Question posée par Camille : Pourquoi Marian, surnommé « Le Capitaine », a-t-il choisi de prendre la carte bancaire ?
Marian, le SDF qui s’adapte à l’ère numérique : « Les gens n’ont plus de monnaie »
Les Champs-Élysées, à Paris, voient passer chaque jour des milliers de visiteurs, mais parmi eux, certains visages familiers s’y installent en quête d’un peu de solidarité. Parmi ces figures connues des habitués, Marian, un sans-abri de 55 ans, et son fidèle compagnon Toto, un petit chien espiègle, attirent les regards. Mais ce qui différencie Marian des autres, ce n’est pas seulement son chapeau de marin ou son sourire chaleureux : C’est son approche novatrice de la mendicité. Marian accepte la carte bancaire et les paiements par smartphone. Une adaptation nécessaire dans un monde où l’argent liquide se fait rare.
La fin des pièces dans nos poches : Une difficulté pour les sans-abri
Les Français utilisent de moins en moins de monnaie. Selon une étude Ifop pour la Monnaie de Paris, 94% des Français privilégient les paiements par carte bancaire ou smartphone. Cette transformation a des conséquences inattendues, notamment pour ceux qui dépendent des dons des passants. « Avant, les gens donnaient beaucoup plus. Ils avaient des pièces dans leurs poches », explique Marian. Aujourd’hui, il lui arrive de passer plusieurs heures à « faire la manche » sans récolter plus de quelques centimes.
Pour Marian, cette tendance a été un véritable défi. Mais loin de baisser les bras, il a trouvé une solution ingénieuse : Utiliser un terminal de paiement et une application bancaire pour permettre aux passants de faire un don numérique.
Comment fonctionne la mendicité numérique ?
Le système est simple. Marian s’est doté d’un petit terminal de paiement portable, le SumUP, et utilise une application mobile comme Revolut. Lorsqu’un passant souhaite faire un don mais n’a pas de monnaie, Marian lui tend son téléphone ou son terminal. En scannant un QR code ou en insérant une carte bancaire, il est possible de faire un don en quelques secondes.
Lionel, un jeune homme de 24 ans croisé sur les Champs-Élysées, raconte son expérience : « Je n’avais pas de pièce sur moi, mais quand Marian m’a proposé de scanner un QR code, j’ai trouvé ça pratique. En une seconde, j’ai pu lui donner 1,94 euro. » Cette modernité surprend souvent les passants, mais elle leur permet de continuer à aider malgré l’absence de monnaie.
Les défis de cette innovation
Cependant, tout n’est pas si simple. Marian explique que certains passants restent méfiants face à cette nouvelle méthode. « Parfois, on me dit : ‘Et si tu captes mes coordonnées bancaires ?’ Mais ce n’est pas possible, c’est sécurisé. C’est le même système que dans les magasins. »
Le scepticisme n’est pas le seul problème. L’utilisation d’un terminal ou d’une application nécessite d’avoir un smartphone et un accès Internet. Selon Elina Dumont, de l’association Entourage, seuls 30% des sans-abri en France disposent d’un téléphone portable, et encore moins ont un forfait leur permettant d’utiliser des applications bancaires. « Cela reste une exception parmi les sans-abri », confirme-t-elle.
Une visibilité accrue, mais parfois pesante
L’utilisation d’un terminal de paiement attire aussi l’attention, parfois indésirable. Marian raconte qu’il a été filmé à son insu par des passants qui ont partagé les vidéos sur TikTok. « Les gens pensent que je suis riche ou que je fais un business. Mais ce n’est pas vrai », déplore-t-il. Pour preuve, il montre le fruit de sa mendicité numérique : 38 euros récoltés en une semaine.
Malgré ces défis, Marian persiste. « Cela me permet de nourrir Toto, d’acheter de quoi manger et de rester propre », affirme-t-il. Il insiste sur le fait que cet argent n’est jamais utilisé pour des dépenses inutiles. « Pas d’alcool, pas de cigarettes », précise-t-il.
Un avenir pour la mendicité numérique ?
Si l’expérience de Marian reste rare, elle soulève une question importante : La technologie peut-elle aider les sans-abri à mieux vivre ? Pour l’instant, les avis sont partagés. Certains, comme Pierre-Emmanuel Boileau, de l’Ordre de Malte, estiment que cette solution a peu de chances de se généraliser en raison des obstacles techniques et sociaux. D’autres voient dans cette initiative un exemple inspirant d’adaptation à un monde en mutation.
Quoi qu’il en soit, Marian continue de se battre chaque jour pour survivre. « La rue, c’est dur. Mais les gens comme moi n’ont pas le choix. » Grâce à son terminal de paiement et à son application, il espère pouvoir compter sur la générosité des passants, même à l’ère du numérique.
Et vous ? La prochaine fois que vous croiserez Marian ou un autre sans-abri équipé d’un terminal, serez-vous prêt à faire un don numérique ? Une petite somme peut faire une grande différence.
- SOURCE : Reportage vidéo sur Le Parisien.