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Scandale à Majorque : Des appartements à 1,5 million d’euros démolis sans indemnisation

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Lorsque Lee et Georgie Pendleton ont acheté leur appartement en bord de mer à Majorque en 2008, ils pensaient avoir trouvé leur coin de paradis. Un havre de paix estimé à 1,5 million d’euros, parfait pour les vacances et les moments en famille. Mais aujourd’hui, ce rêve s’effondre, au sens propre comme au figuré : Leur bien, ainsi que ceux d’une dizaine d’autres propriétaires, sera démoli avant Noël. Et ce, sans qu’ils puissent prétendre à la moindre indemnisation. Retour sur une affaire qui illustre les dérives de l’urbanisme à Majorque.

Un rêve transformé en cauchemar

Le couple britannique avait investi dans cette résidence secondaire située dans la commune d’Andratx, à Majorque. L’appartement, spacieux et lumineux, jouissait d’une vue imprenable sur la mer Méditerranée. Cependant, en 2013, une annonce a fait l’effet d’une bombe : Le bâtiment dans lequel ils avaient investi avait été construit illégalement.

À l’origine du scandale, Eugenio Hidalgo, l’ancien Maire de la commune. Entre les années 1999 et 2003, il avait délivré plusieurs permis de construire frauduleux en échange de pots-de-vin. Cette corruption massive avait fini par être mise au jour, et l’élu avait été condamné à de la prison. Mais les conséquences de ses actes continuent de se faire sentir, vingt ans plus tard.

La démolition actée… et sans compensation

En septembre 2013, les autorités locales ont annoncé que tous les bâtiments construits illégalement sous le mandat d’Eugenio Hidalgo seraient démolis. Les propriétaires avaient alors espéré un compromis. Mais, après plus d’une décennie d’incertitude, la décision est tombée : Leur immeuble sera rasé avant Noël 2024.

Pour Lee et Georgie Pendleton, la nouvelle est dévastatrice. N’habitant pas à Majorque, ils ont dû confier à des amis le soin de vider leur appartement en urgence. Les autres propriétaires de l’immeuble, également concernés, ont tenté de négocier un accord en proposant de payer 100 000 € chacun pour régulariser la situation. En vain. La Mairie a refusé toute offre, arguant que la loi exige la destruction des biens construits illégalement.

Des dettes sans logement

Le calvaire des Pendleton ne s’arrête pas là. Malgré la démolition imminente de leur bien, ils doivent continuer à rembourser le prêt bancaire contracté pour son achat. « Il nous reste encore 200 000 € à payer, et cela pour un appartement qui n’existera plus« , déplore Lee.

Georgie ajoute : « C’est un déchirement. Nous n’avons même pas encore osé en parler à nos enfants. Ils adoraient cet endroit. » Leur sentiment d’injustice est d’autant plus grand qu’ils n’ont jamais été informés du caractère illégal du bâtiment lors de l’achat.

Un scandale aux multiples victimes

Les Pendleton ne sont pas les seuls à subir cette situation. Dix autres propriétaires, pour la plupart des étrangers ayant investi à Majorque, voient également leurs appartements détruits sans compensation. Cette affaire met en lumière les risques auxquels sont confrontés les acheteurs internationaux face à une corruption municipale parfois insoupçonnée.

Ce scandale immobilier illustre les dérives qui ont marqué l’urbanisme en Espagne dans les années 2000. Pendant cette période, de nombreuses constructions illégales ont vu le jour, souvent dans des zones protégées ou soumises à des restrictions environnementales. Si la justice a depuis pris des mesures drastiques pour y mettre fin, les dommages collatéraux sont immenses.

Et maintenant ?

Le terrain sur lequel se trouvait l’immeuble des Pendleton ne restera pas vide longtemps. Selon les plans de la Mairie, trois villas de luxe, chacune estimée à 20 millions d’euros, seront construites à la place. Une décision qui suscite la colère des anciens propriétaires, convaincus que leur éviction n’est pas uniquement motivée par des questions légales.

« Nous avons le sentiment d’être utilisés comme boucs émissaires pour des erreurs qui ne sont pas de notre fait« , confie Georgie, amère. « On détruit nos vies pour en reconstruire d’autres, bien plus lucratives. »

Que retenir de cette affaire ?

L’histoire de Lee et Georgie Pendleton est un triste rappel des risques liés à l’achat de biens immobiliers à l’étranger. Même en prenant toutes les précautions nécessaires, il est parfois impossible de se prémunir contre les scandales de corruption ou les irrégularités administratives.

Pour ceux qui envisagent d’investir en Espagne ou ailleurs, cette affaire met en lumière l’importance de vérifier scrupuleusement la légalité des biens, de consulter des experts locaux et de se renseigner sur les antécédents urbanistiques de la zone.

En attendant, pour les Pendleton et les autres victimes de ce scandale, il ne reste que des souvenirs, des dettes, et un sentiment profond d’injustice.

Quand le rêve tourne au cauchemar

Le scandale de Majorque est une illustration poignante des conséquences de la corruption dans l’immobilier. Pour les victimes, le rêve s’est transformé en cauchemar, sans recours possible. Et pendant que leur coin de paradis disparaît sous les bulldozers, d’autres voient déjà l’opportunité de transformer ce terrain en une nouvelle source de profit.

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