Élise : « Que se passait-il dans le cœur d’Yvette, « Mamichat » de l’A9, lorsque la nuit enveloppait son campement et que seuls ses chats lui tenaient compagnie ? »
Elle était là depuis si longtemps que certains pensaient qu’elle faisait partie du décor. Un visage familier pour les habitués de l’autoroute A9, un repère humain sur l’aire de Fabrègues, dans l’Hérault. Yvette, 78 ans, plus connue sous le surnom de « Mamichat », n’était pas une passante : Elle vivait là. Non pas depuis quelques mois ou quelques années… mais depuis trente-huit ans. Son décès, révélé par La Dépêche ce 11 août 2025, a remué la mémoire de ceux qui croisaient régulièrement son chemin.
Une vie entière au bord de l’A9
En 1987, Yvette avait posé ses affaires sur cette aire d’autoroute, à quelques kilomètres de Montpellier. Les raisons exactes de ce choix restent floues. Était-ce une rupture familiale ? Des difficultés financières ? Ou simplement la recherche d’une forme de liberté loin des contraintes du monde ? Ce que l’on sait, c’est qu’elle avait trouvé ici un territoire qui lui appartenait, fait de bitume, de bancs publics, de zones ombragées et de petits abris improvisés.
Son quotidien s’organisait autour d’un campement de fortune. Une tente ou un abri bricolé avec des bâches, quelques meubles récupérés, des cartons pour isoler du vent. Et toujours, toujours, la présence de chats. Des dizaines au fil des années. Des félins errants qu’elle nourrissait, soignait, adoptait presque, au point d’en devenir la « Mamichat » de l’A9.
Une figure connue des routiers et voyageurs
Les chauffeurs routiers qui s’arrêtaient régulièrement à Fabrègues la connaissaient bien. Certains prenaient le temps de lui apporter un café, un sandwich, ou même des croquettes pour ses animaux. D’autres se contentaient d’un signe de la main. Les familles en route pour les vacances l’apercevaient parfois, intriguées par cette femme au milieu des chats. Elle ne cherchait pas vraiment à engager la conversation, mais répondait volontiers aux salutations, avec un sourire discret.
Le directeur de l’aire de Fabrègues témoigne d’une présence “quasi permanente”, une silhouette que l’on retrouvait été comme hiver, sous la chaleur écrasante d’août ou dans l’humidité glaciale des nuits d’hiver. Pour certains habitués, elle incarnait presque l’âme de cet endroit.
Un décès passé sous silence pendant six mois
Et puis, un jour, plus rien. Le campement vide, les chats dispersés. Ceux qui avaient pris l’habitude de la voir ont cru, au début, à une absence temporaire. Mais les semaines ont passé. Selon les informations de La Dépêche, Yvette est morte il y a environ six mois. Les circonstances exactes de son décès ne sont pas détaillées, mais il semble qu’elle se soit éteinte loin de l’aire, probablement hospitalisée.
Ce n’est que récemment que la nouvelle a circulé, suscitant une vague d’émotion. Beaucoup ont réalisé que derrière cette femme discrète se cachait une vie entière, marquée par la précarité mais aussi par une étonnante constance. Rares sont ceux qui, dans notre époque d’instabilité, restent 38 ans au même endroit.
Un symbole de solitude et de résilience
Yvette représentait, pour certains, une marginalité choisie, pour d’autres, la preuve d’un abandon social. Comment une femme a-t-elle pu vivre presque quatre décennies au bord d’une autoroute sans qu’aucune structure ne l’accompagne réellement ? Son histoire pose la question de la visibilité des plus fragiles : Tant qu’ils ne gênent pas, on les ignore.
Pour ceux qui l’ont croisée, elle restera « Mamichat », celle qui partageait sa vie avec les félins et qui observait le flot incessant des voitures depuis son petit royaume de bitume. Sa disparition laisse un vide silencieux, à l’image de sa vie, passée loin des projecteurs mais gravée dans la mémoire de ceux qui prenaient le temps de la voir.