L’histoire de l’aviation regorge de projets ambitieux, mais tous ne connaissent pas le succès escompté. Parmi eux, le Boeing 2707, un avion supersonique américain conçu pour rivaliser avec le légendaire Concorde, occupe une place particulière. À l’aube des années 1960, alors que la Guerre froide faisait rage, la course à l’innovation technologique atteignait des sommets vertigineux. Les États-Unis, désireux de ne pas se laisser distancer, mirent sur pied un projet d’avion supersonique qui, malgré des débuts prometteurs, ne décolla jamais. Plongeons dans l’histoire fascinante de ce Boeing 2707, un projet avorté qui célèbre aujourd’hui ses 60 ans.
Une course effrénée aux avions supersoniques
Replongeons dans les années 1960, une époque où la compétition technologique était à son apogée. Les puissances occidentales et soviétiques se livraient à une guerre de l’innovation. Les Anglais et les Français travaillaient d’arrache-pied sur le Concorde, un avion supersonique capable de voler deux fois plus vite que la vitesse du son. L’Union Soviétique, quant à elle, développait le Tupolev Tu-144, surnommé « Concordski » par les médias occidentaux pour sa ressemblance frappante avec son homologue franco-britannique. Pour les États-Unis, rester en retrait était inconcevable.
Le Boeing 2707 : Concurrent direct du Concorde
En 1964, Boeing présenta ses premiers avant-projets de ce qui deviendrait le Boeing 2707. Deux ans plus tard, l’administration Kennedy, via le programme National Supersonic Transport, sélectionna Boeing pour développer cet aéronef commercial révolutionnaire. L’objectif : Surpasser le Concorde sur tous les plans. Le Boeing 2707 devait atteindre Mach 2,7 (soit 2 900 km/h) et transporter près de trois fois plus de passagers que le Concorde (277 contre 100).
Cependant, ce projet titanesque se révéla rapidement coûteux et extrêmement gourmand en kérosène. Dès le début des années 1970, des voix s’élevèrent pour critiquer son impact environnemental et ses nuisances sonores. Le fameux « boom » supersonique, une détonation puissante audible à des dizaines de kilomètres, soulevait des préoccupations.
La fin d’un rêve
En mars 1971, le coup de grâce tomba : Le gouvernement américain, qui finançait le projet à hauteur de 75%, cessa son soutien financier. Malgré les 120 commandes passées par vingt-six compagnies aériennes et les millions de dollars investis, les prototypes ne furent jamais achevés. Un échec pour Boeing, mais rapidement compensé par le succès du Boeing 747, lancé en 1970.
Un renouveau des avions supersoniques ?
Plus de deux décennies après la fin des vols supersoniques, de nouveaux projets voient le jour. Boom Technology prévoit le lancement de son avion supersonique Overture pour 2029, promettant de relier New York à Paris en trois heures et demie. La Nasa, quant à elle, a dévoilé en janvier dernier son X-59, un avion supersonique capable de franchir le mur du son sans provoquer de bruits assourdissants. Cependant, le retour de ces avions soulève des inquiétudes écologiques, car ils consomment encore beaucoup plus de carburant par passager que leurs homologues subsoniques.
En conclusion
Le Boeing 2707 reste un exemple marquant de l’ambition humaine face aux défis technologiques. Bien que le projet n’ait jamais abouti, il a pavé la voie pour de futures innovations dans le domaine de l’aviation supersonique. Alors que de nouveaux modèles se préparent à prendre leur envol, l’histoire du Boeing 2707 nous rappelle l’importance de l’équilibre entre progrès technologique et durabilité environnementale.