Julie : « Comment un tel scandale de violences sexuelles a-t-il pu émerger si longtemps après les faits et quelle est l’implication de Harrods dans ce processus d’accord à l’amiable ? »
Le monde des affaires britanniques est secoué par un scandale aux dimensions stupéfiantes. Mohamed Al-Fayed, magnat égyptien et ancien propriétaire emblématique du célèbre grand magasin Harrods, est accusé d’agressions sexuelles par plus de 200 femmes. Ces accusations, allant de harcèlements à des viols, se seraient déroulées entre les années 1970 et 2000, touchant non seulement des employées d’Harrods, mais également des femmes travaillant dans d’autres entreprises d’Al-Fayed, notamment le club de football Fulham FC. Aujourd’hui, des centaines de victimes se tournent vers Harrods pour obtenir justice, alors même que le milliardaire est décédé en août 2023. Retour sur une affaire complexe, qui pourrait devenir l’un des plus grands scandales de violences sexuelles liés à une figure du monde des affaires.
L’émergence d’un scandale : Des accusations de longue date
En 2023, des dizaines de femmes ont décidé de briser le silence en révélant au public des abus sexuels présumés perpétrés par Mohamed Al-Fayed. À l’époque, Harrods aurait tenté de résoudre certaines plaintes en privé, évitant une exposition publique. Cependant, le nombre d’accusatrices n’a cessé de croître, et un documentaire de la BBC, intitulé Al-Fayed : un prédateur chez Harrods, diffusé en septembre 2023, a suscité de nouvelles révélations. Le documentaire expose les témoignages de femmes affirmant avoir été agressées sexuellement par l’ancien propriétaire d’Harrods dans ses bureaux, ses résidences privées, et d’autres de ses établissements. Selon les avocats de Justice for Harrods Survivors, une association représentant de nombreuses victimes, il existe des « preuves crédibles » d’agressions commises dans les propriétés d’Al-Fayed, en particulier dans des contextes professionnels.
Ce scandale éclate après des décennies de silence, les accusations les plus anciennes datant de 1977. Plusieurs femmes auraient subi des violences alors qu’elles étaient mineures ou jeunes adultes, nouvellement embauchées au sein de l’empire d’Al-Fayed. Une des victimes, âgée de 19 ans au moment des faits, raconte avoir été utilisée comme un « jouet sexuel » après avoir été recrutée comme gouvernante pour le manoir d’Al-Fayed dans le sud-est de l’Angleterre. Des détails glaçants émergent dans ce témoignage et des dizaines d’autres, alimentant le besoin des victimes d’obtenir réparation malgré la disparition de leur agresseur présumé.
Le rôle de Harrods et la recherche d’un accord à l’amiable
Face aux révélations qui se sont multipliées depuis la diffusion du documentaire de la BBC, les représentants actuels de Harrods ont annoncé le lancement d’un processus d’accord à l’amiable avec les victimes. Bien qu’Al-Fayed ne soit plus propriétaire d’Harrods depuis sa vente en 2010, la marque reste associée à son image. Consciente des dégâts d’un tel scandale sur sa réputation, la direction actuelle souhaite trouver une issue honorable pour les victimes. Le but : Éviter une bataille judiciaire de grande ampleur tout en tentant de satisfaire la demande de justice et de reconnaissance des victimes.
Cet accord pourrait également permettre aux victimes d’éviter des années de procédures longues et éprouvantes. La direction d’Harrods, désormais sous le contrôle du Qatar Investment Authority, semble déterminée à montrer son soutien aux victimes tout en réduisant les dommages sur la réputation du magasin de luxe. Selon des sources internes, le processus d’accord à l’amiable devrait couvrir les préjudices émotionnels et psychologiques subis par les victimes, même si les montants de compensation n’ont pas encore été divulgués.
Des accusations difficiles à ignorer pour la justice
Bien que Mohamed Al-Fayed soit décédé en août 2023 à l’âge de 94 ans, la gravité des faits et le nombre impressionnant de témoignages rendent impossible toute forme d’indifférence. Les témoignages, corroborés par des témoins et des éléments de preuves matérielles, montrent une image d’Al-Fayed en prédateur sexuel agissant sous l’impunité au sein de son empire.
D’autres personnes, qui ont contacté la BBC depuis la diffusion du documentaire, affirment avoir vu ou entendu parler de comportements inappropriés de la part de l’homme d’affaires au sein d’Harrods. Selon Justice for Harrods Survivors, certaines des agressions présumées auraient été commises en public, ce qui souligne le climat d’impunité et de silence qui régnait autour du milliardaire.
Un scandale qui ébranle le monde des affaires
L’affaire Al-Fayed prend une dimension unique dans le monde des affaires britannique, une sphère généralement peu exposée aux scandales de violences sexuelles. La mort d’Al-Fayed empêche toute poursuite judiciaire directe, mais elle ne stoppe pas les efforts des victimes pour obtenir réparation auprès de Harrods, symbole de l’empire de l’homme d’affaires.
Le processus de règlement à l’amiable en cours pourrait inspirer d’autres entreprises confrontées à des scandales similaires à prendre des initiatives pour répondre aux souffrances des victimes. Ce règlement pourrait permettre à Harrods de préserver son image tout en envoyant un message de soutien aux survivantes de violences sexuelles, montrant que même les figures les plus puissantes ne peuvent échapper aux conséquences de leurs actions.
L’héritage controversé de Mohamed Al-Fayed
Malgré ses contributions au commerce de luxe et son influence dans le football britannique, l’héritage de Mohamed Al-Fayed est terni par les accusations de violences sexuelles. Ancien propriétaire de Harrods et du club de football Fulham, il est aujourd’hui accusé d’avoir utilisé son statut pour commettre des actes inqualifiables. Son décès empêche certes une condamnation légale, mais la recherche d’accords à l’amiable rappelle que les victimes n’oublient jamais.
En somme, le processus de règlement en cours entre Harrods et les victimes d’Al-Fayed constitue une réponse pragmatique et respectueuse, offrant aux survivantes une forme de justice malgré le décès du principal accusé. La diffusion de l’enquête de la BBC a permis de mettre en lumière des décennies d’abus, rappelant à quel point la lutte contre les violences sexuelles doit demeurer une priorité dans tous les secteurs de la société.
