Addiction, transparence, et responsabilité politique : analyse complète de l’affaire Andy Kerbrat, ce député LFI en pleine tourmente.

Loi narcotrafic : L’étonnant vote d’Andy Kerbrat (LFI), en arrêt maladie pour son addiction à la drogue

POLITIQUE

Comment un homme politique, un élu de la Nation, a pu se retrouver au cœur d’une affaire aussi déroutante que celle d’Andy Kerbrat, député LFI, pris en flagrant délit d’achat de drogue dans le métro parisien, tout en continuant à peser sur le destin législatif de la France.

Ce matin-là, Paris s’éveille encore engourdie. Les rames de la ligne 4 se succèdent avec leur régularité de métronome. Dans la pénombre d’un couloir, une silhouette se distingue, nerveuse, fébrile. Andy Kerbrat, député de Loire-Atlantique, s’y trouve, échappant à l’écrin feutré de l’Assemblée pour rejoindre un monde parallèle : Celui des marchés clandestins où circule la 3-MMC, une drogue de synthèse dont les effets rapides n’ont d’égaux que leur dangerosité.

Quand les policiers de la brigade des réseaux ferroviaires l’interpellent, l’élu ne résiste pas. Dans sa poche, 1,35 gramme de substance illicite. Il ne nie rien. Il avoue tout. Sur le banc des accusés, il s’assoit seul, mais c’est toute une frange politique qui tremble. La France Insoumise, habituée à dénoncer les abus de la République, se retrouve cette fois à défendre l’un des siens.

Très vite, l’affaire explose. Les médias s’emparent du dossier. Les réactions se multiplient. À gauche, certains appellent à la compassion : « L’addiction est une maladie, pas un crime« . À droite, l’indignation gronde : « Comment un député toxicomane peut-il représenter la République ? » Le ministre de l’Intérieur exige des explications. Les réseaux sociaux s’enflamment. Les journaux titrent en une : « Un député face à ses démons« .

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Quelques semaines après son interpellation, Andy Kerbrat annonce qu’il est en arrêt maladie. Officiellement, pour suivre un traitement contre son addiction. Officieusement, pour s’éloigner de la pression politique, des micros tendus, des regards accusateurs. Pourtant, malgré son absence physique de l’Assemblée Nationale, il continue de voter. Par procuration. Et ce, sur des lois touchant directement au trafic de drogue. Une contradiction insoutenable pour beaucoup. Un symbole d’hypocrisie pour d’autres.

Comment une démocratie peut-elle accepter que ses représentants, même malades, même en souffrance, continuent d’exercer une forme de pouvoir sans rendre pleinement compte de leur état ? Ne fallait-il pas suspendre son mandat ? Organiser une élection partielle ? Donner la parole aux électeurs ?

L’affaire Kerbrat n’est pas simplement une histoire de drogue. C’est le miroir d’une époque troublée où la frontière entre la sphère privée et la responsabilité publique devient floue. Où la vulnérabilité des élus devient un enjeu politique. Où l’humanité, parfois, vient heurter les principes républicains.

En février 2025, Andy Kerbrat accepte de témoigner dans Envoyé Spécial. Il y évoque la mort récente de sa mère, son basculement progressif vers la drogue, les soirées de solitude, les angoisses dissimulées sous le vernis militant. Il ne cherche pas d’excuse, dit-il. Il veut seulement expliquer. Être entendu. Être cru. Une France divisée regarde. Certains l’applaudissent pour son courage. D’autres hurlent à la mise en scène.

Et pourtant, le fond du problème reste entier. Peut-on, en même temps, être victime et responsable ? Peut-on défendre des lois contre le narcotrafic et être soi-même consommateur de substances interdites ? La politique permet-elle l’imperfection humaine, ou exige-t-elle une exemplarité intransigeante ?

En mars 2025, un vote décisif survient à l’Assemblée. Un amendement visant à durcir les peines liées au trafic de drogue est rejeté. Le vote d’Andy Kerbrat, délégué à un collègue, a fait pencher la balance. Les critiques fusent. « Un homme en arrêt maladie pour addiction influence encore notre législation« , dénonce un député centriste. Le malaise est palpable. Le flou juridique, criant.

Peut-être que cette affaire marquera un tournant. Peut-être ouvrira-t-elle un débat plus large sur la santé mentale des élus, sur la représentation démocratique en cas d’incapacité temporaire, sur le droit à la rédemption. Peut-être…

En attendant, les couloirs du métro parisien ont retrouvé leur anonymat. Le monde politique, lui, a perdu un peu plus de sa candeur. Et quelque part en France, un citoyen, continue de se demander si la transparence affichée n’est pas devenue un masque de plus dans la grande comédie du pouvoir.

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