Inès : « Comment une jeune femme originaire de Gaza, accueillie en France pour poursuivre ses études, a-t-elle pu tout perdre en quelques jours à cause d’anciens messages publiés sur les réseaux sociaux ? »
Sciences Po Lille : L’affaire qui fait trembler l’université républicaine
Le vent d’été soufflait encore timidement sur les toits de Lille ce 30 juillet 2025, quand l’information a déferlé comme une onde de choc dans les milieux universitaires et diplomatiques : L’Institut d’Études Politiques de Lille venait d’annuler, avec effet immédiat, l’inscription d’une étudiante originaire de Gaza, alors même qu’elle avait été sélectionnée dans le cadre d’un programme humanitaire appuyé par le consulat général de France à Jérusalem.
Son nom n’a pas été rendu public, mais son profil faisait partie de ces trajectoires que la République aime mettre en lumière : Une jeune femme brillante, fuyant les bombes et les privations de Gaza, accueillie dans une grande école française pour incarner l’espoir et la paix par l’éducation.
Arrivée début juillet, elle avait été logée dans un appartement de fonction de la direction de l’établissement, en attendant que son logement universitaire soit prêt. Elle avait foulé le sol lillois avec la détermination de celles qui ont tout perdu, sauf le courage. Jusqu’à ce qu’un simple clic sur une vieille publication change radicalement le cours de son destin.
Un passé numérique lourd de conséquences
Les premiers doutes sont apparus après qu’une association étudiante engagée dans la lutte contre l’antisémitisme a alerté la direction de Sciences Po Lille sur de vieilles publications retrouvées sur les réseaux sociaux. Très vite, les accusations s’accumulent : Messages antisémites, propos haineux, apologie d’Hitler, relai de slogans appelant à la destruction d’Israël.
Des captures d’écran circulent sur X (anciennement Twitter), et plusieurs organisations, dont l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France), dénoncent la complaisance de l’institution. Certaines publications attribuées à la jeune femme remontent à 2021, alors qu’elle résidait encore à Gaza. L’une d’elles évoquerait « l’extermination des Juifs » et féliciterait « Hitler pour son œuvre ». Une autre appellerait à « la fin d’Israël, par le sang et par le feu ».
Réaction immédiate de l’IEP de Lille
Face à l’ampleur de la polémique et à la pression médiatique, la direction de Sciences Po Lille agit sans délai. Dans un communiqué solennel publié sur son site officiel le 30 juillet, elle annonce l’annulation de l’inscription de l’étudiante, arguant que les propos tenus sur ses réseaux sociaux « entrent en contradiction frontale avec les valeurs fondamentales de l’établissement ».
« Notre institut lutte activement contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, de haine et de discrimination. Ces valeurs ne sont pas négociables, quel que soit le contexte personnel ou géopolitique de l’étudiant. »
Le communiqué insiste sur le fait que cette décision a été prise en coordination avec le rectorat de l’Académie de Lille, la préfecture du Nord, le ministère de l’Enseignement supérieur, et le ministère de l’Intérieur.
Tempête politique et diplomatique
La réaction du gouvernement français est immédiate et tranchante.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, déclare sur les réseaux sociaux :
« Les propagandistes du Hamas n’ont rien à faire en France. J’ai demandé au préfet du Nord d’ouvrir une enquête et de saisir le procureur de la République. »
Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères, Jean‑Noël Barrot, ajoute :
« Des étudiants internationaux qui tiennent ou relaient des propos antisémites n’ont pas leur place sur notre territoire. Une enquête sur la chaîne de validation de cette admission a été lancée. »
Même son de cloche du côté de l’Éducation nationale, où le ministre Philippe Baptiste rappelle que la tolérance zéro est en vigueur contre tout discours de haine, même lorsqu’il est ancien ou écrit dans une autre langue.
Un accueil diplomatique sous le feu des critiques
La présence de cette étudiante en France ne résulte pas d’une démarche individuelle classique. Elle a été sélectionnée dans le cadre d’un dispositif piloté par le consulat général de France à Jérusalem, visant à permettre à des jeunes issus de Gaza, de Cisjordanie ou d’autres zones de conflit d’intégrer de grandes écoles françaises.
Ce programme, soutenu à la fois par le Quai d’Orsay et le ministère de l’Enseignement supérieur, visait à promouvoir le dialogue interculturel et la paix. Mais l’affaire met cruellement en lumière les lacunes des vérifications diplomatiques : Aucun signalement, aucune alerte, aucun filtre n’a visiblement détecté les propos incriminés.
Des voix s’élèvent donc pour demander un renforcement du “criblage numérique” des candidats accueillis sur le territoire français, même dans un cadre humanitaire.
Sciences Po dans la tourmente
Sciences Po Lille n’est pas la seule institution mise à l’épreuve sur ce terrain. Sciences Po Paris a récemment été visée par une mission sénatoriale, après plusieurs occupations d’amphis par des étudiants pro-palestiniens. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, plus de 719 actes antisémites ont été recensés en France selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
L’université est donc devenue l’un des nouveaux terrains de la guerre idéologique.
À Lille, les syndicats étudiants s’interrogent désormais :
- Comment cette étudiante a-t-elle pu passer entre les mailles du filet ?
- Pourquoi ces publications, pourtant publiques, n’ont-elles pas été repérées plus tôt ?
- L’établissement a-t-il été contraint par les pressions ministérielles ?
Un avenir compromis
L’étudiante est toujours sur le territoire français, hébergée temporairement, mais elle ne pourra pas intégrer Sciences Po Lille ni aucun établissement public français tant que l’enquête est en cours. Son avenir est suspendu à une éventuelle expulsion ou à une possible reconversion académique à l’étranger.
Ce cas symbolique interroge : La République peut-elle accueillir sans vigilance ? L’éducation peut-elle racheter un passé ? Et surtout, comment concilier humanisme, justice, sécurité et mémoire historique dans un monde hyperconnecté ?
À suivre… Une enquête est en cours. La préfecture du Nord a été saisie. Des suites judiciaires sont envisagées.
C’est normal !