« Et si la personne censée vous sauver la vie se révélait être votre pire cauchemar… Comment un homme en uniforme a-t-il pu oser profaner la confiance d’une patiente vulnérable dans l’intimité d’une ambulance ? » — Question posée par Clarisse Montel.
Dans la froideur d’un soir de janvier, sous le ciel gris du comté de Staffordshire, une ambulance fendait la nuit. À l’intérieur, allongée sur une civière, une étudiante de 21 ans luttait pour garder les yeux ouverts. Douleurs abdominales aiguës, saignements, vertiges. Elle pensait avoir fait un malaise. Elle n’avait pas encore compris que l’enfer qu’elle traversait ne faisait que commencer.
Face à elle, en uniforme vert bouteille, un ambulancier au visage fermé lui posait des questions d’usage. Mais très vite, l’attitude de cet homme, James Birdseye, 39 ans, prit un tour troublant. Sous couvert de vérifier l’origine de son malaise, il lui demanda si elle portait un tampon. Devant sa réponse affirmative, ce professionnel de santé lui aurait proposé… de le retirer lui-même, de ses mains, dans l’ambulance.
Un malaise glisse vers l’indicible
L’étudiante, dont le nom est volontairement tenu secret pour préserver son anonymat, a déclaré plus tard devant le tribunal avoir été « tétanisée par la peur et la confusion ». Était-ce un protocole méconnu ? Était-elle en danger vital ? Elle se sentait trop faible pour protester, mais assez lucide pour comprendre que quelque chose n’allait pas.
James Birdseye, lui, n’en était pas à son premier dérapage. Ce n’est que bien plus tard, après une plainte déposée par la jeune femme, que l’on découvrira qu’il avait déjà été signalé pour des propos déplacés envers d’autres patientes, des mains posées trop longtemps sur des hanches, des regards trop appuyés. Mais cette fois, le Conseil de la santé et des soins (HCPC) ne pouvait plus fermer les yeux.
Le procès : Quand l’intime devient public
L’audience disciplinaire s’est déroulée en mai 2025 à Londres, dans une salle feutrée où les témoignages de l’étudiante et les explications du praticien se sont opposés comme deux mondes irréconciliables.
« C’est un malentendu », plaida l’ambulancier, parlant d’un « réflexe professionnel » mal interprété. Il évoqua l’urgence, le manque de personnel, la nécessité de limiter les risques d’infection. Mais le ton, les gestes, les mots prononcés ne laissaient guère place au doute pour le jury disciplinaire.
Le verdict est tombé comme un couperet : James Birdseye est radié à vie du registre des ambulanciers britanniques. Sa licence d’exercice, suspendue d’abord temporairement, a été définitivement révoquée.
Le choc dans la profession
Cette affaire, relatée par plusieurs médias britanniques dont la BBC et The Independent, a profondément ébranlé la communauté médicale. Les syndicats d’ambulanciers ont immédiatement publié des communiqués pour rappeler que ce type de comportement « ne reflète en rien les valeurs de la profession ».
Mais dans les couloirs des hôpitaux comme dans les forums en ligne, une question revenait sans cesse : Comment ce type d’individu a-t-il pu exercer aussi longtemps sans être inquiété ?
Des voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer une réforme des procédures de signalement, jugées trop lourdes, et une meilleure formation à l’éthique en situation d’urgence.
Le témoignage de l’étudiante : Courage et solitude
Dans un courrier publié anonymement sur un forum d’entraide, la victime a tenu à s’adresser à d’autres femmes :
« Si cela vous arrive un jour, même dans un moment de détresse, vous avez le droit de dire non. Ce qu’il a fait n’est pas un soin. C’était une intrusion. J’ai mis du temps à le comprendre, mais aujourd’hui je me sens forte. »
Ses mots résonnent dans les milieux féministes et médicaux, où cette affaire devient un symbole. Le hashtag #NotInMyAmbulance a rapidement été partagé sur les réseaux sociaux britanniques, accompagné de centaines de témoignages de patientes mal à l’aise, de regards déplacés, de gestes intrusifs sous couvert de soins.
Une réforme en vue ?
Depuis ce scandale, le HCPC (Health and Care Professions Council) a annoncé vouloir renforcer les contrôles psychologiques avant toute embauche dans le secteur des soins d’urgence. Une cellule spécialisée dans les dérives éthiques est en cours de création.
Mais pour de nombreuses associations, ces mesures sont trop tardives. Elles réclament un audit national des plaintes classées sans suite et la mise en place d’un numéro d’alerte anonyme dédié aux victimes.
Un uniforme ne protège pas des abus
L’affaire James Birdseye n’est pas seulement celle d’un homme déviant. Elle est le miroir d’un système encore trop vulnérable à l’abus de pouvoir. L’ambulance, lieu censé incarner le soin, l’écoute et la protection, s’est ici transformée en huis clos oppressant.
Et cette nuit de janvier dans le Staffordshire, ce n’est pas seulement une étudiante qui a été trahie. C’est aussi toute une profession qui doit aujourd’hui regarder en face ses failles.