À Oissel, l’exclusion d’une femme pour port du voile dans une salle de musculation soulève la polémique, son frère menaçant d’incendier les lieux.

Elle refuse d’enlever son voile et se fait exclure de son club de musculation, son frère débarque et menace de « tout cramer »

SOCIETE
Exclusion d’une femme voilée

Le 22 août dernier, dans la ville d’Oissel, en Seine-Maritime, la routine sportive d’une jeune femme de 32 ans a basculé en véritable affaire publique. Elle avait franchi la porte de son club de musculation comme elle en avait l’habitude, vêtue d’une tenue jugée discrète et conforme au moment de son inscription. Rien ne laissait présager que cette séance tournerait au drame. Mais au cœur de cette salle, la question du voile a surgi, et avec elle une succession d’événements qui allaient embraser l’atmosphère.

Tout commence lorsque le président du club, invoquant le règlement intérieur de l’association sportive, lui demande d’ôter son voile. Le texte stipule en effet que tout couvre-chef est interdit : Casquettes, bonnets, foulards, et donc par extension, son voile islamique. Pour le dirigeant, il ne s’agit pas de cibler une conviction religieuse mais d’appliquer une règle commune à tous. Mais pour la jeune femme, cette demande est inacceptable. Elle refuse, fermement.

« On m’a demandé d’enlever mon voile, j’ai dit non », confie-t-elle à La Dépêche. Elle se sent discriminée, rejetée pour ce qu’elle porte sur la tête et qui, à ses yeux, ne gêne en rien la pratique sportive. Pourtant, la sanction tombe : Exclusion immédiate du club. Un couperet qui résonne comme une injustice.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Quelques heures plus tard, son frère, ulcéré par ce qu’il perçoit comme une humiliation et un rejet religieux, débarque furieux dans l’établissement. Selon le président, ses paroles claquent comme des menaces : « Je vais tout cramer ici ». Des propos qui font l’effet d’une bombe, suffisant pour que le dirigeant du club dépose une main courante, évoquant outrage, injure et menace.

La tension monte d’un cran. Dans la ville, les langues se délient : Certains rappellent que le règlement est connu, affiché et appliqué à tous sans distinction. D’autres dénoncent une rigidité excessive qui, dans les faits, pénalise particulièrement les femmes voilées et leur ferme les portes de certaines pratiques sportives. L’histoire dépasse les murs de la salle pour devenir un sujet de débat, où se confrontent défense de la laïcité, liberté individuelle et soupçon de discrimination.

La jeune femme, elle, assure n’avoir rien demandé d’autre que le droit de pratiquer son sport en paix. Elle évoque même la maladresse du président qui, selon ses dires, lui aurait demandé si son voile était « imposé par son mari », une question qu’elle juge profondément déplacée.

D’un côté, un président qui se retranche derrière son règlement intérieur et affirme avoir agi conformément aux statuts fédéraux. De l’autre, une sportive exclue qui parle de stigmatisation et de violation de ses droits. Entre les deux, un frère qui a transformé un conflit sportif en menace incendiaire.

Ce fait divers, rapporté par La Dépêche, révèle à quel point les tensions autour du voile en France demeurent vives, jusque dans les espaces les plus quotidiens, comme une salle de musculation. Ici, le sport, censé rassembler et libérer, devient au contraire l’arène d’un affrontement entre règles, convictions et passions. Et à Oissel, ce simple voile islamique a suffi à embraser tout un club.

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