Assemblée Nationale spectacle

Avec LFI, l’Assemblée Nationale est devenue une « Assemblée spectacle », selon une étude

POLITIQUE

L’Assemblée Nationale, institution sacrée de la démocratie française, a-t-elle perdu sa vocation première ? Une étude récente relayée par Le Parisien met en lumière une tendance qui inquiète : Les discours parlementaires s’éloignent progressivement du registre rationnel pour embrasser un style de plus en plus émotionnel. Ce phénomène serait particulièrement marqué chez La France Insoumise (LFI), où l’exacerbation des passions semble être devenue une stratégie politique à part entière.

Une émotion calculée pour captiver

Selon les chercheurs à l’origine de cette étude, la rhétorique émotionnelle s’est immiscée au cœur des débats parlementaires. En 2014, seuls 22% des discours appartenaient au registre émotionnel. Ce chiffre a grimpé à 40% en 2022. Le constat est clair : Les élus ne se contentent plus d’argumenter ou de proposer des solutions. Ils cherchent avant tout à susciter des réactions fortes, parfois au détriment de la clarté et de la rigueur.

Chez LFI, cette tendance est particulièrement prégnante. Les discours des députés Insoumis se caractérisent par des montées en colère souvent jugées « surjouées » par les analystes.

Le but ? Captiver un public de plus en plus présent sur les réseaux sociaux, où la viralité prime sur la profondeur. Ce spectacle d’un genre nouveau transforme l’hémicycle en scène politique, où chaque intervention semble soigneusement calibrée pour maximiser l’impact médiatique.

Des discours de plus en plus courts

L’étude pointe également un phénomène intrigant : La longueur des discours à l’Assemblée Nationale a fortement diminué. Avant 2017, les élus prononçaient de longs plaidoyers pour exposer leurs idées en profondeur. Aujourd’hui, les interventions sont réduites à leur plus simple expression. Chez LFI, les discours ne dépassent plus 150 mots en moyenne, une chute de plus de 50% en dix ans.

Cette concision, loin d’être un hasard, répond aux exigences des plateformes comme Twitter ou TikTok, où l’attention des utilisateurs est éphémère. Le message doit être percutant, quitte à sacrifier la nuance et la complexité.

Une stratégie contre-productive ?

Si cette rhétorique émotionnelle permet à LFI de marquer les esprits et de toucher un public plus large, elle suscite de vives critiques. D’aucuns accusent le mouvement de contribuer à l’appauvrissement des débats parlementaires. En misant sur l’émotion et la colère, les Insoumis s’éloignent des échanges constructifs nécessaires à l’élaboration de lois solides et adaptées aux besoins des Français.

Cette stratégie pose également la question de la représentation : En cherchant à plaire à une audience numérique, LFI ne risque-t-elle pas de délaisser une partie de son électorat, en quête de propositions concrètes et de solutions tangibles ?

Une Assemblée théâtrale

Le rapport des chercheurs va encore plus loin en comparant l’Assemblée Nationale à un ring de catch, où les affrontements verbaux suivent des scénarios préécrits. Le but n’est plus de convaincre mais d’éblouir. Cette dynamique pose un véritable problème pour le fonctionnement de la démocratie, car elle transforme le Parlement en arène de spectacle au lieu de rester un lieu de dialogue et de construction collective.

Une réflexion nécessaire sur le rôle des élus

L’étude nous invite à nous interroger : Le Parlement doit-il être un espace de spectacle ou un espace de réflexion ? Si la stratégie de LFI permet de mobiliser et de sensibiliser certaines franges de la population, elle pose la question du respect de l’institution et de son rôle fondamental dans la république.

En conclusion, il est essentiel de trouver un équilibre entre la communication moderne et la nécessité de débats rationnels et structurés. Les Français attendent des solutions concrètes, pas des confrontations stériles. Le Parlement ne peut se résumer à un spectacle émotionnel, sous peine de voir sa crédibilité s’éroder irrémédiablement.

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