière d’été filtrant à travers les stores du bureau de Valeurs Actuelles. Bruno Retailleau, figure montante de la droite républicaine, s’installe avec la gravité de ceux qui savent que leurs mots pèseront lourd dans la balance de l’histoire politique. Ce 23 juillet 2025, ce n’est pas un entretien banal. C’est une déclaration de rupture. Un manifeste.

Car en une phrase, tout bascule : « Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron ». Pas de fioriture. Pas d’ambiguïté. Pour Retailleau, le macronisme n’est pas une idéologie durable. Ce n’est pas un courant de pensée. Ce n’est même pas un parti. C’est un homme. Et cet homme, c’est Emmanuel Macron. Point final.

Le coup de grâce

L’interview commence par une série de constats apparemment anodins. Puis, très vite, Retailleau attaque frontalement : « Je ne crois pas au ‘en même temps’, car il alimente l’impuissance. » À ses yeux, la stratégie macroniste – cette fameuse synthèse entre droite et gauche – n’a pas produit de transformation profonde du pays. Pire, elle aurait favorisé l’indécision, la dispersion, l’illusion d’un consensus permanent qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.

Ce qui frappe, dans la bouche du président du groupe LR au Sénat, devenu ministre de l’Intérieur d’un gouvernement d’union élargie, c’est le ton. Froid, clinique, tranchant. Il ne s’agit pas ici d’un désaccord sur un point de réforme. Il s’agit d’une démolition en règle du socle idéologique du président Macron.

La majorité présidentielle sonnée

L’effet de ses déclarations est immédiat. Dans les rangs macronistes, c’est la stupeur. La députée Renaissance Aurore Bergé contre-attaque sur X (ex-Twitter) : « Le macronisme ne s’arrêtera pas avec Emmanuel Macron. Ni aujourd’hui, ni dans deux ans, ni après. » Elle est bientôt suivie par Elisabeth Borne, ex-Première ministre, qui affirme dans une interview à L’Obs : « Le macronisme est bel et bien une idéologie. Il a changé la France. » Même Agnès Pannier-Runacher, pourtant d’ordinaire plus discrète, dégaine : « Nous avons fait des choix courageux et forts face aux crises. Ce n’est pas de l’impuissance, c’est du leadership. »

Mais au fond, cette avalanche de réactions prouve une chose : Retailleau a visé juste. Son propos n’est pas anecdotique. Il touche un nerf. Et il ravive une angoisse longtemps murmurée dans les couloirs du pouvoir : Que restera-t-il du macronisme après 2027 ?

La droite en embuscade

Depuis des mois, Retailleau prépare ses pions. En rassemblant une frange dure des Républicains, en multipliant les interventions médiatiques tranchées, en renforçant son image d’homme de principes. Il a compris que l’opposition de demain ne naîtrait pas à gauche, mais à droite. Que l’alternative à Macron ne serait pas un retour du socialisme, mais une reconquête conservatrice.

Et cette critique du macronisme est une étape stratégique. En le vidant de sa substance intellectuelle, en le réduisant à un simple artefact électoral, Retailleau prépare le terrain pour une relève politique – la sienne, peut-être.

2027 dans le viseur

La France n’a jamais aimé les héritiers désignés. Et la tentation de la droite est grande de reprendre le flambeau. Retailleau le sait. Il s’oppose donc à une construction molle, à une idéologie liquide, selon ses mots. Lui revendique l’enracinement, les valeurs, l’identité, l’ordre. Une vision qui tranche, qui divise – mais qui séduit une frange croissante de l’électorat.

Et pendant que les macronistes défendent leur bilan, Retailleau, lui, sème les graines d’un nouveau cycle. Peut-être le début d’un post-macronisme autoritaire. Peut-être le retour d’une droite identitaire. Ou peut-être tout simplement un jeu d’échecs où les coups se jouent avec deux ans d’avance.

Retailleau dessine les contours d’une droite prête à reprendre le flambeau après Macron

Le ver est dans le fruit. En affirmant que le macronisme n’est ni une idéologie ni un parti, Bruno Retailleau a fait plus que provoquer une polémique. Il a lancé un signal. Un signal clair à tous ceux qui, dans la majorité comme dans l’opposition, préparent déjà l’après-Macron. Et dans ce paysage incertain, il se positionne en chef. En alternative. En recours.

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