Trains Vétustes et Problèmes Techniques : Bordeaux-Marseille, Une Ligne à Bout de Souffle – Découvrez les raisons derrière les incessants retards sur cette ligne ferroviaire emblématique.

Plongez dans l’enfer de la pire ligne de train régionale de France

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Chaque matin, Camille se réveille avec une appréhension : Combien de temps mettra-t-elle aujourd’hui pour rallier Marseille depuis Bordeaux ? Elle a tout essayé : Prendre un train plus tôt, prévoir des correspondances lointaines, même envisager d’autres moyens de transport. Mais rien n’y fait, la ligne Intercités Bordeaux-Marseille reste imprévisible. « On sait quand on part, jamais quand on arrive », dit-elle souvent en riant jaune à ses collègues.

Une ligne ferroviaire interminable aux multiples problèmes

Avec ses 700 kilomètres de voies ferrées, la ligne Bordeaux-Marseille est l’une des plus longues de France. Elle traverse plusieurs régions, dessert des villes majeures comme Toulouse, Montpellier ou Nîmes, et pourtant, elle est tristement célèbre pour ses retards systématiques. Un tiers des trains n’arrivent pas à l’heure, une statistique accablante pour une liaison aussi fréquentée.

Pourquoi tant de difficultés ? Les raisons sont multiples. Trains vieillissants, infrastructures obsolètes, incidents imprévisibles : Ce cocktail explosif transforme chaque trajet en une aventure où la patience est mise à rude épreuve.

Des retards qui deviennent la norme

Le cas de Camille n’est pas isolé. Chaque jour, des milliers de voyageurs partagent son calvaire. Certains, prévoyants, anticipent déjà les délais. « Quand j’ai un avion à prendre, je prends un train avec plusieurs heures d’avance, voire la veille », explique Thomas, habitué de la ligne. « C’est trop risqué, j’ai déjà raté un vol à cause d’un retard de deux heures. »

Ce n’est pas qu’une question de minutes perdues. Ces retards ont un impact réel sur la vie des usagers : Rendez-vous professionnels manqués, correspondances impossibles, fatigue accumulée… Sans parler du stress permanent de ne pas savoir à quelle heure on arrivera à destination.

Des infrastructures à bout de souffle

L’une des causes majeures de ces retards est la vétusté des trains eux-mêmes. Certains ont plus de 40 ans, et cela se ressent : Climatisation en panne l’été, chauffage capricieux l’hiver, sièges inconfortables, toilettes souvent hors service. Ces trains Corail, bien que robustes, ne sont plus adaptés aux exigences du transport moderne.

Le réseau ferroviaire lui-même est un véritable champ de mines. Avec 200 passages à niveau à traverser, des rails vieillissants et des sections où la vitesse doit être réduite pour des raisons de sécurité, le trajet s’allonge année après année. En 1990, il fallait 5h20 pour relier Bordeaux à Marseille. Aujourd’hui, il faut compter 6h30, voire plus en cas de perturbations.

Des incidents impossibles à prévoir

Mais les problèmes ne s’arrêtent pas aux infrastructures et au matériel vieillissant. La nature et les aléas du quotidien viennent aussi jouer les trouble-fêtes. Vols de câbles, chutes d’arbres lors de tempêtes, collisions avec des animaux, suicides sur les voies… autant de situations qui paralysent le trafic et provoquent des retards en cascade.

« On a souvent des signaux défaillants, des barrières de passages à niveau qui ne fonctionnent plus. Et quand un train de fret tombe en panne sur la ligne, on peut être bloqué des heures », déplore un cheminot travaillant sur cette liaison.

Des investissements attendus mais tardifs

Face à cette situation désastreuse, la SNCF et l’Etat ont décidé d’investir 650 millions d’euros dans le renouvellement du matériel roulant. De nouvelles rames plus modernes sont prévues pour 2028, mais en attendant, les usagers doivent continuer à subir les aléas quotidiens.

« L’entretien du réseau est une priorité, mais c’est un chantier colossal », explique Amandine Thomas-Commin, directrice Intercités-SNCF Voyageurs. « En raison des travaux pour l’arrivée du TGV entre Bordeaux et Toulouse, les ralentissements seront encore plus nombreux dans les années à venir. »

En clair, avant de voir une amélioration, il faudra encore patienter… et prévoir du temps d’avance sur son itinéraire.

Voyager sur Bordeaux-Marseille : Une aventure à part entière

Pour les usagers réguliers comme Camille, la ligne Bordeaux-Marseille est bien plus qu’un simple trajet en train : C’est une épreuve de patience, une loterie où personne ne sait jamais s’il arrivera à l’heure. Pourtant, ils sont chaque année des millions à continuer d’emprunter cette liaison. Par nécessité, par habitude, ou peut-être par un brin de fatalisme.

En attendant des jours meilleurs, ils s’accrochent à leur humour, leurs anecdotes de trajets interminables et leur résilience. « Le jour où un Bordeaux-Marseille arrivera à l’heure sans accroc, ce sera historique ! » plaisante Camille en montant une énième fois à bord. Reste à savoir quand ce jour viendra…

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