“Cet héritage nous oblige” : le coup d’éclat d’Aly Diouara devant les héros du FLN en Algérie

Scandale politique : Le député LFI Aly Diouara glorifie les combattants du FLN en Algérie

POLITIQUE

Il avance lentement dans les ruelles étroites de la Casbah d’Alger, ce dédale chargé de mémoires et de cicatrices. Le député LFI Aly Diouara, élu de Seine-Saint-Denis, n’est pas là par hasard. Comme le rapporte Valeurs Actuelles, il a décidé de consacrer une partie de son été à une visite hautement symbolique : Un hommage aux combattants du Front de Libération Nationale (FLN), figures incontournables de la guerre d’indépendance algérienne.

Sous ses yeux, une fresque s’impose : Le visage d’Ali la Pointe, héros de la résistance algérienne, mort à seulement 27 ans lors de la bataille d’Alger. C’est devant cette peinture murale qu’Aly Diouara choisit de poser et de publier un message solennel sur X (ex-Twitter) :

« Cet été, il me tenait à cœur de fouler humblement cette terre sur laquelle le sang de tant d’hommes et de femmes a coulé. Aspirant à la liberté, sous l’emprise du joug colonial français, ils ont libéré l’Algérie et obtenu leur indépendance. Cet héritage nous oblige. »

Un hommage, mais aussi un cri, qui traverse les frontières et réveille les mémoires.

Un geste qui divise en France

Car en France, les mots de Diouara provoquent immédiatement des réactions contrastées. Pour certains, c’est un devoir de mémoire légitime, une reconnaissance de l’histoire et du sacrifice d’hommes et de femmes qui ont payé de leur vie la liberté de leur pays. Pour d’autres, c’est une provocation, voire une trahison : Comment un député français peut-il glorifier une organisation qui a mené la lutte armée contre la France, parfois au prix d’attentats meurtriers ?

Valeurs Actuelles rappelle que Diouara n’est pas le premier à effectuer un tel déplacement. Avant lui, d’autres élus de La France Insoumise – Rima Hassan et Sébastien Delogu – avaient également foulé la terre algérienne pour rendre hommage aux figures de la révolution. Chaque fois, la polémique renaît, preuve que soixante-trois ans après les accords d’Évian, la mémoire de la guerre d’Algérie reste une plaie à vif.

La Casbah, théâtre de mémoire

La Casbah d’Alger, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est bien plus qu’un décor pittoresque. C’est un symbole. Ses murs portent encore les cicatrices de la bataille d’Alger (1957), théâtre d’affrontements sanglants entre le FLN et l’armée française. Ali la Pointe y a trouvé la mort, dynamité avec plusieurs de ses compagnons par les parachutistes français. Aujourd’hui, son visage peint veille comme une ombre sur les visiteurs.

En se tenant devant cette fresque, Aly Diouara a voulu se placer dans cette filiation historique. « Cet héritage nous oblige », écrit-il. Une phrase lourde de sens, qui sonne comme une invitation à la France à regarder en face son passé colonial, sans fard ni esquive.

Une symbolique diplomatique

Mais le geste a aussi une portée diplomatique. À un moment où les relations entre Paris et Alger traversent de nouvelles turbulences, cette sortie d’un député français résonne des deux côtés de la Méditerranée. Alger y voit un signe de reconnaissance, un respect tardif mais nécessaire. Paris, en revanche, reste embarrassé : L’exécutif, qui tente de maintenir un fragile équilibre entre mémoire, diplomatie et politique intérieure, se retrouve une nouvelle fois confronté à une fracture mémorielle difficile à combler.

Un héritage qui divise encore

Aly Diouara, dans son discours, ne cherche pas à nier les violences, ni à glorifier une guerre. Il insiste sur le devoir de mémoire, sur l’importance de reconnaître le sacrifice d’un peuple pour sa liberté. Mais dans l’hexagone, cette reconnaissance est loin de faire consensus. Pour beaucoup, elle sonne comme une condamnation implicite de la France coloniale, une lecture univoque d’un passé complexe et douloureux.

Soixante-trois ans après l’indépendance, le spectre de la guerre d’Algérie continue donc de hanter les discours politiques, les mémoires collectives et les relations diplomatiques.

L’hommage d’Aly Diouara, relaté par Valeurs Actuelles, n’a fait que le rappeler avec force : L’histoire entre la France et l’Algérie n’est pas close, et chaque mot prononcé de part et d’autre de la Méditerranée continue de résonner comme un écho puissant.

Laisser un commentaire