Claire : « Comment peut-on exiger d’un médecin épuisé d’assurer des gardes supplémentaires alors qu’elle porte déjà le poids de centaines de patients sur ses épaules ? »
Dans un petit village de la Loire, au cœur de la campagne française, une scène inhabituelle s’est déroulée en plein cabinet médical. Trois gendarmes, missionnés par l’Agence Régionale de Santé (ARS), sont venus remettre à une médecin généraliste un arrêté de réquisition.
L’objectif ? L’obliger à assurer des gardes le soir et le week-end pour pallier le manque de couverture médicale dans cette zone. Ce fait divers a déclenché une vive polémique dans la commune de Bully, réunissant habitants et élus autour d’une pétition pour soutenir leur praticienne. Retour sur une histoire symptomatique de la crise des soins en milieu rural.
Un cabinet médical en sous-effectif chronique
Depuis juin 2024, la médecin généraliste, unique praticienne de Bully, gère seule un cabinet autrefois partagé avec un collègue. Avec entre 1 500 et 2 000 patients à sa charge, elle jongle déjà avec des consultations à un rythme effréné. Le départ de son confrère n’a pas seulement augmenté sa charge de travail, il a aussi fait d’elle la seule garante de l’accès aux soins pour des centaines d’habitants du secteur.
« C’est compliqué de tenir ce rythme. Elle est fatiguée et essaie de faire de son mieux, mais tout a des limites », explique Dominique Mayere, Maire de Bully. La loi impose pourtant des gardes dans ces zones rurales : Les soirs de semaine entre 20 heures et minuit, ainsi que les week-ends et jours fériés.
Face à cette obligation et à l’absence de renforts, la praticienne a choisi de refuser ces gardes, estimant que sa santé et la qualité des soins qu’elle prodigue étaient en jeu. L’ARS, n’ayant pas trouvé de remplacement, a alors sollicité le préfet pour une réquisition officielle.
Une réquisition qui divise
La scène aurait pu passer inaperçue si la manière d’agir n’avait pas choqué les habitants. En pleine consultation, la médecin a vu trois gendarmes entrer dans son cabinet pour lui présenter l’arrêté. Une méthode jugée « disproportionnée » par les Bullyçois.
« Comment peut-on utiliser les mêmes moyens pour une médecin et pour des délinquants ? Trois gendarmes, c’est une intimidation pure ! » s’indigne un habitant, interrogé par BFMTV.
Face à cette situation, la praticienne a pris un arrêt maladie et envisage même de quitter la profession. Cette décision, selon le centre de santé du Marais qui la représente, n’est pas directement liée à la réquisition mais plutôt à un épuisement profond.
Une pétition pour soutenir la médecin
Dans cette commune de 400 habitants, la solidarité s’organise. La Mairie de Bully a lancé une pétition demandant que la médecin puisse travailler sans avoir à assurer les gardes imposées. En quelques jours, près de 200 signatures ont été recueillies.
Mireille Brunelin, adjointe au Maire, s’alarme : « Si on continue à traiter les médecins comme ça, plus aucun jeune praticien ne voudra s’installer ici. » Cette crainte fait écho à une réalité nationale : La désertification médicale des zones rurales.
L’ARS face à ses responsabilités
De son côté, Maxime Audin, directeur adjoint de la délégation Loire de l’ARS, justifie cette réquisition : « Mon rôle est d’assurer le meilleur accès possible aux soins pour les habitants, qui ont le droit d’être malades. » Pour autant, il reconnaît les difficultés structurelles du secteur.
Le problème ne se limite pas à Bully. Partout en France, les zones rurales manquent cruellement de médecins. Les jeunes généralistes préfèrent souvent s’installer en milieu urbain, mieux équipé et offrant une meilleure qualité de vie professionnelle.
Une crise sanitaire nationale
L’histoire de Bully est loin d’être un cas isolé. Elle met en lumière des enjeux fondamentaux pour la santé publique :
- La surcharge de travail des médecins généralistes : Dans certaines régions, un praticien doit parfois gérer plusieurs milliers de patients.
- Le manque de régulation : Les dispositifs pour encourager les jeunes médecins à s’installer en milieu rural sont encore insuffisants.
- La nécessité de solutions pérennes : Des modèles comme les maisons de santé pluridisciplinaires ou le recours à la télémédecine peuvent apporter un répit temporaire, mais ne résolvent pas le problème de fond.
Quelles perspectives ?
Le cas de cette médecin de Bully invite à une réflexion nationale. Comment répartir les responsabilités médicales de manière équitable ? Quelles incitations créer pour attirer les jeunes praticiens dans des zones délaissées ?
Pour les habitants de Bully, la priorité est claire : Soutenir leur médecin et garantir un accès aux soins durable. Mais au-delà des pétitions locales, c’est une politique de santé rénovée et ambitieuse qu’il faut déployer.
Honte aux gendarmes qui acceptent ces missions. Intimider ce Médecin ! Depuis le début de la covid
ils menacent , sanctionnent, pourraient aussi employer la force « dite légale » sans aucun discernement.
Dans quel pays sommes-nous ? Qui sont les responsables de cette chienlit???