Témoignage rare et sincère : Pierre explique son choix de la vasectomie après trois enfants. Un récit qui fait bouger les lignes sur MyJournal.fr.

Vasectomie en France : Pourquoi de plus en plus d’hommes comme Pierre font le choix de la stérilisation volontaire ?

SANTE

Moi, Pierre, père de trois enfants, vasectomisé : Récit d’un choix assumé

C’est dans un de ces matins doux et ordinaires que Pierre, 45 ans, a senti son cœur se relâcher. Il venait de déposer son fils aîné au lycée pour son oral de français. Une scène banale pour beaucoup, mais pour lui, elle marquait la fin d’un cycle. « Revivre ça dans 16 ans ? Non, merci », a-t-il murmuré en redémarrant sa voiture. Ce moment-là, il s’en souvient comme du vrai déclic. Le moment où il a compris que sa décision était juste, irréversible, et profondément libératrice. Pierre est vasectomisé.

Ce témoignage rare, livré dans une enquête signée Caroline Tourbe pour Le Point, jette une lumière crue mais nécessaire sur un sujet longtemps resté dans l’ombre en France : La vasectomie, ou stérilisation masculine volontaire, méthode contraceptive à la fois définitive et assumée. L’article de Le Point, publié le 1er août 2025, commence par ces mots pleins de retenue et d’ironie tendre :

« Un matin de juin 2024, Pierre dépose son fils au bac. Et se félicite : Il ne revivra pas ça. »

La naissance d’une évidence : La contraception n’est pas une affaire de femme

Marié, père de trois enfants de 10, 13 et 17 ans, Pierre est ce qu’on pourrait appeler un père engagé, mais usé. Le genre d’homme qui a changé des couches, préparé des biberons, veillé sur les fièvres de minuit et supporté les crises d’ado. Le genre d’homme aussi qui a vu sa femme porter la charge mentale de la contraception pendant deux décennies.

Il ne voulait plus que cela continue ainsi. Et surtout, il ne voulait plus d’enfant.

Mais choisir une vasectomie en France, en 2024, ce n’est pas anodin. Cela implique de bousculer un tabou culturel, d’oser regarder en face cette idée : Un homme peut, lui aussi, rendre sa fertilité volontairement inopérante, par amour, par choix, par logique.

Le chiffre qui dérange : Une méthode en plein essor… mais encore marginale

En France, entre 2010 et 2022, les actes de vasectomie ont été multipliés par quinze, atteignant 30 288 procédures en 2022, contre 2 706 en 2010. Une évolution saisissante, qui marque une lente révolution des mentalités. Mais la France reste très en retard par rapport à ses voisins :

  • Au Royaume-Uni, près de 16% des hommes de 40 à 49 ans ont subi une vasectomie.
  • En France ? À peine 0,1%.

Un cheminement semé de doutes… et de solitude

Pierre n’a pas pris cette décision sur un coup de tête. Il y a eu des mois de réflexion, de discussions avec son épouse, de lectures, de rendez-vous médicaux. Il raconte, dans l’article du Point, le regard surpris de certains médecins, la gêne implicite.

Et surtout, l’absence totale de communication institutionnelle. « C’est comme si ça n’existait pas », dit-il.

Et pourtant, la vasectomie est légale en France depuis 2001, autorisée à tout homme majeur. Elle consiste à bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes, rendant la personne stérile. C’est une opération bénigne, sous anesthésie locale, qui dure moins de 30 minutes… mais qui bouleverse une vie.

Ce que la vasectomie a changé pour Pierre

Aujourd’hui, un an après son opération, Pierre dit se sentir plus léger. Il ne vit aucune angoisse de grossesse surprise. Il dort mieux. Il regarde sa femme avec soulagement et fierté, car « elle n’a plus à porter cette charge pour deux ».

Son couple n’a pas été abîmé. Au contraire. Il s’est consolidé autour de ce choix fort, presque politique. Car oui, dans une société où la contraception repose encore à 97% sur les femmes, faire le choix de la vasectomie est un acte de rééquilibrage.

Et pourtant, un silence persiste

Il y a très peu de campagnes de sensibilisation en France. Très peu de témoignages masculins publics. Et beaucoup d’idées fausses circulent :

  • Non, la vasectomie ne diminue pas la libido.
  • Non, elle ne rend pas impuissant.
  • Oui, elle est réversible dans certains cas, mais pas toujours.

Ce silence entretient la peur. L’ignorance. Le tabou.

Vasectomie : Et si les hommes devenaient enfin acteurs de leur contraception ?

Et si Pierre devenait un modèle ?

Un homme ordinaire, mais courageux, qui montre qu’il est possible d’aimer sans dominer, de protéger sans contrôler, de choisir sans imposer.

Et si ce geste, encore marginal, devenait demain un réflexe partagé, une preuve d’amour moderne ?

1 thought on “Vasectomie en France : Pourquoi de plus en plus d’hommes comme Pierre font le choix de la stérilisation volontaire ?

  1. Douze. Douze enfants. Je les aime tous, du plus grand qui vient d’avoir 20 ans au petit dernier qui n’a pas encore dit son premier mot. Mais je suis à bout. Épuisé. Financièrement, moralement, physiquement. Et je n’ai plus le droit de le dire sans passer pour un père indigne.

    Je ne suis pas un homme à me plaindre. J’ai toujours assumé. J’ai travaillé dur, parfois deux boulots à la fois, pour qu’il y ait à manger sur la table. J’ai construit une cabane au fond du jardin pour agrandir la maison. Je me lève avant l’aube et je me couche après tout le monde. Et pourtant, au fond de moi, une idée me ronge chaque jour un peu plus : je n’en peux plus d’avoir des enfants.

    Ma femme, elle, est croyante. Très croyante. Pour elle, la contraception, c’est un péché. Elle refuse toute forme de pilule, de stérilet, de préservatif. Elle dit que “si Dieu nous envoie des enfants, c’est qu’on doit les accueillir”. Moi, je dis que Dieu ne fait pas les courses au supermarché et qu’il ne paie pas le chauffage en hiver.

    Je me suis longtemps plié à cette vision. Par amour. Par respect. Par lâcheté aussi, peut-être. Mais aujourd’hui, je suis fatigué. Les cris des enfants résonnent toute la journée. Je n’ai plus une minute pour moi. Et j’ai peur. Peur qu’un treizième arrive. Peur de basculer dans une misère qu’on ne choisit plus.

    Alors j’ai commencé à lire, à me renseigner, à chercher des témoignages. Et un mot est revenu : vasectomie. Au début, ça me faisait peur. L’idée de “couper” quelque chose d’aussi intime, d’aussi définitif. Et puis j’ai compris que c’était peut-être le seul moyen de dire “stop”. Le seul moyen d’être encore un bon père pour ceux que j’ai déjà.

    Je n’en ai pas encore parlé à ma femme. Je ne sais pas comment elle réagira. Mais je sais que ce corps est aussi le mien. Que j’ai le droit de dire non. Non à une nouvelle grossesse. Non à une énième nuit blanche. Non à cette fuite en avant qui nous ronge tous.

    La vasectomie, ce n’est pas un renoncement. C’est une forme de courage. Une façon d’aimer autrement. De dire : “J’ai assez donné. Je suis là pour ceux que j’ai déjà.” Et aujourd’hui, je pense sérieusement à franchir le pas. »

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