« Inès ne comprenait pas : Comment un monde aussi magique que Disneyland pouvait-il servir de décor à un cauchemar aussi réel qu’un mariage pédocriminel ? »
La promesse d’un conte de fées
C’était un samedi matin comme les autres à Marne-la-Vallée, ou presque. Le ciel était bleu, les allées fraîchement lavées brillaient sous les premiers rayons de soleil, et les haut-parleurs de Disneyland Paris diffusaient leur éternel refrain féerique. Personne, parmi les visiteurs ni même le personnel, ne pouvait deviner l’indicible qui s’apprêtait à se jouer derrière les grilles encore closes du parc d’attractions le plus visité d’Europe.
Une privatisation avait été programmée. Rien d’inhabituel jusque-là : Disneyland Paris reçoit régulièrement des demandes de grandes entreprises, de célébrités, de familles richissimes pour des événements intimes. Mais celle-ci avait quelque chose de différent. Trop discret. Trop opaque. Une réservation formulée depuis l’étranger, payée en espèces via une agence intermédiaire. Une exigence : Aucun témoin extérieur, un cadre « parfaitement romantique« , et… une cérémonie. De mariage.
L’homme au costume blanc
Il se faisait appeler Amir. Âgé de 42 ans, cet homme au port altier et à la barbe parfaitement taillée était arrivé la veille, accompagné de trois autres personnes : Une femme plus âgée, deux jeunes hommes, et… une petite fille.
L’enfant portait une robe blanche brodée de perles, une couronne de fleurs artificielles sur la tête, et ne disait pas un mot. Pas un cri. Pas un sourire. Ses yeux sombres semblaient chercher une issue, un visage connu. Elle ne connaissait personne ici. Et personne ne semblait s’inquiéter pour elle.
L’homme parlait peu. Mais il avait été clair dans ses demandes. « Le château en fond. Des ballons. Et une photo au pied de Mickey et Minnie. » Une demande innocente ? Pas quand on regarde les détails du contrat : La cérémonie devait être « solennelle« , avec échange d’anneaux, prise de serments et signature de documents en présence de deux témoins. Pour un anniversaire d’enfant ? Non. Pour une union.
Le soupçon d’une hôtesse
C’est Léa, 28 ans, hôtesse d’accueil au parc depuis cinq ans, qui a eu le premier doute. « Quelque chose clochait« , dira-t-elle plus tard à la police. « Cette petite ne souriait pas, ne courait pas. Elle marchait comme si on lui avait ordonné de le faire. »
Léa a prévenu discrètement son supérieur. Une discussion rapide, un appel à la sécurité interne. En moins de quinze minutes, les portes du parc restaient closes. Et Disneyland contactait la police.
L’intervention du parquet de Meaux
La scène est aussi glaçante qu’absurde. Alors que les policiers arrivent en nombre à l’entrée principale du parc, Amir tente de maintenir le cap. « C’est une erreur. C’est une coutume de mon pays« , explique-t-il calmement. L’un des agents, choqué, saisit alors le carnet posé sur une table décorée de confettis : Un faux certificat de mariage, rédigé en arabe et en anglais, avec la mention « épouse légitime » à côté du nom de la fillette.
Les quatre adultes sont interpellés. La fillette est immédiatement prise en charge par une équipe de la protection de l’enfance. Selon les premiers éléments de l’enquête, elle aurait été « promise » à cet homme dans le cadre d’un arrangement familial entre deux branches d’une même communauté vivant entre l’Europe et le Moyen-Orient.
L’indignation et le silence
Le parquet de Meaux s’est saisi de l’affaire. Les mots sont lourds : Tentative de mariage forcé, mise en danger d’une mineure, pédocriminalité aggravée. Disneyland Paris, de son côté, a choisi le silence. Un communiqué de quelques lignes, laconique, évoque « un événement non conforme aux valeurs du parc« .
Sur les réseaux sociaux, l’affaire fait déjà scandale. Les internautes oscillent entre colère, incompréhension, et terreur. « Et si personne ne s’était rendu compte ? » écrit une mère de famille. « Combien de fois cela est-il déjà arrivé, ailleurs, en silence ?«
Une histoire qui n’aurait jamais dû exister
Dans la chambre d’un foyer sécurisé en région parisienne, la fillette de 9 ans a enfin pu enlever sa robe. Elle a demandé un pyjama rose et un dessin animé à la télévision. Elle ne voulait pas dormir. Elle avait peur, disait-elle, « qu’il revienne pour l’emmener« .
L’affaire, elle, ne fait que commencer. Interrogés par les autorités, les adultes refusent de parler. Le téléphone portable de l’homme a été saisi : Plusieurs conversations WhatsApp, des photos de l’enfant envoyées à d’autres adultes, et ce message glaçant : « Demain, elle sera à moi, dans le royaume de Mickey. »
Et maintenant ?
Le scandale réveille une problématique trop souvent ignorée : Les mariages d’enfants. Si la France interdit strictement toute union avant 18 ans, certaines familles tentent de contourner la loi via des cérémonies « symboliques« , voire en organisant des voyages dans des pays où ces pratiques sont tolérées.
Ce jour-là, à Disneyland Paris, une fillette de 9 ans a échappé au pire. Grâce à une employée attentive. Grâce à un soupçon. Grâce à un appel.
Mais combien d’autres enfants, chaque année, n’ont pas cette chance ?