Élodie s’interroge : « Que reste-t-il du bon vivant populaire quand le spectacle dérape sous les projecteurs, entre musique, naturisme… et une fellation sur scène ? »
C’était censé être une soirée festive, bon enfant, au goût de sable chaud et de refrains populaires. Mais au cœur du mythique Cap d’Agde, temple du naturisme assumé, l’ancien roi des plateaux télé a glissé d’un pas certain du divertissement au malaise. Ce 22 juillet 2025, devant quelque 2 000 vacanciers rassemblés pour chanter Les Sardines en chœur, Patrick Sébastien, 71 ans, ne se doutait pas qu’il allait faire la Une de la presse nationale — non pas pour ses tubes paillards, mais pour une scène décriée, jugée indécente, voire pénalement répréhensible.
Le show au Cap d’Agde : Entre chanson populaire et dérapage sexuel
Ce soir-là, le soleil s’effaçait doucement sur la plage de sable fin. Le public, composé d’adultes naturistes mais aussi — fait établi — de 24 enfants, attendait avec impatience l’arrivée de l’artiste, devenu icône festive des soirées en camping. Quand Patrick Sébastien est monté sur scène, l’ambiance était électrique. Il plaisante, il sourit, il enchaîne les tubes, comme à son habitude. Mais c’est en entonnant Les Sardines, son incontournable chant de fin de soirée, que tout a basculé.
L’ancien animateur de Le plus grand cabaret du monde s’exclame alors : « Je veux que des filles », invitant plusieurs spectatrices à monter le rejoindre sur scène, dans une atmosphère de fête — ou de défoulement. Parmi elles, une femme s’avance, se met à genoux. Quelques secondes plus tard, l’inimaginable se produit : Elle simule — ou réalise — une fellation face au chanteur.
Dos au public, Patrick Sébastien baisse son pantalon et son sous-vêtement, s’exposant brièvement, avant de se redresser et de reculer d’un pas. Certains dans la foule rient. D’autres filment. Et d’autres encore, choqués, baissent les yeux.
La polémique éclate : Mediapart publie une vidéo, La Dépêche relaie l’affaire
Ce sont les journalistes de Mediapart qui, les premiers, publient une vidéo de la scène. Très vite, les images font le tour des réseaux sociaux. Le débat s’enflamme. Était-ce une vraie fellation ? Une simulation ? Un happening artistique mal contrôlé ? Une provocation gratuite ?
La rédaction de La Dépêche mène l’enquête, s’appuyant sur plusieurs témoignages. Certains spectateurs affirment avoir été choqués, surtout en constatant la présence d’enfants dans l’assistance. D’autres défendent l’artiste, évoquant l’ambiance naturiste du camping, et l’esprit potache propre aux spectacles de Patrick Sébastien.
Mais pour la direction du camping naturiste du Cap d’Agde, qui avait organisé l’événement, c’est la stupeur. Elle déclare avoir prévenu la production de la présence de mineurs, et avoir demandé à ce que le spectacle reste « maîtrisé ». Un avertissement que l’avocat de l’artiste conteste formellement.
Le camp Sébastien contre-attaque : « Ce n’était pas une fellation »
Face au tollé, l’avocat de Patrick Sébastien publie un communiqué dans lequel il réfute toute idée d’exhibition sexuelle. Il déclare que le chanteur ne s’attendait pas à ce geste, qu’il l’a interrompu dès qu’il en a pris conscience, et qu’il ignorait la présence d’enfants dans le public. Il qualifie la scène de « simulée » et dénonce une instrumentalisation médiatique.
Le communiqué parle même de « trahison » de la part des organisateurs, qui auraient omis de cadrer le public ou de filtrer les mineurs. Il assure que Patrick Sébastien est profondément affecté par la polémique, lui qui se targuait jusqu’ici d’avoir su rester « libre » sans jamais « franchir la ligne rouge ».
Mais la ligne rouge, pour beaucoup, a été franchie ce soir-là.
Roquebrune-Cap-Martin annule son concert : Première conséquence concrète
Le 8 août 2025, Patrick Sébastien devait monter sur scène à Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes, dans le cadre du festival d’été organisé par la ville. Ce devait être un moment festif, célébrant ses 50 ans de carrière. Une date symbolique. Une salle complète.
Mais à peine 48 heures après la diffusion de la vidéo polémique, l’événement disparaît du programme officiel du site de la ville. Le maire, par la voix de ses services, invoque des « raisons techniques et logistiques » pour justifier cette annulation. Officiellement. Mais dans les coulisses, chacun comprend qu’il s’agit en réalité d’une mesure de précaution face à la pression médiatique et à la potentielle réaction du public.
Les billets sont remboursés, et un communiqué officiel de la ville est attendu. Mais le mal est fait. La nouvelle se propage. Un concert annulé, c’est rarement anodin. Pour un artiste comme Sébastien, c’est un signal fort : Son image est ternie. Sa réputation de bon vivant jovial commence à flancher.
Une affaire qui interroge : Jusqu’où peut-on aller sur scène ?
Cette affaire dépasse le simple cadre d’un scandale de spectacle. Elle pose la question des limites sur scène, surtout lorsqu’il s’agit d’un public hétéroclite. Peut-on tolérer un geste à connotation sexuelle dans un contexte naturiste ? Le fait que l’acte ait été simulé suffit-il à l’excuser ? La présence d’enfants rend-elle tout cela inacceptable, même dans un lieu où la nudité est la norme ?
Pour les juristes, la question est claire : Mimer une fellation en public, devant des mineurs, peut être qualifié d’« exhibition sexuelle », un délit puni de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende. Et ce, même s’il n’y a pas eu de contact physique réel ou d’intention obscène, dès lors que le geste est jugé déplacé ou choquant par des tiers.
L’avenir de Patrick Sébastien est-il compromis ?
À 71 ans, l’ex-animateur vedette semblait vivre une seconde jeunesse sur scène. Ses chansons populaires, ses spectacles dans les campings, ses livres autobiographiques… Il profitait d’une reconversion paisible, loin du tumulte des studios de télévision. Mais cette affaire pourrait bien marquer un tournant.
D’autres villes vont-elles suivre l’exemple de Roquebrune-Cap-Martin et déprogrammer ses concerts ? L’artiste va-t-il faire l’objet d’une plainte formelle ? La justice ouvrira-t-elle une enquête ? Pour l’heure, rien n’est engagé sur le plan judiciaire. Mais le tribunal médiatique, lui, a déjà rendu un verdict sévère.
Entre fête, dérapage et image brisée
Ce qui devait être une soirée joyeuse dans un haut lieu du naturisme s’est transformé en tourbillon médiatique. Le Cap d’Agde n’oubliera pas de sitôt ce concert sulfureux. Patrick Sébastien non plus. Peut-être pensait-il que son humour potache, son franc-parler et son style « à l’ancienne » lui permettraient de tout dire, de tout faire.
Mais en 2025, le monde a changé. Et une fellation, mimée ou réelle, sur une scène publique n’est plus perçue comme une simple blague de fin de soirée.
🔹 Source : La Dépêche – 01 août 2025
